theatre
Racine carrée du verbe être de Wadji MOUAWAD
A partir du postulat : ""Pourquoi vivre ne suffit il pas à notre bonheur ?", Wadji Mouawad déroule dans cette pièce de théâtre toutes les vies possibles de Talyani Waqar Malik, dont les parents ont fui la guerre civile du Liban et 1978 quand il avait 9 ans.
Au moment où le port de Beyrouth vient d'être détruit par une explosion massive. on découvre Talyani dans toutes ses vies possibles : neurochirurgien italien, chauffeur de taxi parisien, peintre québécois, condamné à mort texan, boutiquier de jeans libanais.
Que ce serait il passé si le premier vol pour quitter Beyrouth, en 1978, avait été pour Rome et non Paris, si le visa français avait été prolongé l'année suivante, s'ils avaient pu émigrer aux Etats Unis et non au Canada ...
Tous ces possibles se déroulent devant nous en un texte choral au moment de la mort du père qui réunit - ou pas- la fratrie, Talyani sa sœur et son frère.
Un texte fort qui évoque des considérations écologiques (faut il sauver des arbres menacés par une construction à but social), éthiques (la fin de vie), les liens familiaux, le rapport au monde.
Un texte fort aux personnages tourmentés à souhaits.
Une belle œuvre !
Rue de Babylone suivi de Les grecs de Jean Marie Besset
J'ai toujours trouvé difficile de lire un auteur que je connaissais personnellement. Souvent, d'ailleurs, je n'ai pas pu lire leur livre en entier - trop de souvenirs me liant à la personne ou un déphasage net entre mes souvenirs et leurs écrits.
Cela faisait plusieurs années que je tournais autour des pièces de Jean Marie Besset*.
La première des deux pièces de cet ouvrage, 'Rue de Babylone', réunit les trois composantes d'une tragédie classique : un seul lieu (le hall d'un immeuble de la rue de Babylone), un seul jour (ici, quelques heures d'une nuit), un seul fait (une histoire d'hommes, d'une femme et d'amour).
Tard dans la nuit, un SDF pénètre dans le hall d'un immeuble, suivant un résident, il lui demande les 70 centimes qu'il lui manquent pour un dernier achat chez l'épicier du coin.
Leur conversation démarre, et peu à peu, ils échangent sur leurs vies.
Il partagent le repas froid laissé par l'épouse du résident, pour son mari, directeur de journal. la conversation se poursuit, le SDF abat ses cartes ...
Une pièce au déroulement impeccable et à la fin dont je ne m'était pas douté une minute !
Une belle réussite. Et même l'envie de la voir sur scène !
Je n'ai, par contre, pas du tout adhéré à la seconde pièce de ce recueil, 'Les grecs'.
*J'ai côtoyé l'auteur pendant 4 ans, en prépa d'abord, puis pendant notre scolarité en Ecole de Commerce.
Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand
Il aura fallu un challenge de lecture pour que je me plonge enfin dans ce monument de la littérature française qu'est Cyrano de Bergerac, dont je ne connaissais en fait que l'histoire de l'amoureux transi et laid qui prêtait sa plume à un bellâtre inculte, et, bien sûr la tirade du nez.
J'ai découvert une pièce à l'écriture toute cinématographique avec changements de lieux (d'un théâtre parisien, aux ruelles du Vieux Paris et jusqu'aux champs de bataille près d'Arras), changements de rythme (entre les batailles d'un Cyrano-Don Quichotte et les lettres d'amour si tendres), récits historiques et scènes d'amour !
Une belle surprise côté récit donc, mais aussi du côté du texte et de l'écriture avec des vers qui coulent comme de la prose, dans un flot que j'ai lu d'une traite tant il était prenant !
Une pièce qui commence en comédie et qui finit en tragédie ...
Bref un auteur qui me réconcilie avec le théâtre !
Phèdre de Jean Racine
Je n'avais pas lu de pièce de Jean Racine depuis au moins 4 décennies !
Mais un challenge de lecture m'imposant la lecture d'une pièce de théâtre m'y a incitée la semaine dernière !
Quels style !
Quelle fluidité dans le texte même avec la présence des confidents, nécessaires pour expliciter le passé !
Et ces alexandrins dont je me souvenais encore ...
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler
Je sentis tout mon corps et transir et brûler
ou bien
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins.
Bref, j'ai été enchantée par cette lecture et je me replongerai bientôt dans les pièces du Grand Siècle !
A suivre, donc !
