bd & romans graphiques
Blankets, manteau de neige de Craig Thompson
Un roman graphique en noir et blanc qui m'a emportée dans les neiges du Wisconsin, pendant cet hiver blanc où, Craig, ado sensible en dernière année au lycée, a passé deux semaines chez une amie à la famille bien différente de la sienne.
La famille de Craig vit dans une communauté très religieuse, où les préceptes de Dieu, la crainte de la colère divine rythment la vie sociale.
Les dessins qu'il réalise alors sont empreints de figures du Christ, scènes d'évangiles ou de châtiments.
Il partage une chambre, un lit même, avec son petit frère et tous deux y inventent des récits de tempête, de voyages marins seuls sur un radeau de fortune attaqués par de féroces requins ...
Le séjour chez Raina, accepté par la mère de Craig car la mère de Craig est elle aussi chrétienne, va permettre à Craig de découvrir un autre mode de vie : les parents de raina ont adopté deux enfants handicapés mentaux (pour remercier le ciel de leur avoir donné deux filles e bonne santé) mais ils sont en train de divorcer et ne communiquent plus que par l'intermédiaire de Raina.
Craig est amoureux, mais Raina ne sait pas et ce séjour permettra de clarifier la situation.
L'évolution du graphisme de ce roman montre bien les hésitations de Craig, les affres des derniers jours du séjour, l'évolution des dessins qu'il crayonne et la réflexion sur son avenir.
L'école d'art sera le lieu de rupture avec les préceptes de son enfance.
Récit d'initiation , histoire d'amour, récit de la transition entre enfance et monde adulte, mais aussi de la remise en cause du mode de vie familial, ce roman est tout cela à la fois.
Une belle découverte, dans les bacs des romans graphiques de ma médiathèque, dont je vais poursuivre l'exploration !
In waves de AJ Dungo
Un roman graphique difficile à classer tant il est complet : un récit historique, biographique, autobiographique, une histoire d'amour, une histoire de mort, une histoire d'amitié, une histoire dramatique ...
En bref, inclassable !
Mais un roman graphique dans lequel j'ai plongé et dont j'ai eu du mal à émerger tant je m'y suis sentie bien, triste, heureuse, triste, ....
Un roman complet comme j'en ai rarement lu, tant en version classique qu'en version graphique !
Un roman graphique dont les différentes parties sont mises en évidence par des couleurs de pages / de fond de page différentes, au point où on pourrait choisir de ne lire que l'histoire bleue, ou l'histoire sépia, ou comme je l'ai fait, de lire ce roman dans l'ordre d'impression des pages qui alterne les deux couleurs !
Tout commence avec la fête d'anniversaire de Kristen, organisée sur une plage par l'auteur-narrateur, son amoureux. Passionnée de surf, quand elle était ado, elle n'était pourtant pas remontée sur une planche depuis qu'un méchant crabe s'était mis à grignoter ses os et avait nécessité l'amputation de sa jambe. Ce soir là, à l'été 2005, sur une plage californienne, Kristen est remontée sur sa planche, avec sa prothèse, et y a retrouvé toutes ses sensations !
En parallèle de cette histoire bleue, Al Dungo dresse, en sépia, un panorama de l'histoire du surf, depuis les origines dans les îles du Pacifiques, puis, plus récemment, en déclinant le récit biographique de deux légendes du surf : Duke Kahanamoku, au début du XXème siècle, à Hawaii et Tom Blake, une génération plus tard qui développa les planches modernes.
J'ai trouvé ce roman passionnant, bouleversant, avec un graphisme simple qui se marie parfaitement avec les thèmes développés.
Une belle découverte, et l'espoir de retrouver d'autres ouvrages aussi bons.
Un gaffeur sachant gaffer Gaston T7 d'André FRANQuin
Un album d'où Fantasio est absent remplacé par Prunelle qui a tout autant de difficultés à gérer Gaston !
Un album où Gaston ne cesse de jouer des tours à l'agent Longtarin qui veille sur la circulation et le stationnement.
Un album où les vibrations du Gaffophone auront des retentissements inédits.
Un album où Gaston s'envolera ... sans vraiment le vouloir !
Bref, un nouvel album où Gaston déploie toute son énergie, sa créativité, sa rêverie ... et sa paresse !
Hilarant !
