L'ennemie d'Irène Némirovsky
Francine a deux filles, Michette, trois ans, blonde comme elle et Gabri, 11 ans, un peu noiraude ; elles vivent toutes les trois dans un petit appartement du XVIIème arrondissement parisiens servies par des bonnes peu consciencieuses ...
Seule à Paris pendant que son mari fait des affaires en Pologne depuis la fin de la première guerre mondiale, Francine préfère s'amuser que s'occuper de ses filles.
Gabri en veut à sa mère, si différente des mères de ses amies et lorsque Michette décède d'un accident domestique, elle prend Francine en grippe ...
Puis leur père reviendra, riche et accompagné d'un cousin de vingt ans ...
Gabri et sa mère déménagent dans un superbe appartement de l'avenue d'Iéna, Francine se régale dans le luxe et multiplie les sorties dans les lieu xà la mode alors que son mari est toujours très pris par ses affaires .
Les inimitiés entre mère et fille ne feront que s'accentuer au fil des années alors que Gabri devient jolie et menace le dernier amour de Francine ...
La conclusion de ce court roman m'a étonnée. J'aurais préféré sûrement une fin inversée, mais là est tout le talent d'Irène Némirovsky, de nous surprendre jusqu'à la dernière page !
Un roman qui n'est pas sans rappeler les thèmes déjà développés dans 'Le bal', rivalité entre mère et fille, qu'elle dépeint si bien, les ayant vécues !
Cela faisait un moment que je n'avais pas lu d'œuvres de cet auteur. J'en ai encore dans mes Pile-A-Lire. A suivre, donc !
Labyrinthe de Burhan Sönmez
Boratine, un jeune chanteur de blues turc saute dans le Bosphore depuis l'un des ponts qui l'enjambe.
Il se retrouve à l'hôpital, une côte cassée et amnésique.
Il n'a plus aucun souvenir de sa vie, de ses amis, de son enfance.
Rentré chez lui, dans l'espoir de raviver ses souvenirs dans un environnement connu et rassurant, il se sent toujours étranger à ce qui l'entoure.
En compagnie d'un ami qui prend soin de lui, lui remplit son frigo, il reverra son groupe de jazz, mais la musique qui était as vie l'ennuie et il n'y distingue que dissonances entre paroles et musiques pourtant de son cru.
Il erre la nuit dans la ville, sans but ...
Un roman qui commençait très bien mais qui, petit à petit, s'enferme, et tourne sur lui-même sans qu'on sache vraiment si Boratine est toujours à la recherche de son ancienne vie, des motifs de sa tentative de suicide ou s'il décide de la redémarrer.
Un engluement qui m'a ennuyée ... J'ai quand même fini ce roman mais rapidement, comme pour quitter au plus vite cette ambiance pesante et sans grand espoir que la situation s'améliore un jour ...
La république des femmes de Gioconda Belli
Viviana Sanson, la Présidente de la petite république de Faguas en Amérique Centrale vient d'être victime d'un attentat.
Hospitalisée, maintenue dans le coma, son esprit bien alerte se retrouve dans une pièce remplie d'objets qu'elle a égarés au cours des années et qui lui rappellent des souvenirs.
Tel est l'excellent subterfuge utilisé par l'auteur pour nous raconter comment cette femme journaliste et une poignée de ses camarades ont eu l'idée de fonder un parti atypique : Le Pari de la Gauche Erotique, PIE en espagnol, qui par un miracle de la nature et du volcan local leur permit d'arriver au pouvoir et de basculer d'un seul coup ou presque la répartition des rôles en vigueur.
Les femmes se retrouvent donc aux manettes, au travail et au pouvoir, les hommes, restent à la maison ou réalisent des travaux d'intérêt général.
... Et ça marche !
Un roman passionnant, qui casse les codes et les modèles courants. Un roman qui fait réfléchir sur le peu de choses qu'il faudrait pour favoriser l'emploi des femmes ...
Un roman bien construit, avec des personnages hauts en couleur, une structure très vive qui mêle récit biographique de la Présidente et interventions de ses collaboratrices et ministres sur l'exercice du pouvoir par temps de vacance de sa dirigeante.
Un roman qu'on aimerait voir se réaliser !
Un roman que j'ai savouré, résistant le plus possible à l'envie de le terminer et qui me laisse aujourd'hui en manque de ses personnages.
Bref : un grand roman et une lecture qui restera longtemps avec moi !
