Orange amère d'Ann Patchett
Coup de cœur absolu pour ce roman qui nous entraîne dans la vie de deux familles recomposées, liées par le mariage du père de l'une et de la mère de l'autre, et que l'on suit sur cinq décennies.
Dans une narration fluide, on passe d'un personnage à l'autre, des quatre enfants (deux garçons et deux filles) d'une famille aux deux filles de l'autre, de l'enfance à l'adolescence puis à la vie adulte, sans suivre une ligne chronologique ...
Les retours arrière, ou avancées dans le futur se font dans une fluidité que je n'avais jamais encore vue dans aucun autre roman, le passage des personnage les uns aux autres, les découvertes sur chacun d'eux se faisant tout naturellement au fil du déroulement du récit.
Même si l'animosité entre les parents fut grande au début, elle s'est estompée au fil des années qui les ont vu nouer de nouvelles relations ...
Le drame qui a bouleversé leur adolescence finira par renforcer le lien entre les enfants, et ce lien durera toutes leurs vies.
Des personnages attachants dans leur diversité, un roman qui montre tour à tour l'évolution de chacun, les circonvolutions de la vie pour donner à cet ensemble disparate une véritable unité.
Un très grand roman, paru chez Actes Sud, début 2019, dont je ne me souviens pas avoir lu une seule critique, ni éloge à sa sortie.
Merci à ma fille de me l'avoir signalé et m'avoir ainsi permis de découvrir cette pépite !
L'iguane de Mona de Michael Uras
Je choisis parfois un livre pour de très mauvaises raisons ... comme par exemple, l'urgente nécessité de lire et de critiquer avant le 12 septembre, le livre d'un auteur dont le nom de famille commence par un "U" et ce, afin de boucler le challenge ABC des lecteurs de Babelio.
Afin d'éviter de tomber dans la facilité et de choisir une BD ou un roman graphique dans les bacs de la médiathèque, voire un roman 'enfant' comme cela m'est déjà arrivé l'année dernière, j'ai parcouru les listes de mes liseuses, et j'ai trouvé ce roman ...
Punie, je fus !
Je me suis ennuyée avec un héros veule, tire-au-flanc, incapable de se dépêtrer de situations - un peu compliquées, il est vrai - de sa vie quotidienne, préférant la fuite à l'affrontement et empirant toutes les situations !
Sa passion, seule et unique, les iguanes de Mona, une île perdue près de Porto-Rico ... et ce parce que ce sont les animaux les plus fainéants qui soient !
Quadragénaire qui s'ennuie dans son emploi, végétarien dévorant les daubes de sanglier mitonnées par son patron, coincé entre une épouse brillante professeur de lettres et un fils hyper intelligent, il végète et se laisse aller sous le regard intrusif de son voisin cycliste rentier.
Tout l'ennuie, mais il ne fait rien, n'avoue rien, vide les comptes épargne pour faire croire qu'il travaille toujours, élude les appels du banquier ... Bref, court au pire !
Je l'ai pensé dépressif au début du roman ... mais au fil des pages, le voyant déployer des trésors d'imagination pour éviter d'aller travailler (et avec des arrêts de travail de complaisance fournis par un dentiste peu scrupuleux !), trouvant des explications alambiquées pour cacher à sa femme l'invasion de larves xylophages, ... je ne l'ai plus trouvé dépressif, mais tout simplement fainéant !
Comble de l'horreur ... il a osé détruire des livres de mon auteur préféré, pour cacher un de ses forfaits au motif que cet auteur l'avait ennuyé au lycée !
Bref, un héros avec qui je n'ai eu aucune empathie, une absence regrettable de personnages attachants entre le voisin pénible avec ses performances cyclistes, une épouse obnubilée par les maîtres de la littérature
Une fin en queue de poisson !
Vais-je donner une autre chance à cet auteur ?
Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse
Nous avons découvert Vivan Maier il y a quelques années quand ARTE a diffusé un documentaire racontant l'histoire de ce lot de photos acheté par hasard par John Maloof qui recueillait des documents pour écrire un livre sur Chicago.
L'année dernière, nous avons eu la chance de voir une exposition de ses photos à Paris, à la Galerie Les douches.
Alors, quand j'ai découvert ce roman sur les rayons d'une librairie électronique, je n'ai pas hésité !
J'ai apprécié redécouvrir l'histoire de cette femme qui avait la passion de la photo et qui a été cette documentariste du quotidien, de ce qui est généralement oublié ou caché et qui n'a malheureusement connu la gloire qu'après sa mort.
Une enfance difficile, une douloureuse histoire familiale faite d'aller-retours entre la France et les Etats-Unis à une époque où ce n'était pas facile.
La plume douce et bienveillante de Gaëlle Josse dépeint cette vie rude, cet atatchement à certains de ces enfants dont Vivian Maier était la nounou.
Une plongée dans les racines familiales de l'artiste, dans les archives du village dont sa famille était originaire, ont permis de produire un ouvrage précis ...qui donne envie de se replonger dans l'œuvre photographiée dont on peut heureusement découvrir une grande partie sur le site internet qui lui est dédié :)
Edmonde de Dominique de Saint-Pern
Jusqu'à ce que je me plonge dans cette biographie romancée, Edmonde Charles-Roux était pour moi l'écrivain d'Oublier Palerme, membre de l'Académie Goncourt, épouse de Gaston Defferre.
Avec cet ouvrage, j'ai découvert une jeune fille de la grande bourgeoisie, qui a grandi dans différentes capitales européennes au gré des affectations de son père, ambassadeur de France.
A 19 ans, elle allait épouser son ami d'enfance, Camillo Caetani, un prince italien. Mais la guerre est arrivée, et Camillo a trouvé la mort sur le front albanais.
Après un engagement actif comme infirmière pendant la drôle de guerre, Edmonde a retrouvé ses parents à Paris où son père était revenu après un bref engagement vichyste.
Edmonde a continué sa vie mondaine et amoureuse tout au long de la guerre, allant de Paris à Marseille, glanant des renseignements pour la Résistance auprès d'amies fréquentant des allemands, profitant de séjours à la montagne ...
Une vie aventureuse, peuplée de rencontres d'artistes et de mécènes, de militaires ... Elle entrera au cabinet du général de Lattre après le débarquement en Provence et le suivra en Alsace puis en Allemagne.
Elle y rencontrera Lee Miller, photographe au Vogue américain ... mais c'est une autre histoire ...
J'attends avec impatience le tome 2 de cette biographie !
Une vie passionnante très bien servie par un style vif et une écriture rapide.
Moronga de Horacio Castellanos MOYA
Un roman en trois parties.
La première donne la parole à José Zeledón, ancien guerillero salvadorien exfiltré aux Usa, dans un style ramassé, sans fioritures où la vie du héros est décrite sobrement.
Grâce à l’aide d’un compatriote, José Zeledón a trouvé un emploi de chauffeur de bus scolaire à Merlow city, ville universitaire et trou paumé du Wisconsin. Il complète ses revenus avec une vacation aux services techniques de la fac où il examine les courriels et autres communications des profs hispaniques qu’un programme spécifique a scanné, notamment pour éviter tout trouble de nature sexuelle entre profs et élèves. De surveillé il passe à surveillant, et grappille un nouveau job où il doit visionner en live les enregistrements de caméras de surveillance pour alerter la police en cas de présomption d’ivresse, voire de débauche sur la voie publique. On le quitte alors qu’il rejoint, à Chicago, un ex-compañero de guerilla, qui semble vouloir reprendre du service.
