Libre comme l'air de Sara Lovestam
J'ai découvert Sara LOVESTAM et son héros, Kouplan, son détective privé sans papier avec "A chacun sa vérité", en janvier. En février, je me suis plongée avec délices dans "Ca ne coûte rien de demander" qui nous permettait de pénétrer davantage dans l'intimité de Kouplan, de découvrir son passé iranien.
Avec ce nouvel opus de ce qui devrait être une tétralogie, on le suit dans une nouvelle enquête qui consiste à déterminer si Hakan, un avocat d'affaires est, ou non infidèle ...
Avec des méthodes minimales, une carte de transport, sa méthode bien à lui de faire du porte à porte en quémandant des bouteilles à rapporter à la consigne, il découvrira ce qu'il en est.
Un roman bien plus abouti que les précédents qui nous permet de suivre ce héros sympathique et débrouillard, d'en apprendre davantage sur sa vie mais aussi sur les conditions de son ancienne vie en Iran ...
Un portrait réussi de la vie dans les banlieues suédoises, sur la condition des sdf de Stockholm, sans pathos ni misérabilisme.
Merci à Babelio de m'avoir fait parvenir ce roman dans le cadre de sa dernière opération Masse critique.
Ceci est mon sang d'Elise THIEBAUT
Après Giulia Enders qui nous avait décrit "Les charmes secrets de l'intestin", Elise Thiébaut s'attaque à un autre tabou corporel : les règles avec cet ouvrage "Ceci est mon sang"
Elle en parle dans tous leurs aspects, physiologiques bien sûr, mais également historiques, religieux, sociologiques ...
Elle nous raconte comment une manifestation naturelle, mais spécifique aux femmes, a pu générer autant de tabous dans la majorité des cultures, comment certaines pathologies sont pas ou peu traitées (l'endométriose), comment d'autres ont été inventées par l'industrie pharmaceutique sans jamais avoir été prouvés par la recherche scientifique (syndrome prémenstruel) ...
Mais surtout, elle parle des protections féminines dont la composition n'est jamais divulguée sauf en cas de gros pépin tels que les tampons contenant de la dioxine. Elle en évoque également le coût rappelant qu'elles étaient soumises à une TVA de 20% jusqu'en 2015 (5,5% depuis, où celle a été alignée avec celle frappant les préservatifs !).
Bref un essai passionnant et très édifiant !
La galère d'Obélix de René GOSCINNY et Albert UDERZO
Un album dont je ne me souvenais absolument pas et qui m'a bien fait rire !
Un album où on découvre (enfin) ce qui arrive à Obélix lorsqu'il boit de la potion magique ...
Un album où Kirk Douglas fait une entrée remarquée, dans le rôle de Spartakis, un grec ...
Un album qui verra nos amis voguer en haute mer ...
Un album où même des Romains vont goûter à la potion magique ...
Le discours de Fabrice CARO
Ce soir-là, Adrien est en 'pause' de sa relation avec Sonia depuis 38 jours. 38 longs jours, depuis qu'elle lui a annoncé qu'elle avait besoin d'une pause. 38 longs jours qu'Adrien se morfond ...
Il vient de craquer : à 17h24 il lu a envoyé un sms amical, juste avant de partir de chez lui pour aller dîner chez ses parents.
Sonia a lu le message à 17h56.
Et depuis, Adrien attend sa réponse ...
Autant dire que quand Ludo, le compagnon de sa sœur lui a demandé de prononcer un discours en honneur de Sophie le jour de leur cérémonie de mariage, Adrien a été pris de court et n'a pu que balbutier son accord.
Et tout au long de ce roman, tout au long de ce repas, où s'écoulent tous les poncifs habituels des repas de leur famille - souvenirs d'enfance des parents, de Ludo et de Sophie, oublis rituels de ses dégoûts alimentaires (le poivron, pas le concombre), mêmes sujets, mêmes répliques ... si ça se trouve au même moment ! - Adrien se demande ce qu'il pourra bien dire dans ce discours, tout en zieutant régulièrement son téléphone dans l'attente de cette réponse qui n'apparaît pas !
