romans francais
Racket de Dominique Manotti
Le roman commence à JFK, où, à peine sorti d’en son avion, François Lamblin, cadre supérieur venu vendre des chaudière sur Orstam, est arrêté par la police.
Son entreprise est sous le coup d’une enquête pour versement de pots de vin illicites en Indonésie ...
Et pourtant avant de partir, François a consulté son directeur juridique qui lui a assuré qu’il ne courrait aucun risque en allant aux USA (malgré la note récente du Directeur Général dissuadant le personnel de traverser l’Atlantique)
Deuxième personnage à entrer en scène : Ludovic Castelvieux, jeune financier dont la société CredAto jouait les intermédiaires entre la banque PE-Credit de Montréal et des mafieux souhaitant blanchir leur argent ... Mais des règlements de comptes entre mafieux canadiens lui font regagner la France à la recherche d’une aide pour récupérer son argent coincé aux Caïmans.
Troisième lascar : Nicolas Barrot, conseiller du Président d’Orstam, chargée de régler ennui interne les remous liés à l’affaire Lamblin.
Récemment débarquée de la BCRI, la commandante Nora Ghozali vient-il prendre un poste à la Direction des renseignements parisiens.
Patiemment, lentement, en n’utilisant pas que des méthodes orthodoxes, elle démêlera de son noeuds bien touffus et éclairera pour nous l’affaire Orstam.
Apres le Sentier, les courses, le foot, le commerce des armes et les détournements de fonds publics, Dominique Manotti aborde ici les manœuvres peu reluisantes utilisées par un conglomérat américain pour mettre la main sur un joyau de l’industrie française.
Elle pointe du doigt comment dans la libérale Amérique, les services de l’Etat (FBI, NSA, Justice) appuient les entreprises, alors que chez nous, malgré les mises en garde des RG et de la’ DGSI, ni Bercy, ni l’Elyséen sont intéressés.
L’auteur précise que ce roman est très librement inspiré de l’affaire Alstom / General Electric.
Mais que cela fait froid dans le dos ...
Première dame de Caroline Lunoir
Quand Paul annonce à Marie qu'il va être candidat aux primaires de son parti en vue de l'élection présidentielle, sa femme Marie, qui le pressentait, décide de tenir un journal pour consigner les éléments de leur vie pendant les jours qui les séparent du résultat de l'élection présidentielle.
Ce journal décompte ainsi le compte à rebours de un an, onze mois et 26 jours, soit 725 jours jusqu'à la décision finale du corps électoral ...
Au fil des souvenirs de Marie, elle, brillante étudiante en droit, journaliste spécialiste de l'Europe de l'Est, parlant russe, a laissé sa vie personnelle entre parenthèses quand Paul a choisi d'entrer en politique. Ils ont eu quatre enfants, ont parcouru la France au gré des affectations préfectorales triennales ... Aujourd'hui, elle n'est lus que pigiste occasionnelle ... Ses enfants ont grandi, elle occupe son temps entre le jardinage dans leur maison de campagne et ces chasses à courre qu'ils affectionne tous les deux ...
Mais les projecteurs braqués sur Paul et leur famille tout au long de cette longue, très longue campagne vont briser à jamais sa vie calme et tranquille ...
L'auteur brosse le portrait de Marie en combinant en elles celui de celles qui l'ont précédée ... On y retrouve un peu de Bernadette Chirac, un soupçon de Valérie Trierweiler, une pointe de Cécilia Sarkozy et même quelques traces de Patricia Cahuzac !
Je ne dévoilerai rien des péripéties qui émaillent ces presque deux ans, ce dévouement d'une épouse qui, bien que lucide, accompagnera son époux au bout de son ambition ...
J'ai beaucoup aimé la conclusion du roman.
Bref un bon roman, même s'il ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Le discours de Fabrice CARO
Ce soir-là, Adrien est en 'pause' de sa relation avec Sonia depuis 38 jours. 38 longs jours, depuis qu'elle lui a annoncé qu'elle avait besoin d'une pause. 38 longs jours qu'Adrien se morfond ...
Il vient de craquer : à 17h24 il lu a envoyé un sms amical, juste avant de partir de chez lui pour aller dîner chez ses parents.