La deuxième partie met en scène Erasmo Aragón, prof à la fac de Merlow City, en déplacement à Washington DC, dans une prose qui m’a rappelé les mauvais côtés de ‘Le rêve du retour’ où l’auteur m’avait déjà noyée dans un déluge de digressions, de réflexions sur sa vie actuelle et passée, sur ses amours malheureuses, …
Erasmo Aragón mène à des recherches sur l'assassinat, en 1975, de son compatriote, Roque Dalton. La fac lui a accordé un crédit de recherche pour examiner des documents de la CIA, tout juste déclassifiés. Hébergé dans un AirB&B assez glauque de Silver City, Erasmo fréquente bars et jeunes femmes se sentant bien plus libres maintenant qu’il n’est plus soumis au devoir de réserves de tout prof de fac.
La dernière partie du roman est un rapport de police décrivant les événements qui ont conduit au décès de deux policiers, de passants et de sud-américains dans une fusillade près d’un bar de Chicago. Un style clair, concis, administratif où seuls des faits sont évoqués. Style qui tranche brutalement avec la sobriété de la première partie et la logorrhée de la deuxième.
Un roman inégal où je me suis franchement ennuyée au cours de la seconde partie …
Peut-être aurait-il fallu qu’elle soit moins longue, plus ramassée.
Dommage !
La mauvaise herbe d'Agustin Martinez
En 2017, j'avais beaucoup apprécié le premier roman d'Agustin Martinez, Monteperdido.
Je n'ai donc pas hésité une seconde quand j'ai découvert "La mauvaise herbe" sur la table des nouveautés de la médiathèque.
J'ai été tout de suite happée par l'atmosphère étouffante de ce quasi huis-clos dans ce petit village de Portocarrero, situé dans la région désertique d'Almeria, au sud de l'Espagne.
Jacopo et Irene ont dû quitter Madrid avec leur fille Miriam, une ado rebelle quand Jacopo a perdu son emploi de statisticien. A Portocarrero, où Irene a grandi, ils pourront loger dans la maison délabrée où habitaient les parents d'Irene. Mais Miriam a les goûts et les envies d'une ado de son âge et être pauvre dans un petit village écrasé de soleil et balayé par les rafales poussiéreuses de sirocco, ce n'est pas trop son truc.
Un soir où Miriam est restée dormir chez une amie, deux individus pénètrent dans la maison, abattent Irène et Jacopo.
Après des semaines à l'hôpital, entre la vie et la mort, Jacopo apprend qu'au vu de ses échanges de mails, la commanditaire du massacre est Miriam, sa propre fille.
Nora l'avocate de Miriam, décide de mener l'enquête car celle de la police lui semble trop partiale.
Après de multiples rebondissements, une narration nourrie de retours en arrière, de descriptions qui mettent tour à tour à l'honneur Jacopo, Irène ou Miriam, on découvrira ce qui s'est réellement passé le soir du drame mais aussi durant les longs mois d'exil dans ce village trop reculé.
Dans un lieu où chacun est sous le regard des autres habitants, les secrets de chacun seront pourtant dévoilés. Les familles éclateront.
Quand la vérité sur le drame sera finalement mise au jour ... j'ai été déçue, car je ne pensais pas que tel serait le dénouement de ce sac de nœuds bien alambiqué.
Une écriture tout aussi poisseuse que la chaleur qui plombe les lieux, une lenteur écrasée de soleil et de chaleur pour un roman que j'ai lu durant les journées les plus chaudes de cet été.
Avec ce roman, Agustin Martinez confirme son talent ... vivement son prochain roman !
Violette Morris, à abattre par tous moyens - Deuxième comparution de Javi REY, Bertrand GALIC, KRIS & Marie-Jo BONNET
Dans ce second tome, on retrouve Lucie Blumenthal qui poursuit l'enquête démarrée au premier tome de cette série, en interrogeant les membres des groupes de résistants qui ont mitraillé la Citroën 15 CV de Violette Morris.
Elle poursuit en parallèle son évocation de la vie de Violette qu'on retrouve footballeuse, coureur cycliste mais surtout fan de voitures et de mécaniques, venant d'ouvrir un garage.
