La terre qui les sépare de Hisham Matar
Un roman, non un récit sur l'exil sur les exilés, sur l'amour de la terre natale, le besoin de savoir, la 'impérieuse nécessité d'y revenir pour tarir les blessures de l'âme ...
Un ouvrage emprunté à la médiathèque pour ma mauvaise raison habituelle : cocher un nouveau pays dans mon challenge Globe trotter, mais un livre qui m'a captivée d'un bout à l'autre par la qualité et la poésie de l'écriture, les méandres des souvenirs et ce récit plein d'amour de ce fils qui veut obtenir la preuve de la mort de son père afin de pouvoir, enfin, en faire le deuil.
Ce récit qui court sur plusieurs souvenirs évoque la vie de l'auteur, et de son père, Jaballa Matar, qui, après avoir fui en Egypte avec toute sa famille a été enlevé, enfin remis par la police égyptienne aux services libyens. Jaballa Matar, opposant dès le début au régime de Khadafi, avait rapidement quitté son pays natal à l'avènement du régime et s'était caché, en Europe puis en Egypte. Ses fils furent inscrits dans des écoles suisses et britanniques sous de faux noms, mais firent l'objet de tentatives d'enlèvement ...
Après l'emprisonnement du père, sa famille reçut des lettres, envoyées secrètement et passées de mains dissidentes en mains amies ... et puis, en 1990 : plus rien.
Vingt ans plus tard, Hisham Matar va reprendre l'enquête, sollicitant ONG et gouvernements, retournant en Lybie, rencontrant des dignitaires du régime qui font traîner leurs réponses en longueur ...
Un récit que j'ai trouvé terriblement émouvant sur la construction de l'Homme qu'est devenu l'auteur, sur son enfance, sur l'amour qui l'a toujours lié à ses parents, malgré l'absence et l'amour de la terre familiale, de la famille élargie, des liens persistants entre ceux qui sont restés et ceux qui ont fui.
Un récit très bien servi par une traduction certainement à la hauteur du texte original. Un texte qui mérite amplement le Prix Pulitzer de la biographie reçu en 2017.
Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec : Adèle et la bête de Jacques Tardi
En voiture, nous écoutons régulièrement les podcasts de l'émission 'A voix Nue' diffusés sur France Culture.
Nous avons ainsi récemment écoutés ceux qui retracés la vie de Jacques Tardi, dont il me semblait bien avoir des albums enfouis dans les tréfonds de mes Billy.
J'ai fouillé, j'ai trouvé et je me suis régalée avec cette première histoire qui met en scène Adèle Blanc-Sec, que je ne connaissais jusque là par l'interprétation cinématographique de Louise Bourgoin, dans le film éponyme de Luc Besson.
Bref, je me suis plongée dans cet album en noir et blanc, où on découvre un ptérodactyle, récemment éclos au Muséum d'Histoire Naturelle, qui sème la terreur dans les rues parisiennes en 1911.
Il faudra toute l'ingéniosité de la belle Adèle pour découvrir ce qui se cache vraiment derrière ce monstre préhistorique ...
La fin de l'album relance l'intrigue ... Heureusement le volume suivant m'attend !
Ce premier album historique donne un peu le ton de la série des Nestor Burma que Tardi dessinera quelques années plus tard.
L'évocation des anciens quartiers de Paris est déjà là, traités ici en noir et blanc.
Le scénario distille le suspense juste comme il faut, les personnages sont bien identifiés, et clairement distincts.
Un auteur qui montrait déjà, à 30 ans toute la qualité de son art.
Il était une fois sur cent d'Yves Pagès
Pendant des années, Yves Pagès a noté des statistiques dans des carnets. Et puis il les a rapprochées pour donner ce recueil indéfinissable aux airs de Miscellanées.
Avec par exemple : 10 % des parents qui ont égaré le premier doudou de leur enfant, 10 ù des logements vacants en France et 10 % des médicaments contrefaits.
Ou bien, 1 % d'aristocrates de sang bleu sous l'Ancien Régime, 1 % de roux, 1% de bègues, 1% de femmes dans les sociétés de chasse ou 1% de gardés à vue par an !
Plaisant tant qu'il abordait ces rapprochements statistiques, je me suis ennuyée, vers la moitié du livre, lorsque l'auteur a laissé tomber les statistiques pour donner son avis sur des sujets divers, à dominance migratoire, qui m'ont semblé dénaturer le ton initial de cet ouvrage.
Dommage !
