romans grecs
Le livre du feu de Christy Lefteri
J'avais beaucoup apprécié L'apiculteur d'Alep, de Christy Lefteri .
Alors quand Babelio m'a proposé de recevoir Le livre du feu, lors d'une opération Masse critique privilégiée, je n'ai pas hésité une seconde !
Irini a grandi à Londres. Sa mère anglaise était boulangère, son père d'origine grecque était facteur et, le soir, jouait du bouzouki dans les bars de la diaspora grecque.
Ce bouzouki était celui de l'arrière grand père d'Irini, seul objet sauvé quand il avait été chassé par les Turcs ...
Au décès de son père, Irini, musicienne, avait emporté ce bouzouki avec elle, dans le village grec où elle vivait avec son mari, Tasso - rencontré pendant ses vacances d'enfant au pays de son père- et leur fille, Chara.
Leur vie s'écoule paisiblement, Tasso peint la forêt, qui pousse aux portes de leur maison, forêt qui résiste aux velléités de construction de promoteurs de villas de vacances.
Jusqu'au jour où la forêt brûle, emportant tout sur son passage.
Dans une narration qui alterne souvenirs d'enfance, récit de l'incendie et reconstruction, Irina revit inlassablement la fuite au travers de la colline enflammée, butant sur les hauts portails métalliques fermés des résidences secondaires avant d'attendre dans la mer que des sauveteurs les repêchent.
Un récit d'amour, de résilience, d'amitié, de solidarité dans une famille cruellement frappée.
Un récit qui prend un tour inattendu quand Irini rencontre le responsable de l'incendie, au détour d'une balade dans la forêt dévastée.
Un roman qui prend aux tripes au fur et à mesure du déroulé du journal d'Irini, un roman qui rappelle les conséquences dangereuses des incendies qui, chaque été, ravagent notamment le pourtour méditerranéen.
Une auteur qui confirme son talent.
Vivement son prochain ouvrage !
Au 5⁰ étage de la faculté de droit de Christos Markogiannakis
Alors que sitôt arrive de Paris, il se précipite à la fac de droit pour un rendez vous tardif avec son directeur de thèse, Anghelos Kondylis bute sur un cadavre ... Et se fait assassiner à son tour.
Markou, ancien condisciple en master de criminologie d''Anghelos se trouve charge de l'enquête, hautement sensible.
Entre rivalités amoureuses, soupçons de corruption, détournements en tous genres et liaisons secrètes, il passera au crible les témoignages de ses anciens professeurs pour déceler la vérité sur l'assassinat de la prof la moins aimée du département et de l'étudiant le plus apprécié !
Un roman d'autant plus intéressant que la découverte du coupable n'est pas la fin du roman et que dans une conclusion a la Hercule Poirot, tous les protagonistes se trouvent réunis et leurs turpitudes dévoilées ...
Bref un roman très plaisant que j'ai lu in situ.
Une écriture plaisante, des personnages bien définis, un mobile peu fréquent et de trop rares incursions dans les rues d'Athènes
Un auteur dont je vais guetter les prochaines productions.
Une belle découverte.
Le plongeur de Minos EFSTATHIADIS
Un roman qui commence comme une histoire de détectives classique mais qui, après des détours historiques finit dans l'horreur.
Une histoire de famille, d'exil, d'amour ...
Chris Papas, détective privé à Hambourg, de père grec et de mère allemande, est chargé, par un vieil homme anonyme, d’une enquête des plus banales. Il doit suivre une femme et rendre compte de ses déplacements dans les prochaines quarante-huit heures sans jamais l'avoir quittée d'un œil.
Il la suit dans un hôtel, où elle prend la chambre 107. Le détective, s'installe dans la chambre voisine, mais, en homme faible, il s'endort. Au matin, elle a disparu.
Mais ce jour-là, le vieil homme se suicide dans la chambre 107. Et la police cherche des noises à Chris PApas, qui, sur un coup de tête décide de suivre les traces de la belle Eva.
Et le voilà en Grèce, à Aghion, dans le village de ses ancêtres, où il mettra au jour bien malgré lui les exactions commises par des nazis, à quelques encablures du village martyr de Kalavryta.
Un roman fort et dense, aux nombreux rebondissement et à l'intrigue bien complexe, mais dont la fin m'a cependant bien dérangée.
L'apiculteur d'Alep de Christy Leftery
Quand Nuri a découvert les ruches de son cousin Mustafa, il a eu le coup de foudre pour les abeilles et a brisé le cœur de son père qui l'aurait bien vu reprendre les commerce familial de soieries.
Nuri vit à Alep avec son épouse Nafra, artiste peintre et leur fils Sami de 7 ans.
Mais la guerre éclate. Des vandales brûlent les ruches. Sami meurt d'une balle perdue et sa mère perd la vue suite à ce choc.
Le roman alterne les scènes dans un foyer de réfugiés, dans le Sud de l'Angleterre et le récit du périple de Nuri et Afra pour quitter la Syrie.
Après la mort de Sami, ils ont quitté Alep, avec pour objectif de rejoindre Mustafa, déjà parti pour l'Angleterre. Mustafa qui les guide à distance en leur laissant mails ou sms que Nuri récupère épisodiquement au hasard de ses possibilités de connexions internet dans ce long exode.
Entre passeurs qui proposent des bateaux de fortune, camp de réfugiés sur une île grecque, puis à Athènes, passeurs douteux, Christy Lefteri, forte de son expérience dans une ONG à Athènes, parvient à nous faire vivre le voyage de ces deux migrants.