Mais trop masculine dans une époque bien pensante, elle s'attire de plus en plus de reproches, et même un procès où sera actée l'interdiction aux femmes de porter des pantalons !
Dans le même temps, la rafle du Vel d'Hiv embarque de nombreux parisiens, dont les parents de Lucie qu'elle ne reverra pas.
Au cours des reconstitutions de l'assassinat des Bailleul et de Violette, Lucie découvre de nouvelles incohérences ... qui seront vraisemblablement expliquées dans le prochain volume ... qui n'est toujours pas paru !
Violette Morris, à abattre par tous moyens - Première comparution de Javi REY, Bertrand GALIC, KRIS & Marie-Jo BONNET
Le 26 avril 1944, une Citroën 15 CV est mitraillée par un groupe de résistants.
A son bord, le charcutier Bailleul, collabo notoire, son épouse et ses deux enfants, mais également Violette Morris dont les exploitas ont défrayé la chronique dans l'entre-deux guerres.
Lucie Blumenthal, avocate devenue détective, et amie de lycée de Violette mène l'enquête pour éclairer le passé de Violette.
Dès le lycée, Violette aimait la compétition, se battre, et surtout gagner
A vélo, avec ses poings sur un ring, à la nage, elle se mesurait même, voire surtout, aux garçons !
Pendant la guerre elle apprit à conduire et devint ambulancière pour conduire les blessés plus rapidement vers les hôpitaux de campagne.
Après 1918, elle se remit ensuite aux sports, intégrant des équipes féminines ...
Basée sur une histoire vraie que Marie-Jo Bonnet entendait raconter pendant son enfance normande, le récit de la vie mouvementée de Violette Morris est très bien mis en images dans cet album.
Le scénario mêle agréablement le récit chronologique de la vie de Violette et l'enquête de Lucie qui met peu à peu au jour les incohérences de l'histoire officielle ...
Le second tome - deuxième comparution selon le sous-titre de la série - m'attend .. je cours m'y plonger !
Charmes fous de CORBEYRAN & BALEZ
De retour dans sa maison natale pour l'enterrement de son père, Sébastien Dugroin, publicitaire parisien, y découvre des objets ensorcelés : corde nouée, empreinte de pas planté de clous, cœur fiché de 3 bougies noires, poupée entourée de barbelés ...
S'ensuit une enquête par son ex-copine spécialiste en sorcellerie, où il s'avère que la vie amoureuse tumultueuse du père en faisait la proie de charmes en tous genres destinés à favoriser ou à entraver ses amours successives ...
Mais Dugroin père était en apparence réfractaire aux influences et son accident en était-il vraiment un ?
Bref la conclusion de cet album est que la sorcellerie mène à tout ... surtout chez les bobos !
Un album au dessin résolument moderne où le héros ressemble étrangement à Frédéric Beigbeder, qui en a aimablement rédigé la préface !
Trouvé dans les bacs de ma médiathèque ... évidemment :)
Dans mon open space T1 Business circus de James
Hubert (dit Hub pour les intimes) est un stagiaire professionnel ; d'entreprise en entreprise, il en est à son quinzième stage !
Accueilli par James dans cette nouvelle firme, on va découvrir avec lui les différents responsables de service, qui, bien évidemment, sont chacun le plus important et l'indispensable à la survie de l'entreprise, sans oublier Victor, le petit vieux placardisé, qui, la nuit, tel un fantôme, sort de son placard à la recherche de travail (et qui se délecte des dossiers laissés sur les bureaux).
De comité de direction en rédaction de dossier hyper urgent, de marketing-woman tout aussi grossière que ses homologues mâles, au responsable achats qui se régale à mettre la pression sur ses osu-traitants pour préserver les bénéfices de l'entreprise, tous sont plus vrais que nature, et j'en ai rencontré bon nombre pendant ma vie professionnelle.
Un album aux dessins doux qui contrastent avec la dureté de certains propos.
Un auteur que je découvre ... et dont j'espère que ma médiathèque possède d'autres opus !