Je remercie Net Galley et les éditions La Découverte / Zones qui m'ont offert cet ouvrage :)
#Ilétaitunefoissurcent #NetGalleyFrance
Un amour parfait de Gilda Piersanti
Lorenzo, cadre supérieur dans une société de chocolats haut de gamme, est heureux dans son mariage avec Maria Elena et leurs deux enfants. L'entreprise de décoration intérieure de son épouse est encore plus florissante depuis qu'il a financé son développement et ses réalisations sont régulièrement évoquées dans des magazines haut de gamme comme Ideat.
Lors d'un déplacement professionnel, Lorenzo retrouve par hasard Laura, son premier amour, qui lui a brisé le cœur à l'adolescence, juste après leur première nuit ...
S'ensuit une passion dévorante et dévastatrice !
Un roman passionnant où on suit peu à peu l'évolution de l'amour / de la passion plutôt qui enchaîne Lorenzo à Laura, le soumettant à ses prescriptions et l'amenant à commettre l'irréparable.
Gilda Piersanti a le don de distiller l'angoisse, l'évolution de l'emprise tissée peu à peu par Laura, au fil de rendez-vous téléphoniques secrets, de messages déposés, de promesses repoussées.
Un très bon thriller bien prenant, que j'ai lu d'une traite sans pouvoir le poser !
Un roman romain, qui m'a fait retourner dans cette ville dont j'avais eu la chance de découvrir des quartiers excentrés en suivant les traces des protagonistes des 'Saisons meurtrières', les premiers romans de cet auteur.
Cela faisait un moment que je en l'avais pas lue ... quelle erreur !
Un autre se ses romans m'attend dans ma liseuse !
A suivre :)
Bretzel et beurre salé de Margot et Jean Le Moal
Je connaissais les 'cosy mysteries' à l'anglaise ou à l'américaine, mais pas encore ceux à la française !
Et voilà, c'est réparé avec ce roman amusant qui met en scène Catherine Wald, tout juste arrivée de son Alsace natale, dans le petit village de Locmaria.
Cathie a acheté - au prix demandé - le manoir local et envisage d'ouvrir un restaurant de spécialités alsaciennes dans la pizzeria qui a fermé ses portes quelques années plus tôt.
Tout cela n'est pas au goût d certains habitants !
Lorsqu'un de ses opposants décède après un repas gargantuesque de la soirée Spécial choucroute, la maréchaussée mène l'enquête ...
Une galerie de personnages tous plus vrais que nature peuple ce roman bon enfant, que ce soir les amies de Cathie, le (vrai) journaliste d'investigation, le serveur repêché, ...
Un bon roman presque de terroir qui met en scène un village attachant sans révéler tout le passé de la nouvelle venue !
Bref, le deuxième volet m'attend !
Un parfait roman de saison pour l'été qui va quand même penser à s'installer enfin !
Deux petites bourgeoises de Colombe Schneck
Esther et Héloïse se sont rencontrées en 6ème, sur les bancs de l'Ecole Alsacienne.
Deux petites bourgeoises donc, mais pour elles, juste deux amies de la classe moyenne (Pressentant l'injure, Esther avait demandé à son père ce qu'il en était, et il avait nié être bourgeois !)
Appartements près du Luxembourg, arbre généalogique bien défini pour l'une, aux branches en Europe Centrale pour l'autre ; vacances dans le Sud, dans la maison de famille pas forcément très bien située, mais à St Tropez quand même ...
Une amitié profonde va les lier, parfois distendue quand la vie s'en mêle, les amours, les enfants, le job, mais une amitié très forte qui durera jusqu'à la mort d'Héloïse, si jeune, trop jeune à la cinquantaine.
Hommage à l'amitié, à l'amie trop tôt disparue, certainement pan d'autobiographie, j'ai lu ce roman d'une traite, mais une certaine froideur, le manque d'empathie, les descriptions trop factuelles des personnages et des anecdotes m'ont un peu laissée sur ma faim.
J'aurais aimé un roman plus long, des personnages plus fouillés, davantage de vie, de bruit ... mais cela aurait sans doute fait désordre dans cet univers si / trop feutré !
Dommage ...
Qui ne tente rien de Jeffrey Archer
Après quelques lectures difficiles, j'ai eu besoin d'un peu de légèreté, et, pour cela, rien de tel qu'un roman de Jeffrey Archer (même si dans ce cas là, ça a peut être été un peu trop léger !).
Dans ce nouveau roman, plus ou moins spin-off de la série 'Les chroniques de Clifton', comme on dirait dans le monde des séries, on retrouve William Warwick et sa famille.
Contre l'avis de son père, avocat et pair du Royaume, William a toujours eu envie de devenir policier. Ses parents ont exigé qu'il suive un cursus universitaire et c'est doté d'un diplôme d'histoire de l'art qu'il accomplit son rêve.
