romans francais
Le grand monde de Pierre Lemaitre
Quel régal !
J'ai dévoré en deux jours ce roman-fleuve qui nous plonge dans l'après-guerre parisien, libanais et indochinois.
1948, à Beyrouth, dans la famille Pelletier, les quatre enfants sont tous prêts à quitter le nid.
Louis Pelletier, patron d'une savonnerie industrielle réputée est toujours fou amoureux d'Angèle avec qui il a émigré de Marseille à Beyrouth au début des années 20.
Leur aîné, Jean, n'a pas la fibre savonnière, il part à Paris avec sa jeune épouse acariâtre et frustrée, s'essayer à une nouvelle carrière de représentant de commerce.
Le second, François, parti lui aussi à Paris, n'a même pas tenter d'entrer à Normale Sup où il prétend être étudiant, mais fais son trou dans le journalisme, spécialiste en faits divers au Journal du Soir.
Etienne, le troisième, est parti pour Saïgon, pour retrouver Raymond, le légionnaire belge dont il est fou amoureux.
Et Hélène, la petite dernière, cumule les frasques beyrouthines jusqu'à son départ pour Paris, où elles seront parisiennes !
Majoritairement centré sur Etienne, ce roman dévoile le trafic monétaire institué entre Saïgon et la France où trafiquants en tous genres doublent rapidement leurs fortunes avec la bénédictions des officines et banques françaises !
Magnifiquement servi par une écriture vive, rapide, serrée, efficace, ce roman lève le voile sur les premières escarmouches de la guerre d'Indochine, les techniques de financement de la guerrilla viet-minh, mais aussi sur la presse française de la fin des années 40, les collusions et quelques faits de corruption ...
Pierre Lemaitre décrit également les difficultés de la vie quotidienne dans la France toujours soumise aux tickets de rationnement, mentionne la grogne sociale et la grève des mineurs qui semble imminente ...
Des personnages bien campés, quelques rebondissements qui pimentent le récit, les liens dévoilés avec d'autres ouvrages de l'auteur, un horizon qui s'ouvre ...
J'attend maintenant avec impatience la sortie du tome suivant pour connaître la suite des aventures de la famille Pelletier !
La chamane de Lascaux de Sophie Marvaud
En fin d'année dernière, je me suis régalée à la lecture du Choc de Carnac, de Sophie Marvaud. Cette enquête sur un meurtre d'un voyageur du Néolithique avait été passionnante et riche d'enseignements.
Quand j'ai vu que NetGalley proposait 'La chamane de Lascaux', je l'ai sollicité aussitôt, et je l'ai dévoré en 24 heures !
Quelques membres de la famille des Quatre Encoches, membre du Clan des Grandes-Mains-Blanches, une tribu semi-nomade des bords de la Vézère est partie en expédition jusqu'au bord de l'Océan Atlantique pour y ramasser des coquillages qui serviront de dot à la fille du chef de clan.
Iranie, celle qui devait succéder à la chamane est retrouvée morte, sur la plage au petit matin. Meurtre ou accident ...
Licorne-La-Puissante, la chamane en titre cherchera les indices qui lui permettront d'élucider cette énigme.
Sur le chemin du retour, semé d'embûches, ils croiseront des mammouths, échapperont à une horde de rennes en furie, croiseront des loups et un chaman misogyne ...
Un roman passionnant et instructif, préfacé par le Professeur Jean Clottes, qui se lit comme un polar tout en apportant un brillant éclairage sur ces humains d'il y a 15 000 ans ...
(Je me suis fait une fausse joie en découvrant un autre roman de Sophie Marvaud sur un site d'occasions, 'Meurtre chez les Magdaléniens' ... mais c'est le titre de la 1ère édition de La Chamane de Lascaux', je vais devoir patienter avant de lire son prochain ouvrage !)
Je remercie vivement NetGalley et 10/18 pour m'avoir fait parvenir cet ouvrage
#LaChamanedeLascaux #NetGalleyFrance
L'année du gel d'Agathe Portail
Leur vigne ayant été sévèrement touchée par le gel, Alexane Mazet vient de convertir une partie de leur 'chateau' en chambres d'hôtes, dont les tout premiers occupants sera une bande de copains, 2 couples, 3 célibataires,
Ils se connaissent depuis leurs années étudiantes à Clermont Ferrand et ont suivi des parcours différents. Ce week-end dans le Bordelais devrait leur permettre de resserrer leurs liens ...
Mais alors qu'il vient déposer les croissants, le pain et les chocolatines du petit déjeuner, le curieux boulanger du village pousse la port de la chambre froide et y découvre un cadavre.