Merci à Babelio et aux Editions Yovana qui m'on permis de gagner cet ouvrage lors de l'opération Masse critique Mauvais Genre du mois de mars
L'angoisse du gardien de but au moment du penalty de Peter Handke
Un roman étrange, déjà lu il y a très longtemps et dont je gardais un bon souvenir, mais qui cette fois, m'a dérangée.
On suit Bloch, ancien gardien de but international allemand, qui par un simple regard de son contremaître se crut licencié de son emploi.
Il part à la dérive, assiste à des séances de cinéma, erre sans but, suivant des personnes repérées dans la foule, prenant des bus sans savoir où ils se dirigent et finissant par assassiner l'ouvreuse du cinéma, sans faire exprès apparemment.
Il quitte alors la ville pour partir à la campagne retrouver une de ses anciennes amies devenue gérante de restaurant, mais même là, ses troubles perdurent. Il imaginent des choses sur les habitants du village ou voyageurs de passage, jusqu'au jour où, accompagnant l'un d'eux à un match de football, il fixe son attention sur le gardien de but.
Et là, enfin, son esprit et le monde semblent se reconnecter !
Ce roman semble une plongée dans un esprit dérangé, qui se nourrit lui-même des petits dérèglements de la vie, incohérences des passants, recherche d'un sens aux mouvements irrationnels d'une foule, besoin irrépétibles de planifier ce qui l'entoure, d'écrire ce qu'il voit et qu'il entend.
Un roman que je qualifierais de gris, ce gris qui embrume les années 70, cette brume qui opacifie les contours des êtres et des choses, entre liberté effrénée des années 60 et années-fric des 80. LEs années 70 : années de crise et de questionnements ...
Un roman qui m'a cependant donné envie de me replonger dans la littérature allemande de ces années-là!
A suivre donc
The bookshop by the shore de Jenny Colgan
Où on retrouve le van-librairie, sans Nina, absente pour la bonne cause, qui en a confié les clés à Zoé, une jeune londonienne désargentée.
Elevant seule son enfant, avec cependant quelques visites sporadiques du père, Zoé est partie en Ecosse où elle cumule deux emplois : libraire ambulante et 'au-pair' auprès de trois enfants demeurant dans un grand manoir décrépit, leur mère a disparu et leur père est souvent absent ...
S'ensuivront des aventures riches en péripéties : le temps changeant écossais, voire tempétueux, les fêtes traditionnelles, le mal-être de pré-ados, les livres consolateurs ... avec une galerie de portraits des habitants locaux complémentaire de celle du premier opus de cette nouvelle série de Jenny Colgan.
La bienveillance est comme toujours de mise dans ses romans, sans pour autant tomber dans la mièvrerie !
Un bon roman doudou à lire sans hésiter en temps de confinement !
Une si longue lettre de Mariama Bâ
Une amie qui l'avait emprunté à la médiathèque fut tellement enthousiaste à propos de ce livre, qu'avant même qu'elle le rende, je l'avais réservé !
Et je n'ai pas été déçue :)
Modou, le mari de Ramatoulaye vient de décéder brutalement. Elle écrit à sa meilleure amie, Aïssatou, et lui raconte son quotidien de première épouse devenue veuve.
De ces semaines de deuil où les quémandeurs d'héritage se pressent à sa porte alors qu'après 25 ans de vie commune, Modou les avait abandonnés, elle et ses 12 enfants pour convoler avec une amie de lycée de leur deuxième fille !
Elle raconte la condition des femmes au Sénégal, le dévouement à leur conjoint, leur maison, leurs enfants, et mêmes si certaines font des études, peu s'en servent pour d'autres métiers qu'infirmières ou sage-femmes ... et celles qui utilisent leurs compétences, comme le ferait un homme, partent souvent exercer à l'étranger, comme l'a fait Aïssatou.
On retrouve dans ce roman de 1979, les mêmes thèmes que ceux développés dans "Les impatientes", avec le regret qu'en quarante ans rien ou presque n'ai changé pour les femmes musulmanes africaines ...
Un très beau roman, dont j'ai regretté la brièveté : 165 pages seulement !
Mafalda T1 de Quino
Un challenge de lecture sur le XXème siècle m'a fait prendre conscience que je lisais principalement des œuvres du XXIème siècle ...
Un des thèmes de ce challenge est 'auteurs hispanophones ou germanophones', un peu plus compliqué à dénicher dans mes Billy ... mais je me suis souvenue de l'achat de cet album de Quino à sa sortie ...
Une plongée dans la Billy des BD, et je l'en ai exhumé ... avant de m'en délecter !