Ne souhaitant aucun des raccourcis que ce diplôme pourrait lui accorder, il démarre par deux ans en tenue à arpenter les rues de son quartier en compagnie d'un policeman aguerri qui lui enseignera les bases du métier.
Promu à la brigade des 'Biens culturels' de Scotland Yard il aura l'opportunité de restituer le savoir acquis en fac.
Un policier bon enfant des personnages bien campé et parfois amusants, quelques grosses ficelles pour ce roman délassant et idéal pour l'été ... mais il faut bien l'avouer, pas un des meilleurs romans de l'auteur.
J'ai la suite des aventures de William Warwick dans ma liseuse ... mais je vais attendre avant de m'y plonger :)
Le juge et son fantôme de Philippe Duclos
Ah, Philippe Duclos.
Le juge Roban d'Engrenages.
Mais qui est qui ?
Alors que Philippe Duclos vient de lire le scénario de troisième saison d'Engrenages, il nous plonge au cœur de son métier d'acteur.
Quand le rôle pénètre l'acteur et semble le hanter, quand, lors de ses réveils nocturnes, l'acteur voit le juge dans sa chambre, pensif ...
Dans cet ouvrage, Philippe Duclos donne à voir le travail de l'acteur, qui pour devenir son rôle, doit paiocher dans son vécu mais surtout intérioriser le vécu de son personnage.
Dans cette saison d'Engrenages, le juge Roban doit affronter non seulement la maladie et le décès de sa mère (qui lui a toujours préféré son flambeur de frère) mais aussi une ancienne maîtresse, et pou rfinir ce fameux frère ! Autant de scènes qui risqueront de mettre en péril son inflexibilité mais qui laissent transparaître sa fragilité.
Philippe Duclos nous dévoile ses réactions à la lecture des épisodes du scénario, ses déambulations dans Paris qui le conduisent parfois sur des lieux de tournage, et comment de lecteur des scènes il en devient l'acteur.
Un ouvrage passionnant, que j'ai savouré chapitre après chapitre, refusant de le lire trop rapidement pour rester plus longtemps en compagnie de l'écrivain.
Un très bel ouvrage sur le métier d'acteur.
Merci à Babelio et aux Editons Equateurs pour m'avoir fait parvenir cet ouvrage lors de l'opération Masse critique du mois de juin
Et l'amour aussi a besoin de repos de Drago Jancar
Le challenge Globe-Trotter des Lecteurs de Babelio m'aura permis de découvrir de nombreux auteurs.
Certains excellents comme Gioconda Belli, d'autres moins, et parfois, certains m'ont fait longuement peiner sur un roman qui n'était pourtant pas très long !
C'est dans cette dernière catégorie que je range 'Et l'amour aussi a besoin de repos de Drago Jancar', auteur slovène.
Ce roman met en scène trois personnages principaux : Sonja une jeune femme de Maribor, Valentin (dit Tine) son amoureux, et Ludek (Ludwig) dont les destins s'entrecroisent à l'aube de la seconde guerre mondiale.
Les garçons feront des choix différents, l'engagement dans les troupes allemandes pour l'un, la résistance slovène pour l'autre et la jeune femme en voulant en sauver l'un sera perdue par l'autre.
Un roman à la trame classique donc, mais traité de façon lente et parfois itérative par un narrateur qui décrit longuement les agissements des deux hommes - la difficile obtention de clous pour l'un, les pérégrinations hivernales dans les montagnes pour l'autre.
Bref, un roman lent, long, mais qui me permet de valider un nouveau pays :)
Aya de Yopougon de Marguerite Abouet
Aya a 19 ans, elle vit à Yopougon, une banlieue populaire d'Abidjan en 1978.
Ses copines, Binto et Adjoua, aiment sortir, retrouver leurs copains à l'hôtel des mille étoiles, aller danser, passant souvent outre les interdictions de leurs parents ...
Aya, elle, préfère étudier. Au grand dam de ses parents qui voudraient lui faire épouser le fils du riche patron de son père, Aya voudrait devenir médecin ...
Une plongée en dessins en Côte d'Ivoire, où j'ai retrouvé des réminiscences des 'Impatientes', avec les rêves des jeunes filles, les difficultés à poursuivre des études quand on est / quand on naît fille ...
Des dialogues en parler local qui ne gêne en aucune façon la compréhension des bulles, même si le glossaire en fin de volume est là, au cas où.
Une galerie de portraits d'ados, mais aussi de parents pas toujours très nets, et de pères qui s'autorisent ce qu'ils interdisent ...
Une jolie plongée dans la vie quotidienne des ados ivoiriennes!
D'autres tomes m'attendent à la médiathèque.
A suivre ...