Le cercle des illusionnistes d'Alexis Michalik
Je ne lis quasiment jamais de pièces de théâtre, mais depuis que j'ai découvert celles d'Alexis Michalik, je n'en rate pas une, surtout grâce à la Bibliothèque Numérique de la Ville de PAris qui les intègre rapidement à son catalogue.
C'est ainsi que mi janvier, j'ai emprunté Le cercle des illusionnistes qui au travers de 3 époques évoque trois types d'illusionnistes : les facteurs d'automates, les 'magiciens' et ceux qui règnent encore aujourd'hui : les films de cinéma !
Avec en fil rouge, une jeune femme et un homme se tournent autour dans un histoire d'amour naissante pendant la Coupe d'Europe de football de 1984.
Une histoire bien menée, qui décrit tout en légèreté l'histoire de ces enchanteurs des siècles passés et actuels.
Vivement la prochaine pièce d'Alexis Michalik :)
Une histoire d'amour d'Alexis Michalik
Je m'étais régalée l'année dernière à la lecture d'Edmond, une pièce d'Alexis Michalik, alors, quand j'ai aperç ce tout petit ouvrage sur les rayonnages virtuels de la bibliothèque numérique de la Ville de Paris, je n'ai pas hésité une minute !
Et je me suis régalée à sa lecture.
Le titre est trompeur car ce n'est pas d'une histoire d'amour qu'il s'agit, mais de plusieurs ...
Celle de Katia et Justine, qui ouvre la pièce mais c'est aussi l'histoire d'amour de tous les autres personnages ...
Celle d'un homme pour sa femme, d'une mère pour sa fille, d'un frère pour sa sœur, d'un oncle pour sa nièce ...
Et comme diraient les Rita Mitsouko, les histoires d'amour finissent mal .. .en général !
Mais pas toutes !
Et je me suis vraiment régalée à la lecture de cette pièce, que j'aimerais bien voir sur scène :)
Edmond d'Alexis Michalik
Comme le précise l'auteur dans la préface de l'édition Livre de Poche de cette pièce de théâtre, nous sommes dans une triple mise en abîme : la pièce dans la pièce, la pièce dans le film, le film dans la pièce !
Donc pour résumer brièvement ce texte éblouissant : Edmond raconte les difficultés d'Edmond Rostand qui s'acharne à écrire de pièces en vers, pièces saluées pour la prouesse mais qui ne trouvent pas de public, en ces temps où Feydeau et Courteline remplissent les salles ...
Son inspiration semble tarie jusqu'à ce qu'il découvre (ou redécouvre) par hasard Cyrano de Bergerac et qu'une jolie habilleuse devienne sa muse - en tout bien tout honneur : Edmond est toujours fou amoureux de son épouse !
Nous voilà donc dans le Paris de 1897, au moment où les Frères Lumière projettent leur premier film, où Sarah Bernhardt triomphe sur les planches,où riches et pauvres se pressent au théâtre et Edmond n'a qu'une semaine pour écrire et monter cette pièce : il a le théâtre, les acteurs ... et il écrit ses actes sous nos yeux, fébrile ...
Et quelle pièce, celle qui va devenir LE succès de l'année et du siècle à venir, devenir film ...
et aujourd'hui, Aelxis Michalik écrit l'histoire de cette création, qui est devenu une pièce à succès ... et un film !
Je n'ai pas l'habitude de lire des pièces de théâtre, je perds facilement le fil des dialogues et distingue mal les personnages, or avec ce texte, rien de cela ne s'est produit ...
La malédiction est peut être rompue, je vais essayer de lire d'autres ouvrages de ce genre
Merci à la fondation Orange et au Livre de Poche de m'avoir fait parvenir ce livre :)
La folle journée ou le mariage de Figaro de Beaumarchais
Lorsque nous avons visité la maison de Mozart, pendant nos vacances viennoises, la pièce de Beaumarchais, le Mariage de Figaro, était évoquée, avec l'opéra éponyme comme deux spectacles scandaleux de la fin du XVIIIème siècle ...
Longtemps interdite car subversive, Beaumarchais mettait en cause l'autorité, des nobles, en particulier ... et en ces temps prérévolutionnaires, cela ne se faisait pas !
J'ai eu donc envie de lire cette pièce, à défaut de pouvoir assister à une de ses représentations !
Lecture un peu difficile .. .des dialogues sont beaucoup moins fluides que de la littérature ... mais passionannte !
Texte un peu fou fou ... le titre de 'La folle journée' lui convient à merveille car finalement le mariage n'a lieu qu'à la toute fin ;)
Cela m'a donné envie de lire d'autre pièces ... Reste à choisir par laquelle commencer !