Sans pathos ni mièvrerie, ce roman donne à voir les conditions d'exode, et de rebond quand arrive enfin le bout de l'errance
Une belle découverte. Un auteur à suivre.
Stavros de Sophia MAVROUDIS
Stavros Nikopolidis est un policier athénien originaire de Smyrne d'où ses grands parents ont été exilés. Il a grandi auprès d'un père communiste, opposant à la dictature.
Cette double origine le rend sensible à toute forme d'oppression et de corruption ... D'ailleurs, il y a quelques années sa femme, archéologue, a disparu alors qu'elle venait de découvrir un morceau égaré de la frise du Parthénon ...
Et aujourd'hui, ça recommence ... Le cadavre d'un archéologue est retrouvé à l'aube au pied de l'Acropole et un morceau de la frise a disparu ...
S'ensuit un roman dans une Athènes où s'écharpent policiers intègres, politiciens corrompus et mafias d'Europe centrale sur fond de trafic d'êtres humains et d'antiquités ...
Un roman bien plus noir que ceux de Petros Markaris, avec une équipe de policiers cosmopolite qui œuvrent dans une Athènes écartelée entre traditions et modernité.
Un roman qui donne à voir les dessous de la capitale grecque, ses tavernes, ses joueurs de tavli, et son ouzo ...
Un premier roman d'un auteur qui doit encore 'muscler son texte' et qui pourrait devenir la version grecque de la romaine Gilda Piersanti ...
Merci à Babelio, et à sa dernière opération MAsse critique, et aux Editions Jigal Noir de m'avoir permis de le découvrir
Offshore de Petros Markaris
La crise est finie !
La Grèce va mieux !
Un nouveau gouvernement ni de droite ni de gauche est aux manettes et augmente les salaires des fonctionnaires. Les voitures circulent à nouveau dans les rues, les embouteillages sont de retour ...
Et des entreprises de shipping autrefois délocalisées en Angleterre reviennent s'installer au Pirée !
Pour tout le monde c'est la fête ...
Pour le commissaire Charitos, c'est louche et quand un cadre supérieur de l'Office de tourisme est assassiné tout comme un journaliste qui enquêtait sur ce premier meurtre, Charitos se demande qui est derrière tout cela ...
Intègre, pur, droit dans ses bottes même si cela l'oppose à sa hiérarchie, on retrouve dans ce roman tout ce qui fait le charme du personnage et de son épouse, qui l'épaule toujours autant !
Bref, un roman qui fait du bien :)
Vivement le prochain !
Gioconda de Nikos KOKANTZIS
Dans la Thessalonique de la fin des années 30, les communautés vivent au plsu près les unes des autres.
Tout près de la maison de Nikos, à côté du terrain vague qui jouxtait leurs maison vivait une famille juive aux 4 enfants.
Quand l'histoire débute, Gioconda et Nikos ont 13 ans ...
Dans ce court roman autobiographique, Nikos raconte comment leur amitié d'enfants s'est transformée, leurs premiers émois, leur découverte réciproque du corps de l'autre, leurs premiers ébats ... jusqu'à ce que la famille entière de Gioconda s oit arrêtée et déportée ...
Un roman tout en douceur, tout en fines touches où perce cependant avec une terrible force le chagrin d'avoir perdu son grand amour ...
Un très court roman d'une très grande force ...
Epilogue meurtrier de Petros Markaris
Avec ce quatrième volume, Petros Markaris clôt la trilogie de la crise ... qui compte finalement quatre romans
On y voit la montée en puissance d'Aube Dorée qui gangrène jusqu'aux rangs de la police
Il témoigne de la solidarité familiale intergénérationnelle ainsi que l'entraide entre amis, mais aussi la montée du racisme, la méfiance envers les gouvernements de tous bords et le rejet des politiques européennes.
Roman athénien davantage que roman grec, roman où pointe quand même l'espoir que les choses s'arrangent quand elles ne pourront plus tomber plus bas ...
Un polar, mais aussi un témoignage sur l'Athènes d'aujourd'hui ...
J'y retourne bientôt :)
Le justicier d'Athènes
Dans ce roman, Petros Markaris met en scène une nouvelle fois le commissaire Charitos, chargé cette fois d'enquêter sur l'assassin de fraudeurs fiscaux qui dépose ses victimes sur des lieux archéologiques, les taxe et rend l'argent à l'Etat !
Dans cette série qui a commencé avec Liquidations à la grecque, et surnommée 'la trilogie de la crise', l'auteur évoque les méfaits de la Troïka sur la Grèce : réduction des salaires des fonctionnaires, désirs d'émigration des diplômés qui n'ont au pays que le choix entre chômage ou salaires de misère, suicide de personnes âgées ...
Des personnages récurrents attachants, des balades dans Athènes et ses environs ...
Un auteur que je suis avec plaisir ...
Liquidations à la grecque de Petros Markaris
Nouvel opus de Petros Markaris mettant en scène le commissaire Charitos, ce roman nous emmène dans Athènes où un assassin décapite ses victimes.
Victimes qui ont toutes un lien avec La Crise Économique ...
Sur fond de manifestations qui bloquent la capitale, des difficultés des jeunes, des suicides de commerçants acculés à la faillite et de femmes qui optimisent leurs achats en guettant toutes les promotions des supermarchés, Markaris brosse un portrait assez fataliste de la situation grecque.
A lire surtout pour cette description de la vie quotidienne à Athènes du début de cette décennie.