Un roman qui se lit rapidement, à peu près le même temps qu'un repas de famille ... et comme dans un repas de famille, un roman où on s'ennuie un eu, où on ressasse griefs et erreurs tout en s'aimant quand même ...
Un auteur que je découvre ...
Giant de MIKAEL
Giant, c'est le surnom d'ouvrier irlandais taiseux qui est riveteur sur le chantier du Rockefeller Center, aux débuts des années 30.
Un géant sur le plus géant des gratte ciel ...
Un métier difficile où chaque ouvrier risque sa vie au moindre faux pas
Mais Giant a un sombre secret ...
De la guerre d'indépendance irlandaise, jusqu'aux rues de New York, ce roman graphique aux teintes de sépia et marron, bien sombres, nous donne à voir le quotidien de ces ouvriers de chambres à la limite du taudis au travail dans les nuages
Une BD historique intéressante mais aux couleurs bien trop sombres à mon goût !
Abattez les grands arbres de Christophe Guillaumot
Cela faisait un moment que je n'avais pas été autant emballée par un roman policier français, toulousain qui plus est !
Avec ce premier opus de Christophe Guillaumot, capitaine de police au SRPJ de Toulouse, on suit Renato Donatelli, gardien de la paix kanak à la brigade des stups toulousaine, affecté dans une équipe où les petits arrangements avec la loi sont légion ...
Sauf que Renato est réglo ! Il ne dira rien mais ne fera non plus rien de répréhensible !
Un jour, alors que son équipe perquisitionne chez un dealer, il est intrigué par la porte voisine qui bat doucement et laisse apparaître une toute petite fille ... il va explorer l'appartement et découvre que les parents du bébé ont été victimes d'un carnage ...
S'ensuivra une enquête tortueuse qu'il mènera en off avec la dernière recrue de la Crim', préposé aux procédures .. .
Une enquête qui fera remonter à la surface les atrocités commises pendant la guerre civile du Rwanda ...
Un roman bien mené, avec des personnages attachants et bien campés, tant parmi les héros que pour les second rôles !
Une ville de Toulouse évoquée et parcourue avec justesse, sans erreurs, ni invocations sirupeuses de l'âme de Claude Nougaro dont il n'est fait nulle mention (comme quoi c'est possible !)
Un roman qui évoque à peine - et à bon escient - la catastrophe d'AZF, point Godwin toulousain !
Bref, un auteur que je découvre mais dont je vais activement rechercher les autres productions !
Fake news de Michèle COTTA & Robert NAMIAS
François Berlau, le plus jeune président de la République française, s'est isntallé à l'Elysée voilà un an avec sa femme et ses deux filles.
Sa première année y fut idyllique, concrétisant l"élan de sa campagne électorale ...
Relations extérieures au beau fixe, reconnaissance internationale, pays apaisé ...
Mais la seconde année de son quinquennat tourne à l'horreur quand le Président du Sénat est assassiné et que la police ne trouve aucune piste pour élucider ce crime ...
Sur ce des documents compromettants sur le financement de la campagne du Président paraissent dans la presse ...
Les dénégations du Président n'y feront rien, sa cote de popularité tombe en chute libre ...
Un roman avec quelques longueurs en premières parties et de trop nombreuses ellipses dans les derniers chapitres qui semblent raccrochés sans trop savoir comment ...
Un roman donc qui aurait mérité d'être repris pour gagner en efficacité et en réalisme
Mais un roman quand même bien ficelé qui confirme qu'il faut se méfier des infos ... mêmes celles qui semblent justifiées par des documents ...
Après l'orage de Selva Almada
Un garage au milieu de nulle part dans la pampa argentine. El Gringo s'y affaire, au milieu d'une casse hébergeant des voitures accidentées, données ou vendues par la police locale.
Il y vit avec ses chiens et son fils, Tapioca, enfin son fils supposé abandonné un jour par sa mère qui allait faire sa vie dans une grande ville ...