Sonia a lu le message à 17h56.
Et depuis, Adrien attend sa réponse ...
Autant dire que quand Ludo, le compagnon de sa sœur lui a demandé de prononcer un discours en honneur de Sophie le jour de leur cérémonie de mariage, Adrien a été pris de court et n'a pu que balbutier son accord.
Et tout au long de ce roman, tout au long de ce repas, où s'écoulent tous les poncifs habituels des repas de leur famille - souvenirs d'enfance des parents, de Ludo et de Sophie, oublis rituels de ses dégoûts alimentaires (le poivron, pas le concombre), mêmes sujets, mêmes répliques ... si ça se trouve au même moment ! - Adrien se demande ce qu'il pourra bien dire dans ce discours, tout en zieutant régulièrement son téléphone dans l'attente de cette réponse qui n'apparaît pas !
Un roman qui se lit rapidement, à peu près le même temps qu'un repas de famille ... et comme dans un repas de famille, un roman où on s'ennuie un eu, où on ressasse griefs et erreurs tout en s'aimant quand même ...
Un auteur que je découvre ...
Abattez les grands arbres de Christophe Guillaumot
Cela faisait un moment que je n'avais pas été autant emballée par un roman policier français, toulousain qui plus est !
Avec ce premier opus de Christophe Guillaumot, capitaine de police au SRPJ de Toulouse, on suit Renato Donatelli, gardien de la paix kanak à la brigade des stups toulousaine, affecté dans une équipe où les petits arrangements avec la loi sont légion ...
Sauf que Renato est réglo ! Il ne dira rien mais ne fera non plus rien de répréhensible !
Un jour, alors que son équipe perquisitionne chez un dealer, il est intrigué par la porte voisine qui bat doucement et laisse apparaître une toute petite fille ... il va explorer l'appartement et découvre que les parents du bébé ont été victimes d'un carnage ...
S'ensuivra une enquête tortueuse qu'il mènera en off avec la dernière recrue de la Crim', préposé aux procédures .. .
Une enquête qui fera remonter à la surface les atrocités commises pendant la guerre civile du Rwanda ...
Un roman bien mené, avec des personnages attachants et bien campés, tant parmi les héros que pour les second rôles !
Une ville de Toulouse évoquée et parcourue avec justesse, sans erreurs, ni invocations sirupeuses de l'âme de Claude Nougaro dont il n'est fait nulle mention (comme quoi c'est possible !)
Un roman qui évoque à peine - et à bon escient - la catastrophe d'AZF, point Godwin toulousain !
Bref, un auteur que je découvre mais dont je vais activement rechercher les autres productions !
Fake news de Michèle COTTA & Robert NAMIAS
François Berlau, le plus jeune président de la République française, s'est isntallé à l'Elysée voilà un an avec sa femme et ses deux filles.
Sa première année y fut idyllique, concrétisant l"élan de sa campagne électorale ...
Relations extérieures au beau fixe, reconnaissance internationale, pays apaisé ...
Mais la seconde année de son quinquennat tourne à l'horreur quand le Président du Sénat est assassiné et que la police ne trouve aucune piste pour élucider ce crime ...
Sur ce des documents compromettants sur le financement de la campagne du Président paraissent dans la presse ...
Les dénégations du Président n'y feront rien, sa cote de popularité tombe en chute libre ...
Un roman avec quelques longueurs en premières parties et de trop nombreuses ellipses dans les derniers chapitres qui semblent raccrochés sans trop savoir comment ...
Un roman donc qui aurait mérité d'être repris pour gagner en efficacité et en réalisme
Mais un roman quand même bien ficelé qui confirme qu'il faut se méfier des infos ... mêmes celles qui semblent justifiées par des documents ...
A la ligne - Feuillets d'usine de Joseph PONTHUS
Un roman atypique, aux phrases et paragraphes courts, ayant l'allure d'un poème avec ce texte justifié à gauche, ses retours à la ligne fréquents, qui scandent le propos et le rendent plus vif, plus rapide, plus saccadé ...