L'enquêteur Géraud Dambérailh et sa brigade vont mener l'enquête avec la complicité de sa tante Daphné, voisine des Mazet, et qui héberge l'un des membres du groupe.
Un cosy polar à la française, des personnages bien campés, des second rôles qui apportent une véritable touche d'authenticité au récit.
Bref un premier roman qui m'a donné envie de continuer à fréquenter ces personnages.
Ca tombe bien : l'auteur en a déjà écrit deux autres !
Ciao bella de Serena Giuliano
Anna a peur, elle a toujours eu peur, du plus longtemps qu'elle se rappelle ...
Elle a encore plus peur depuis que son fils est né grand prématuré. De nouveau enceinte, elle se résout à aller voir une psy.
Et cette rencontre, cette libération de sa parole lui permettra de remettre en cause sa vie, de revisiter son enfance, et de réinventer sa vie !
D'un blog a succès, Serena Giuliano a réussi le passage à l'écriture de roman !
Un premier essai, une réussite !
J'avais déjà lu Mamma Maria ... et Luna m'attend dans ma liseuse !
A suivre donc !
115 de Benoît Séverac
J'ai découvert Benoît Séverac en 2008, en lisant son excellent "Les chevelues" un polar gaulois !
Je l'ai retrouvé quelques années plus tard, avec "Rendez-vous au 10 avril", en 1921.
J'ai fortement apprécié Silence et Little sister, ses romans pour ados.
En 2020, j'ai découvert Sergine, une jeune vétérinaire toulousaine, et Nathalie Decrest, de la BAC nord dans Trafics.
On les retrouve toutes les deux, dans ce nouveau roman où se croisent jeunes femmes albanaises, combats de coqs, et rivalités entre SDF toulousains.
Une vétérinaire qui veut soigner les chiens des SDF et qui découvre un trafic sordide, une policière qui veut respecter les règles mais ... qui écoute la véto
La naissance d'une amitié.
Benoît Séverac sait raconter des histoires, décrire sa ville, et nous entraîner au fil des berges du canal du Midi, de la Garonne ou du périphérique, pour mettre au jour un Toulouse bien éloigné des clichés touristiques.
Un écrivain dont je ne rate aucun opus!
La décision de Karine Tuil
Après avoir découvert Karine Tuil avec "L'insouciance" en 2016, j'avais enchaîné la lecture de trois autres de ses romans, qui m'avaient tous plu.
J'ai lu 'Les choses humaines' quelques jours après sa publication, tout comme LA décision, qui m'a littéralement bouleversée.
On y découvre Alma Revel, juge antiterroriste qui doit statuer sur l'éventuelle remise en liberté d'AbdelJahil Kacem, emprisonné suite à son retour de Syrie, pour suspicion de terrorisme.
On suit les interrogatoires menés par la juge, sa recherche des motivations de Kacem, ses interrogations sur sa franchise, ses possibles manipulations.
Dans le même temps le couple formé par la juge et son mari, écrivain prodige puis tombé dans l'oubli, s'effrite, un amant pointe son nez, mais quel amant !
Comment bien juger, bien décider, rester impartiale, déceler les mensonges, recouper judicieusement les propos de KAcem avec ceux de son épouse et de sa mère, écouter les enquêteurs ...
ET devoir décider seule puis vivre avec les conséquences de cette décision.
Un très beau portrait de femme, avec ses doutes, la charge qui pèse sur ses épaules, sa solitude.
Un roman qui m'a tellement bouleversée que j'ai dû faire des pauses dans sa lecture, pour reprendre mon souffle, me recentrer, et ... le faire durer.
Encore une fois, Karine Tuil montre sa capacité à décrire les choses humaines, et à nous entraîner dans la psychologie de ses personnages, à écrire des romans ancrés dans l'actualité, sans coller à celle-ci.
Une auteur précieuse.
Un de ses meilleurs romans.
Libérées ! (Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale) de Titiou Lecoq
J'aime beaucoup l'écriture de Titiou Lecoq, dont je ne ratais jamais les chroniques hebdomadaires sur Slate qui se sont achevées (snif !) tout récemment.
Je l'avais même rencontrée, grâce à Babelio, après avoir lu sa biographie de Balzac "Honoré et moi".
Ma fille m'a passé récemment cet essai féministe qui démarre avec une chaussette qui traîne par terre, et qu'elle décide de ne pas ramasser ... et cette chaussette va devenir invisible pour tous les membres de sa maisonnée sauf les siens et cristallisera toutes ces injonctions 'féminines depuis la nuit des temps' qui permettent de se réjouir d'une maison bien rangée, d'une cuisine étincelante et de piles de linge bien alignées ...
