Récits ultimes d'Olga TOKARCZUK
Cette année, j'ai décidé de ne pas attendre la dernière minute pour renseigner l'item "Lire un roman d'un auteur nobélisé" de mon challenge de lecture ... Alors, quand j'ai aperçu cet ouvrage d'Olga TOKARCZUK sur les rayonnages virtuels de la bibliothèque numérique de la Ville de Paris, je n'ai pas hésité une minute pour emprunter ce court roman d'une auteur tout juste primée (au titre de l'année 2018).
Cet ouvrage est composé de trois récits - apparemment indépendants - où trois femmes sont confrontées à la mort, et qui partagent leurs ressentis.
Au fil des histoires on découvre qu'Ida (1er récit), mère de Maya (3ème récit) est la fille de Parka (2ème)
Récits indépendants, mais où chacune évoque sa vie, ses choix, sa solitude.
La grand-mère, Parka, née ukrainienne, a épousé un polonais, mais la Pologne a été successivement envahie par l'Allemagne puis la Russie, et pour vivre, différentes compromissions ont été nécessaires.
Ida, a toujours préféré son père à sa mère. Mais l'âge approchant, elle décide de refaire un tour dans la maison de son enfance. Un accident sur la route, l'en empêchera.
Maya, auteur de guides de voyage parcourt avec son fils des îles paradisiaque. Seule, elle se remémore ses dernières amours et ne vit plus que pour protéger son fils ...
Trois femmes liées par le sang, mais rien d'autre ! Les seules traces d'amour maternel sont entre Maya et son fils.
Trois femmes dont sa solitude est immense, mais trois femmes qui ne renient rien de leur passé.
Trois réflexions sur la mort, sur la vie ...
Un roman qui m'a éclairée sur l'histoire de la Pologne, un roman qui fait réfléchir sur les traces laissées de génération en génération.
Une très belle écriture
Formica de Fabcaro
Bien qu'ayant eu un avis mitigé sur Zaï, zaï, zaï, j'ai emprunté le dernier album de Fabcaro à la médiathèque.
Je n'aurais pas dû
Ce repas de famille où les convives n'ont aucun sujet de conversation, où la tension est palpable, où assassinats et décès inattendus sont à peine relevés par les femmes ..
Un album où l'absurde côtoie les choeurs antiques, où un personnage s'adresse au lecteur à la façon de Frank Underwood ...
J'ai eu l'impression de passer à côté de l'histoire ... !
Dommage !
Eloge du mauvais geste d'Olivier Pourriol
Dans ce petit recueil de 122 pages, Oliivier Pourriol analyse six mauvais gestes réalisés par six grands joueurs, six scènes de matches de foot restées dans toutes les mémoires :
- le coup de boule de Zidane à Materazzi en finale de la Coupe du Monde 2006
- la main de Dieu de Maradona en quart de finale de la Coupe du Monde 1986
- la main de Thierry Henry en qualification de la Coupe du Monde 2010
- l'agression d'Eric Cantona sur un supporter de Crystal Palace en championnat d'Angleterre 1995,
- le KO de Battiston par Schumacher en demi-finale de la Coupe du Monde 1982,
- la joie de Platini en finale de la Coupe d'Europe 1985, au stade du Heysel
Six gestes, analysés à la lumière des philosophes, de Platon à Sartre et à Camus.
Zidane, pour toujours attaché à ce dernier geste comme Sisyphe à son rocher, Maradona expliquant qu'il a marqué le but "un peu avec la tête, un peu avec la main de Dieu" (et donc laissant entendre que si Dieu n'existe pas, il a utilisé sa main ... mais que si Dieu existe, c'est Dieu qui a marqué !)
Pourriol en appelle même à La Rochefoucauld pour célébrer Maradona, "Il n'appartient qu'aux grands hommes d'avoir de grands défauts"!
Pour Thierry Henry, c'est Sartre et "les mains sales" qui est sollicité, "Ne rien faire, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi, j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t'imagines qu'on peut gouverner innocemment. Thierry Henry était le capitaine de l'équipe !
Cantona est comparé à un Diogène des stades.
Aristote a écrit qu'il y a de la perfection en tout ... Harald Schumacher incarne le parfait salaud.
Et pour la joie de Platini à la fin de la rencontre du Heysel, ce sont Gilles Deleuze et Primo Levi qui sont appelés à commenter ...
Bref un essai philosophique passionnant sur le football, et ses grandes dates des quarante dernières années !