Tombés en panne à quelques kilomètres de là, le révérend Pearson et sa fille Lila y débarquent un jour. Ils partagent leur vie d'errance de prêches en prêches depuis qu'ils ont abandonné la mère de Lila ...
Huis clos de plus en plus lourd entre ces pères qui à leur manière vont se partager un enfant. Séduction. Envie d'ailleurs....
Un orage terrifiant les aidera à prendre une décision que je n'imaginais pas .
Un livre très court, 133 pages, d'une écriture sèche et précise qui rend prégnante la chaleur excessive aux herbes qui crépitent et blessent les jambes et qui accompagne l'orage libérateur et dévastateur ...
Un auteur découvert par hasard sue les rayons de la médiathèque du village voisin, masi dont je rechercherai d'autres ouvrages.
Les mille et une façons de quitter la Moldavie de Vladimir LORTCHENKOV
Un titre original qui m'a fait de l'œil sur la table des nouveautés de la médiathèque du village voisin ....
Un roman au rythme trépidant qui fait ressembler la Moldavie à la Finlande déjantée d'Arto Paasilinna ...
A Larga, un petit village moldave, les habitants rêvent d'une terre promise où ils seraient riches, où le travail coulerait à flot et où ils gagneraient bien leur vie.
Cette terre promise existe ... c'est l'Italie !
Et donc tous les habitants de ce village vont redoubler d'imagination pour partir vers cet Eldorado des Temps Modernes ...
Ils vont payer des passeurs véreux, qui les abandonneront à la frontière moldavo-roumaine, deviendront champions de curling - sport local s'il en est - et convertiront un tracteur en tout objet motorisé sortant d'une imagination débordante ...
Peu à peu, je me suis prise de tendresse pour ces personnages tous plus déjantés les uns que les autres, qui ne prennent jamais conscience de la portée de leurs actes, pensant à leur futur bonheur, sans imaginer que la Moldavie, ça peut être bien aussi !
Ce livre démontre que les hallucinations collectives peuvent exister … et la conclusion de ce roman est encore plus déjantée que le reste du roman !
A la ligne - Feuillets d'usine de Joseph PONTHUS
Un roman atypique, aux phrases et paragraphes courts, ayant l'allure d'un poème avec ce texte justifié à gauche, ses retours à la ligne fréquents, qui scandent le propos et le rendent plus vif, plus rapide, plus saccadé ...
Un roman où le narrateur nous raconte sa vie d'ouvrier intérimaire dans des usines agro-alimentaires, celles qu'on ne voit pas, celles qui transparentes pour les consommateurs, conditionnent les produits de la mer avant qu'ils soient mis à disposition dans les supermarchés ...
Ouverture des bacs de crevettes, tri, cuisson, manutention, nettoyage, pelletage des sacs de bulots, cuisson ... longues journées de travail parfois de nuit, mieux rémunérées ... et ce plaisir un peu coupable de déguster quelques produits en cachette ...
Et pour tenir, se réciter des poèmes, se remémorer des extraits de roman, égrener des listes de poètes ..
Car le narrateur avait un tout autre métier … après des études littéraires, il était éducateur spécialisé, dans l’Est de la France … et s’il est en Bretagne c’est parce qu’il y a rejoint sa copine et l’a épousée … et parce qu’il faut bien gagner sa vie, il s’est inscrit dans une agence d’intérim acceptant toutes les propositions …
Il est donc en usine, et nous décrit la présence des chefs, la force physique nécessaire pour pallier au défaillances des machines et tenir les cadences, traiter les produits dans le temps imparti voire prendre de l’avance pour ceux de la rotation suivante …
Mais quand arrive un remplacement dans son domaine de compétences, il y court … avant de revenir, dans une autre usine, un abattoir cette fois dont il nous décrira les différents postes occupés dans un style toujours aussi factuel
Et promis, je penserai à ces ouvriers quand je décortiquerai ma prochaine crevette !
Un roman qui m’a envoûtée, emportée, malgré le bruit et les odeurs, les conditions difficiles, la nécessité …
Un roman qui prend aux tripes et qui mérite grandement le Prix RTL /Lire 2019 qu’il vient de décrocher !