Un roman où le narrateur nous raconte sa vie d'ouvrier intérimaire dans des usines agro-alimentaires, celles qu'on ne voit pas, celles qui transparentes pour les consommateurs, conditionnent les produits de la mer avant qu'ils soient mis à disposition dans les supermarchés ...
Ouverture des bacs de crevettes, tri, cuisson, manutention, nettoyage, pelletage des sacs de bulots, cuisson ... longues journées de travail parfois de nuit, mieux rémunérées ... et ce plaisir un peu coupable de déguster quelques produits en cachette ...
Et pour tenir, se réciter des poèmes, se remémorer des extraits de roman, égrener des listes de poètes ..
Car le narrateur avait un tout autre métier … après des études littéraires, il était éducateur spécialisé, dans l’Est de la France … et s’il est en Bretagne c’est parce qu’il y a rejoint sa copine et l’a épousée … et parce qu’il faut bien gagner sa vie, il s’est inscrit dans une agence d’intérim acceptant toutes les propositions …
Il est donc en usine, et nous décrit la présence des chefs, la force physique nécessaire pour pallier au défaillances des machines et tenir les cadences, traiter les produits dans le temps imparti voire prendre de l’avance pour ceux de la rotation suivante …
Mais quand arrive un remplacement dans son domaine de compétences, il y court … avant de revenir, dans une autre usine, un abattoir cette fois dont il nous décrira les différents postes occupés dans un style toujours aussi factuel
Et promis, je penserai à ces ouvriers quand je décortiquerai ma prochaine crevette !
Un roman qui m’a envoûtée, emportée, malgré le bruit et les odeurs, les conditions difficiles, la nécessité …
Un roman qui prend aux tripes et qui mérite grandement le Prix RTL /Lire 2019 qu’il vient de décrocher !
Anatomie de l'amant de ma femme de Raphaël RUPERT
Raphaël, architecte en "transition professionnelle", est écrivain, enfin il essaie de l’être ou plutôt de le devenir !
Epoux d'une écrivain(e) qui publie régulièrement un livre par an, il traîne à la maison cherchant l'inspiration, lui cuisinant ces plats tripiers qu'elle affectionne, visionnant des films pornos, et alignant quelques mots chaque jour ...
Il tombe un jour sur un vieux carnet de sa femme décrivant les caractéristiques physiques d'un certain Léon ...
Aussitôt persuadé que sa femme le trompe, il la file au travers des rues parisiennes, rencontre un Léon (mais est-ce le bon ?), le file à son tour nous entraînant dans ses balades diurnes et nocturnes au travers des ruelles du Marais, et de ses bars ... puis la trompe avec sa meilleure amie et en profite pour nous décrire avec une extrême précision l'anatomie de l'amie de sa femme et le détail de leurs ébats ...
La fin de ce roman en sera presque le meilleur moment ...
Je me suis prodigieusement ennuyée avec les masturbations intellectuelles et les descriptions de sexe de cet auteur dont je découvrais ce premier opus mais dont je ne rechercherai certainement pas les prochaines productions ...
Le premier miracle de Gilles Legardinier
Je n'avais pas du tout accroché à la lecture de 'Demain j'arrête', mais j'avais bien aimé tant 'Nous étions les hommes' que 'L'exil des anges, alors, quand j'ai vu que Gilles Legardinier avait écrit un nouveau "thriller", je n'ai pas résisté à l'emprunter à la bibliothèque numérique de la Ville de Paris.
J'ai ainsi fait la connaissance de Ben, un historien qui cache sa timidité derrière un humour potache parfois exaspérant. Ben c'est un peu Indiana Jones ou Robert Langdon ...
Comme eux, il est à deux doigts de sauver le monde, mais de manière bien moins rocambolesque et en n'ayant affaire qu'à un grand méchant (bien entouré cela dit ... ) ...
Heureusement Karen est là pour le protéger ...
Un roman d'aventures très bien documenté, qui nous entraîne dans une enquête historico-mystico-archéologique reliant alchimistes et civilisations disparues ...
Roman un peu trop gentil à mon goût, avec des rebondissements et des voyages parfois tirés par les cheveux où on trouve à la fois quelques longueurs et quelques ellipses ...
J'ai passé un bon moment avec ce roman ... qui est parfait pour l'été et le farniente ... mais que j'ai lu en hiver !