Les saveurs du béton de Kei Lam
Dans Banana Girl, Kei Lam nous a raconté son enfance ; ses premières années en famille, à Hong Kong, son arrivée à Paris à l'âge de 6 ans où elle venait retrouver son père, artiste peintre. Mais aussi les années de jeunesse de ses parents qui avaient subi la Révolution Culturelle et n'avaient pu poursuivre des études.
Là voilà maintenant arrivant à Bagnolet, où ses parents ont acheté un trois-pièces dans le quartier de la Noue. Fini les chambres de bonnes où ils s'entassaient au milieu d'autres familles chinoises, mais fini aussi les copines d'école ...
Mais l'entrée au collège va lui permettre de se construire un nouveau réseau de copines, bien plus diversifié, de toutes origines !
Après avoir découvert à la cantine de son école primaire les spécialités culinaires françaises, elle va découvrir le thé à la menthe et les pâtisseries orientales tellement plus sucrées que leurs équivalents chinois.
Elle va aussi devoir accompagner encore davantage ses parents dans leurs démarches administratives, notamment dans ces longues attentes pour obtenir le si précieux permis de séjour, les réunions de copropriété et les rendez-vous bancaires.
Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est de voir la Kei adulte, confronter le réel d'aujourd'hui aux rêves de la Kei enfant, les voir dialoguer sur leurs goûts musicaux, sur l'évolution du quartier et comment l'enfant Kei ne comprend pas comment la grande a pu abandonner un job d'ingénieur pour devenir dessinatrice !
Un roman graphique au dessin simple et si caractéristique, que j'ai dévoré d'une traite, un opus que j'ai trouvé plus profond que le premier volume.
Une belle description des années collège, du syndrome de la bonne élève, de la confrontation des expériences entre pays d'origine et vie courante.
J'attends maintenant un prochain tome qui nous montrera Kei lycéenne et peut être aussi, pourquoi pas un retour de Kei en Chine pour une confrontation inversée !
Je remercie vivement Babelio de m'avoir offert ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique.
Les derniers jours d'un immortel de Gwen de BONNEVAL & Fabien VEHLMANN
Un roman graphique au dessin très pur, en noir et blanc pour raconter comment Elijah, un immortel décide de ne plus l'être.
Dans son monde où la communication inter-espèces permet une cohabitation pacifique entre tous (ou presque), il est habituel de générer des clones pour pouvoir vivre éternellement modulo une faible perte des plus anciens souvenirs.
Certains choisissent de mourir, et font ainsi disparaître leurs clones, en laissant un vivre le temps nécessaire à la mise en ordre de ses affaires, pour une durée cependant limitée.
Elijah est membre de la police philosophique, chargée, avec l'aide d'experts, de résoudre les conflits inter-espèces, en remontant au plus ancien événement qui a créé l'incompréhension voire l'inimitié entre deux espèces.
On suit Elijah dans l'une de ses dernières enquêtes visant à comprendre pourquoi les les Ganédons et les Aleph 345 se font la guerre depuis des milliers d'années.
Un roman sur l'amitié, la tristesse d'une amitié délitée, sur l'incompréhension entre les êtres et sur la patience.
Un beau scénario servi par un trait simple mais profond.
Un roman qui après m'avoir déroutée, m'a captivée !
Une belle découverte, qui va m'inciter à rechercher d'autres livres de ces auteurs sur les étagères de ma médiathèque !
Le chercheur fantôme de Robin Cousin
La Fondation pour l'Etude des Systèmes Complexes et Dynamiques accueille 24 chercheurs dans un ensemble de 6 bâtiments portant les lettres de A à F.
Quatre chercheurs par bâtiments dont tous les désirs sont exaucés par le service Logistique que ce soit en matériel de laboratoire ou en nécessités de la vie courante.
Un intervalle de trois mois sépare l'arrivée de chaque chercheur, chercheurs qui se croisent à peine, dans l'escalier, par hasard, et qui sont présent pour sept années, durée optimale d'atteinte de la fin de leur cycle de recherche.
Trois résidents du bâtiment F partent à la recherche du quatrième résident de leur bâtiment, jamais croisé, et dont les recherches portent sur la résolution du problème P= NP, problème de la théorie de complexité algorithmique. la preuve de cette égalité révolutionnerait les mathématiques modernes, et bouleverserait la recherche scientifique.
Une BD au graphisme relativement simple, sombre, des motifs un peu rond qui tranchent avec le sentiment d'oppression que j'ai ressentie, entre la fin annoncée des recherches, voire des chercheurs, les machines-micro robots qui deviennent autonomes et prédatrices, et, tout autour, la forêt inquiétante où rodent des ombres ...