L'examen des références de l'ouvrage me rappela que cet achat datait de 1988 !!!
Avec ses questions de candide, Mafalda met le doigt là où ça fait mal dans une Argentine dévastée par la crise économique et à la botte des USA!
Vive, impertinente, féministe en herbe, attachante et grande enquiquineuse, elle questionne les adultes de son entourage pour essayer de comprendre les incohérences du monde qui l'entoure.
Elle tire parfois des conclusions amusantes : les USA ont combattu les communistes (des rouges) au Vietnam, mais aussi les peaux-rouges ... donc les Indiens d'Amérique étaient communistes :D
Bref, un album qui m'a réjouie ... à mon prochain passage à la médiathèque, j'irai farfouiller dans les bacs pour savoir s'ils en détiennent !
The Jungle book de Rudyard Kipling
Un challenge Babelio qui mêle Jeux de société et littérature, et dont le lancer de dés de la semaine me faisait tomber sur la case 'Jumanji' et me demandait de lire 'un livre d'aventures ou avec un animal sauvage sur la couverture'.
Il n'en fallait pas davantage pour porter tout en haut de mes e-books à lire, les œuvres complètes en VO de Rudyard Kipling, récemment achetées, quand j'avais (re)découvert qu'il avait reçu le Prix Nobel de littérature en 1907.
Je me suis donc plongée dans la lecture de cet ouvrage et j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver les véritables aventures de Mowgli, Baloo et Bagheera aux prises avec les autres habitants de la jungle dont le terrible tigre Shere-Khan et la tribu de singes-fous.
Des histoires passionnantes, même si tant connues par l'adaptation de Walt Disney, globalement assez fidèle à l'œuvre originale.
Ce qui m'a fortement étonnée, c'est que le 'Le livre de la Jungle' ne traite pas seulement de la vie de Mowgli.
Après trois longues nouvelles dans la jungle indienne, on suit les aventures de Kotick, un phoque blanc, né dans la mer de Behring et qui passe sa vie à parcourir le Pacifique à la recherche d'une zone protégée, où ses congénères et leurs enfants pourraient vivre paisiblement à l'abri des hommes qui les déciment.
La cinquième nouvelle nous fait retourner en Inde où une mangouste veille sur une famille tandis que des cobras ne pensent qu'à les exterminer.
Et finalement ce sont avec des des éléphants, puis des mules, des chevaux et des chameaux en furie que s'achève le recueil.
Bref, j'ai redécouvert un auteur de mon enfance, dont la qualité de l'écriture, la fluidité de la narration, la description des personnages et des paysages me donne réellement envie de découvrir d'autres de ses textes.
A suivre, donc !
La mouche sur le mur de Tony Hillerman
L'avantage des challenges des lecteurs de Babelio, et notamment le Challenge Riquiqui, c'est qu'il faut parfois fouiller au plus profond des Billy ou des liseuses pour trouver les titres qui correspondent au thème !
Cette fois, pour avoir un roman de moins de 200 pages répondant au thème 'Faune', j'ai déniché ce roman de Tony Hillerman : "La mouche sur le mur".
Un Hillerman complétement différents de tous ceux que j'ai pu lire jusque là, car on n'y retrouve ni Jim Chee ni Joe Leaphorn, les policiers navajo, mais un journaliste du Nouveau-Mexique (quand même) travaillant à Washington.
Une nuit, alors qu'il boucle un article, un de ses collègues entre bien éméché dans la salle de presse et lui souffle qu'il a mis le doigt sur un énorme scandale, dont, vu l'ampleur, il est prêt à partager la divulgation.
Sur ce il quitte la salle, et quelques instants plus tard bascule de la rotonde du Capitole t s'écrase au sol quelques étages plus bas !
Cotton décide de remonter la piste ... non sans mal, et dérange quelques huiles et leurs hommes de main !
S'en suit une dangereuse partie de pêche sur les hauteurs de Santa Fe, un retour rocambolesque à Washington et la découverte de beaux détournements d'argent public.
Dans une ambiance de film noir, tout droit sorti des années 50 ou 60, ce film met au jour les pratiques douteuses d'avant le scandale du Watergate ... Mais cela a-t-il beaucoup changé depuis.
Un roman cependant inégal où la première partie traîne un peu en longueur avant une accélération très nette dès l'arrivée au Nouveau Mexique puis au retour dans la capitale.
Un roman qui éclaire les autres facettes du talent de l'auteur, qu'il a laissé en sommeil pour se consacrer au peuple et à la police navajo.