Mais au bout du compte n'est-ce pas les femmes elles-mêmes qui s'obligent à ces activités, qui s'interdisent de briguer des postes à plus hautes responsabilités parce qu'elles sont mères ou souhaitent le devenir ?
Quelle est la réelle part de misogynie et de plafond de verre vs le fait de ne même pas essayer ?
De nombreuses pistes de réflexions et notamment celle qui vise à ne plus se poser en victime !
Une lecture salutaire à mettre entre toutes les mains !
On noie bien les petits chats de Françoise Guérin
Quand Betty s'est présentée à l'hôpital, pensant quelle allait accoucher, une sage-femme acariâtre l'a renvoyée attendre chez elle. Mais quelques heures plus tard, il fut presque trop tard.
Quand elle se réveille dans sa chambre d'hôpital, elle n'a qu'un souvenir embrouillé, d'un chauffeur de taxi, de l'absence de son mari et elle découvre avec horreur que le bébé a été prénommé Noé, prénom qui lui laisse un sentiment d'horreur.
Avec un sens aigu du suspense, Françoise Guérin nous décrit la lente remontée des souvenirs d'enfance de Betty, de l'indifférence passive de ses parents à ses efforts pour se sortir d'une emprise maléfique qu'elle a depuis totalement occultée.
Elle décrit de façon factuelle des conditions d'accueil des parturientes dans des services de maternité débordés et peu empathique, où justement l'empathie semble bannie et punissable, situation qui contraste fortement avec celle de l'unité mère-bébé d'un service de psychiatrie où le but est de se faire rencontrer mère et enfant en les protégeant mutuellement l'un de l'autre.
Un roman très dur, qui se lit (presque) d'une traite, avec une conclusion que je n'avais pas devinée à l'avance.
Un roman qui couple thriller et psychologie de l'attachement mère-enfant, combinaison atypique mais qui fonctionne très bien !
Je remercie vivement Babelio et les Editions Eyrolles de m'avoir fait parvenir cet ouvrage, dans le cadre d'une opération Masse Critique et je me réjouis de rencontrer très bientôt l'auteur.
Le retournement de Manuel Carcassonne
Il est extrêmement rare que je ne lise pas un livre jusqu'au bout.
Surtout quand je l'ai reçu en cadeau.
Mais là, je ne peux pas ...
Je n'en peux plus d'entendre cet homme chouiner !
Je ai sollicité ce 'roman' auprès de NetGalley, car les sujets de l'archéologie familiale et de la psychologie généalogique m'intéressent.
Mais franchement est-il nécessaire de remonter aux origines du peuple juif pour expliquer son mal être ?
Est il nécessaire de réaliser une compilation de textes de grands auteurs, de les pimenter de souvenirs de rencontres avec d'autres grands auteurs et de faire publier le tout dans la maison d'édition dont on est le Directeur Général ...
J'ose espérer qu'il l'a écrit lui même ...
Bref ma première déception littéraire de l'année !
Je vais être très vigilante à l'avenir !
#LeRetournement #NetGalleyFrance
La disparition de Jim Sullivan de Tanguy Viel
Un romancier français décide d'écrire un 'roman américain' ...
Tel est le point de départ de ce roman de Tanguy Viel, qui n'écrit pas là un roman 'américain' mais qui décrit comment un écrivain français pourrait écrire un roman américain !
Choix des personnages, de leurs noms, de leur situation (prof d'université, femme au foyer, étudiante, couple divorcé, ... ), de leurs styles de vie (voitures, cuisines à l'électro-ménager dernier-cri, ... ) des scènes incontournables (l'assassinat de Kennedy, le 11 septembre), du lieu de l'action (à l'écart de tout, mais avec des road-trips qui ramènent aux incontournables du grand Ouest !)
Bref un roman qui comporte tous les ingrédients nécessaires mais qui ne semble pas être un roman par la distance apportée par le style et le recul apportés par Tanguy Viel à cette description !
Une sorte d'OVNI littéraire mais néanmoins un roman plein d'humour qui se lit d'une traite ...
J'ai été récemment déçue par des romans 'américains' écrits par des auteurs français ... je ne peux donc qu'apprécier celui là qui m'a montrée une autre facette du talent d'un auteur qui me surprend à chacun de ses romans.
Une belle découverte.
Un auteur à suivre absolument !
(D'ailleurs, un autre de ses romans m'attend ... )