Bref il m'a tardé d'en voir la fin !
Des gaffes et des dégâts - Gaston T6 - de Franquin
Où Gaston continue à semer la pagaïe dans les locaux de Spirou en exploitant sa boîte de 'Petit Chimiste', et fait s'endormir tout le personnel, crée des lotions corrosives alors que supposées adoucissantes ...
Où, lors d'une visite chez le médecin du travail qui cherche les causes de l'allergie virulente dont souffre Gaston, on découvre que la cause de cette allergie est le mot 'Effort' proféré par Fantasio puis le médecin !
Où Gaston emmenant Mademoiselle Jeanne dans sa belle auto, trouve dans un arbre le meilleur point de vue pour admirer le déroulement d'une course automobile, avant d'emprunter les rails du métro pour rentrer dans un brouillard épais.
Où les vibrations du gaffophone, cette harpe primitive, sèment la désolation où qu'il soit utilisé !
Bref, un nouvel album où Gaston déploie toute son énergie, sa créativité, sa poésie et sa rêverie !
Hilarant !
A suivre !
Tropézienne dum- dum (Leo Loden 22) de CARRERE NICOLOFF & ARLESTON
Quelle belle surprise lors de notre dernier passage à la médiathèque, quand nous avons trouvé un album de Leo Loden qui nous avait échappé l'année dernière quand nous les avions dévorés les uns après les autres !
Dans ce vingt-deuxième opus, nos héros se retrouvent face à un magnat russe qui souhaite rencontrer les patrons de la pègre varoise et souhaite l'entremise de Léo à qui ils font miroiter l'appartement de ses rêves (ou plutôt des rêves de Marlène en plein désir d'enfant)
Léo ne semblant pas accrocher à ses propositions, Marlène et sa mère sont enlevées, et nos héros mettent à contribution des amis de Tonton pour les sortir de ce mauvais pas !
Encore un album passionnant qui fleure bon le pastis et la bouillabaisse :)
A suivre ... si nous arrivons à débusquer les trois manquants !
Dans le même bateau de Zelba
Un roman graphique d'une jeune allemande qui évoque, en parallèle, l'adolescence de l'auteur et ses entraînements puis compétitions d'aviron et la chute du Mur de Berlin et les évolutions politiques et sociétale qui s'ensuivirent.
Un dessin frais et précis, un scénario plaisant et une vision étonnante de vérité dans le quotidien de ces adolescentes, amours naissantes, entraînements rigoureux et joie de la victoire lors des premiers championnats du monde d'aviron féminin
Les différences de traitement et de gestion des jeunes sportifs entre Est et Ouest sont bien évidemment évoquées mais sans trop s'appesantir sur le sujet délicat du dopage à l'est .
Un ouvrage historique qui rappelle en quelques planches la situation des deux blocs avant et après la chute du mur, et le - quand même douloureux - effacement volontaire de l'histoire de l'est, de ses progrès sociaux, de la liberté des femmes et de la jeunesse !
Une belle découverte dans le rayon BD de ma médiathèque !
Culottées de Pénélope Bagieu
Il y a quelques années, Pénélope Bagieu avait publié, sur son blog (puis dans Le Monde), des biographies dessinées de femmes remarquables, oubliées, jamais honorées ayant fait progresser la science, les droits de l'Homme, l'Humanité.
Ces planches étaient parues en album, que je n'avais pas lus car reprise des articles du blog.
Quand ma médiathèque a déposé "Culottées- l'intégrale" sur sa table des nouveautés BD, je l'ai emprunté, et, à ma grande surprise, les planches qui le composent sont en grande partie inédites.
J'y ai donc découvert ces autres femmes étonnantes, dont j'avais déjà entendu parler, comme la volcanologue Katia Krafft, la mécène Peggy Gugenheim ou l'actrice-inventeur du wi-fi Heddy Lamar et d'autres moins connues comme Phulan Devi, la reine des bandits indienne, Las Mariposas, les sœurs rebelles dominicaines ou la journaliste Nelly Bly.
Une belle façon de remettre ou plutôt de mettre ces femmes à l'honneur !
A noter que cet album a été transformé en série animée.
Un très bon moment instructif de lecture, au bémol près qu'avec un poids de 1,4 kg, cet ouvrage ne peut se lire que posé sur une table !