Vigile de Hyam ZAYTOUN
Un bruit étrange réveille la narratrice au milieu de la nuit.
Il émane de son compagnon, couché auprès d'elle.
Ce vrombissement, c'est sa respiration. Il est trempé de sueur.
Elle allume la lumière, découvre qu'il a les yeux fixes qu'il ne respire plus, que son coeur ne bat plus ...
Ces souvenirs de cours de secourisme lui reviennent et elle lui fait un massage cardiaque, appelle le 18 ...
Les pompiers l'emportent à l'hôpital où il sera opéré puis mis en coma artificiel.
Hyam Zaytoun nous raconte tout ce qui se passe ensuite : les coups de téléphone aux parents, aux frères et soeurs, aux amis, aux employeurs, les rendez-vous à annuler, l'attente des rencontres avec les médecins, du décryptage de leurs informations, l'angoisse de ce qui se passera si, la peur de ne pas arriver à gérer l'intendance de la maison ...
Elle décrit très bien toutes ces idées qui pullulent sur ce qu'il faudra faire au quotidien, sur le futur rêvé qui s'effondre, sur la gestion des enfants qu'il faut protéger sans rien leur cacher ...
Elle insiste sur la chaleur enveloppante des parents et des amis qui s'occupent du quotidien la laissant à l'essentiel : rester au chevet de son homme et lui parler, lui raconter leur vie, ses souvenirs, tout ce qui doit le ramener à la vie.
Elle évoque les injonctions prédictives de sa fille de six ans pour que son père revienne ...
Un texte court (125) pages, poignant ...
Un style ramassé, sans fioritures, qui raconte sèchement la douleur brute de ces moments où il faut s'oublier pour accompagner et survivre.
Tout ce dont on rêvait de François ROUX
J'ai découvert François Roux en 2014, quand j'avais reçu "Bonheur national brut", lors d'une opération Masse critique de Babelio.
J'en avais bien aimé le ton, l'ancrage politique de l'histoire de cette bande de copains dont l'amitié traversait les dernières années du XXème siècle ...
"Tout ce dont on rêvait" est un roman beaucoup plus intimiste, qui nous plonge dans la famille de Justine et Nicolas, à l'approche de leur cinquantaine, parents parisiens de deux ados.
Rien n'aurait dû rapprocher ces deux là, si ce n'est Alex, frère de Nicolas et amant de Justine, qui une fois larguée, avait accepté les avances de Nicolas ...
Parce que la question fondamentale de 'Que veut Justine ?', 'A quoi rêve Justine ?' ... et bien Justine ne semble pas en avoir la réponse.
Elle a grandi en opposition à un père qui la méprisait, comme il méprisait toutes les femmes et le monde entier sauf lui. Ecrivain non publié, grand baratineur, Joseph a passé la vie de Jusiine à la rabaisser et à lui refuser l'amour paternel qu'elle attendait, condition sine qua non de la construction de la confiance en soi.
Devenue infirmière, Justine s'est spécialisée en addictologie, des accros à l'alcool ou aux drogues, au jeu, et même aux victimes de burn-out ...
Nicolas,lui est directeur administratif et financier d'un palace parisien... jusqu'au jour où ce palace est racheté par des investisseurs qataris et que son poste sera un des premiers visés dans la chasse aux doublons !
Et voilà comment l'équilibre se rompt.
Qu'après les premiers mois passés à l'abri du parachute doré, les fissures vont apparaître, les non-dits, les attentes oubliées, les habitudes qu'on n'envisage pas de modifier ...
Un roman qui laisse un goût un peu amer, le goût d'une vie où on se laissait vivre sans savoir qu'elle était si agréable car elle n'était que de la routine, une routine qui manque cruellement lorsqu'elle disparaît ...
Un roman qui finit sur une touche d'espoir mâtiné de l'abandon d'un rêve plus grand ... mais la difficulté n'est-elle pas de rester, d'affronter a vie quotidienne, le quotidien du couple et des enfants, la conservation des souvenirs d'une vie tissés ensemble et qui mourront si le couple se sépare ?
Un roman qui confirme mon intérêt dans les ouvrages de cet auteur.
A suivre ...