La révolte de Clara Dupont-Monod
Lorsque j'avais achevé la lecture de "Le roi disait que j'étais diable", j'avais espéré que Clara Dupont-Monod donne une suite à l'histoire d'Aliénor d'Aquitaine.
C'est chose faite avec La révolte, qui donne la parole à Richard, dit Cœur_de-Lion, le troisième fils, et fils préféré d'Aliénor.
Dans ce roman écrit à la première personne (et qui m'a remis en mémoire les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar), Richard raconte la vie de sa mère après son mariage avec Henri d'Angleterre, union tumultueuse qui engendra huit enfants, avec de nombreux emprisonnements de la reine dans de sombres châteaux anglais pendant que son mari paradait avec sa favorite ...
Union si orageuse qu'Aliénor fomenta une révolte contre Henri, et que ses fils firent la guerre à leur père en ayant souvent pour allié, Louis, le roi de France ... et premier époux d'Aliénor !
Femme de lettres avant l'heure, inspiratrice de troubadours, peut être même à l'origine de la légende arthurienne, amatrice de l'Orient et de ses produits (la première mondialisation ?) reine de deux pays, et mère de plusieurs rois, Aliénor a tout de la femme moderne ...
Le gisant d'Aliénor, dans l'abbaye de Fontevraud, tient un livre ouvert ... preuve de son attachement à la culture et à l'ouverture au monde.
Un roman passionnant, bien écrit et s'appuyant sur des sources historiques, qui donne à voir une autre vision de la femme médiévale
Tout ce que je sais du temps de Goran Petrovic
J'ai découvert ce recueil de nouvelles dans le "bac" des nouveautés de la bibliothèque numérique de la ville de Paris, et, intriguée par le titre, je l'ai emprunté mi-janvier.
Cerise sur le gâteau, Goran Petrovic est serbe, nationalité que je n'avais encore jamais lue (et hop : un item du challenge se coche !)
Cet ouvrage commence par une longue nouvelle 3Jeu des différences" où l'auteur revoit de vieilles photos et se remémore les circonstances où elles ont été prises : du bébé joufflu de sa première année à l'écriture de sa première nouvelle lorsqu'il a vingt-deux ans. Passage du temps scandé par les commentaires de la photo la plus significative de chacune de ces années ; évocation du temps qui passe, de la transformation d'un enfant en adulte, années de formation, années qui impriment de leur marque l'ensemble de la vie.
Dans la troisième nouvelle, qui a donné son nom au recueil, l'auteur évoque son rapport aux montres-bracelet, celle perdue en Grèce, celles qu'il a ramenées lors d'un voyage en URSS, la montre hors de prix de son épouse, les réveils détruits par sa fille, la dispute à l'hôpital sur les mérites respectifs d'une montre traditionnelle et d'une Seiko électronique dernier cri ...
Un recueil où on ressent la nostalgie d'une enfance insouciante, la douleur d'une guerre encore bien présente dans les esprits, la transition difficile dans la modernité dans un pays bien éprouvé tout au long du XXème siècle.
Un auteur que je viens de découvrir, mais dont je rechercherai avec plaisir d'autres ouvrages
Evolution de Marc ELSBERG
En 2016, je m'étais régalée avec Black-out, qui imaginait les conséquences terrifiantes d'un black-out électrique en Europe.
L'année suivante, Zero m'avait fait frémir avec les utilisations incontrôlées des données personnelles.
J'attendais donc beaucoup du nouvel opus de Marc Elsberg, mais j'avoue être restée sur ma faim !
Dans une communauté fermée, des scientifiques ont créé des "enfants modernes", dotés des meilleures capacités physiques et cognitives. Tout est donc bien rodée pour passer à l'étape suivante : proposer un catalogue de gènes à de futurs parents pour leur permettre d'avoir le meilleur des enfants ...
Dans le même temps, dans des provinces reculées d'Amérique du Sud, d'Inde et d'Afrique, quelques champs affichent des récoltes plantureuses alors que leurs régions sont dévastées par des parasites.
Lors d'un sommet à Munich, le secrétaire d'Etat américain décède brutalement. Son autopsie révèle qu'il a été infecté par un virus mutant de la grippe banale
S'ensuit une double quête menée, d'une part par la CIA, et, d'autre part, par un géant de la chimie agricole qui n'apprécie pas de voir des semences résistantes pouvant se reproduire quasi naturellement !
Bref, des manipulations génétiques à tout va, des enfants incontrôlables et un roman qui ne semble pas avoir de réel fil conducteur, sans oublier une fin qui tombe un peu à plat !
Bref, un ouvrage un peu trop broillon à mon goût ... mais que j'ai quand même dévoré en deux jours !
Un cowboy à Paris de Jul et Achdé
Huitième album des aventures de Lucky Luke, d'après Morris, cette aventure voit le cowboy quitter les plaines de l'Ouest américain pour rejoindre Paris où il doit assurer la protection de la statue de la Liberté !
Notre héros a rencontré Auguste Bartholdi lors de la tournée de récolte de fonds que menait le sculpteur pour pouvoir édifier un socle à la statue offerte par la France aux Etats Unis.
Sauf que ..., le directeur de la prison la plus sécuritaire de l'ouest visait le même îlot pour y faire construire une prison de haute sécurité, d'autant plus fermée qu'elle serait dans la baie de New York !
On retrouve les héros habituels des aventures de Lucky Luke et Jolly Jumper : Les Dalton bien enfermés cette fois, Billy the Kid qui fait de beaux dessins ... avec un texte bien rajeuni, un humour très moderne à chaque page (ah, les bagnards qui entonnes "Libérée, délivrée" !)
Bref, je me suis régalée des plaines du Far West au Paris Haussmannien :)
Les oiseaux rares de Hugo Paviot
Un roman atypique aux phrases courtes et simples, qui met en scène Sihem, qui a 23 ans intègre le micro-lycée de Vitry, une école de la deuxième chance, et Achir, qui, en Algérie, rêve d'un autre destin ...
Sihem est hébergée dans une résidence de la ville où se mêlent réfugiés, personnes âgées et jeunes du micro-lycée. Elle y fait la connaissance de Zapata, un révolutionnaire de 82 ans qui trace sa généalogie dans les luttes qui ont émaillé la France et l'Espagne depuis la fin du XIXème siècle (voire la Révolution Française).
Entre lui et Rose, sa prof de français au grand cœur, Sihem reprendra confiance ...
Un roman empreint de bienveillance pour ses personnages, mais qui ne sombre pas dans la mièvrerie.
Un seul bémol : l'histoire d'Achir qui semble raccrochée et dont les premières parties auraient pu être omises sans nuire à la conclusion de l'histoire.
Une belle découverte dont je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour me l'avoir adressé
Tous les démons sont ici de Craig Johnson
Je découvre avec ce roman Craig Johnson et son personnage fétiche, le shérif Walt Longmire.
Dans cet opus, il est chargé, avec son adjoint Sancho Saizarbitoria, de convoyer un dangereux criminel, l'indien Raynaud Shade, jusqu'à l'endroit où celui-ci a avoué l'endroit où il a enterré une de ses victimes.
Mais Raynaud Shade s'enfuit, dans les Big horn Mountains, au beau milieu d'une tempête de neige, en embarquant quelques otages ...
S'ensuit une poursuite dans des conditions dantesques (Dante, justement en cours de lecture par Sancho) où les rafales de blizzard et les congères rendent les routes impraticables.
Grâce à un ami sur-équipé qui lui fournit le matériel ad hoc ( vêtements polaires, raquettes, ...) Walt Longmire partira à la recherche du fugitif, frôlant maintes fois la mort, dans la tempête de glace et de feu qui le menace.
Aidé par Virgil White Buffalo, un Indien qui vit solitaire dans ces montagnes, Walt affrontera le pire, rencontrera les esprits et arrivera au but
Un roman passionnant, un héros dont il me tarde de découvrir d'autres aventures !
Une plongée dans les territoires sauvages du Wyoming hivernal
Passage des ombres d'Arnaldur Indridason
Un nonagénaire est découvert mort dans son lit. Le légiste découvre avec stupeur qu'il a été étouffé ...
Les policiers découvrent dans ses papiers des articles sur le meurtre d'une couturière, en 1944.
Soixante ans plus tard, l'inspecteur Konrad reprend l'enquête qu'avaient du abandonner Flovent et Thorson, déjà rencontrés dans Dans l'ombre et dans La femme de l'ombre.
Dans ce roman, légèrement moins sombre que les deux précédents, on découvre l'opposition entre l'Islande du nord, où les superstitions sont bien ancrées, et celle plus prospère du sud.
Un roman où les secrets de famille doivent être protégés de génération en génération et où des générations expient les turpitudes d'un aïeul ...
Un roman qui éclaire ces années sombres où l'Islande se cherchait entre les différentes occupations de son territoire .
... Mais qu'il me tarde de retrouver Erlendur !