biographie
La vie, la mort, la vie : Pasteur d'Erik Orsenna
Quand Erik Orsenna s'est installé dans le fauteuil de Louis Pasteur à l'Académie Française, son voisin, François Jacob, s'est enquis de ses connaissances en biologie ...
Le nouvel entrant n'en avait guère ... et se vit contraint d'explorer le sujet, de se pencher sur la vie de son illustre prédécesseur, et le résultat fut cette biographie habilement troussée.
Une écriture virevoltante qui donne à voir la carrière de l'éminent scientifique sans rien occulter de ses défauts : le goût pour la gloire, la reconnaissance, sa foi en Dieu et les préceptes de l'Eglise Catholique, son dégoût des libres penseurs ...
Mais aussi la faculté impressionnante de pouvoir pousser plus avant les travaux de confrères pour aboutir à la découverte des microbes, aux vaccins, à la prévention ... sans oublier l'installation d'instituts Pasteurs aux quatre
En choisissant des sujets porteurs, la fermentation appliquée au vin et à la bière, la maladie des vers à soie, la rage, il a porté la communication scientifiques à des niveaux jamais atteints avant lui.
Un parcours bien mis en évidence dans cette biographie, facile à lire, comme tous les ouvrages d'Erik Orsenna.
Livre encore une fois choisi pour répondre au thème de la semaine d'un de mes challenges, mais que j'ai bien apprécié ... même si j'aurais apprécié un ouvrage plus fourni :)
Le dernier hiver du Cid de Jérôme Garcin
Au travers de ce dernier hiver de Gérard Philippe, Jérôme Garcin retrace (en accéléré) la vie et la carrière de ce beau-père qu'il n'a pu rencontrer.
Pendant les vacances d'été de 1959, Gérard Philippe se sent un peu patraque, manque d'énergie, mais l'année écoulée fut éreintante entre tournages et théâtre.
Il profite de la chaleur tropézienne, qui cette année le fait un peu souffrir, il joue avec ses enfants, lit et discute avec Anne, son épouse, se plonge dans les textes qu'il aimerait jouer, notamment certaines pièces des tragédiens grecs antiques ...
Au retour à Paris, la fatigue persistant il se résout à consulter un ami. Les premières examens radiologiques ne révèlent rien ... De séjours africains il a été peut être contaminé par des amibes, qui pourraient avoir provoqué un abcès au foie...
Les chirurgiens ouvrent et referment après avoir découvert une tumeur inopérable. Ils annoncent le diagnostic à Anne et tous conviennent de n'en rien dire à l'acteur.
Il décèdera trois semaines plus tard !
Une vie brève, mil n'a même pas atteint son trente-septième anniversaire, mais 60 ans après sa mort, il est toujours connu, apprécié et célébré !
Un très très beau témoignage sur la vie d'un homme à qui tout a souri ... sauf la vie !
Un bel hommage :)
Souvenirs culinaires d'Auguste Escoffier
Une autobiographie passionnante !
Je connaissais d'Escoffier sa bible culinaire, beaucoup parcourue dans les années 80, quand mon beau-frère cuisinier avait entreposé son exemplaire chez nous ...
Je savais qu'il avait été le cuisinier des palaces de César Ritz et du Savoy à Llondres, mais je ne connaissais rien de ses apprentissages ...
C'est maintenant chose faite avec la lecture de cette passionnante autobiographie où j'ai appris que ce natif de Villeneuve-Loubet avait fait ses classes dans la Nice tout juste française avant de partir à Paris.
Carrière parisienne très vite interrompue par la conscription et le départ pour la guerre de 1870 où il cuisinait - avec les moyens du bord pour l'état-major de son régiment !
Il fut ensuite prisonnier de guerre en Allemagne, connaissant la faim (un comble !) avant de se retrouver au service du maréchal de Mac-Mahon, en Allemagne puis à Paris.
Sa rencontre avec César Ritz, la création des restaurants des palaces londoniens mais aussi sa générosité (il donnait les restes de ses cuisines et notamment les cailles - sans leurs filets - à des associations caritatives) font autant de chapitres qui illustrent ces aspects moins connus de la personnalité de celui qui fit tant la promotion de la cuisine française dans le monde.
J'ai découvert également que c'était par la promotion de la pêche Melba qu'était née l'industrie de la pêche en conserve et que si l'on consomme (et qu'on produit en France) aujourd'hui des asperges vertes, c'est parce qu'il en a eu besoin pour ses restaurants londoniens et en a suggéré la production !
Bref un cuisinier complet, qui aimait à sourcer les meilleurs produits avant de les accommoder ...
Un ancêtre des cuisiniers stars d'aujourd'hui !
Son fils de Justine Levy
Ce roman est le journal imaginaire d'Euphrasie, mère d'Antonin Artaud, mère qui a passé sa vie a essayer de protéger son fils de tous les maux qui l'accablaient.
Fils de cousins germains, Antonin Artaud fut dès l'âge de quatre ans accablé de maux de tête effroyables. Tous les médecins / charlatans marseillais proposèrent des traitements miraculeux allant de séances d'électricité (bien avant l'invention des électro-chocs), de prise de laudanum ....
Quand il part à Paris, sa mère se désespère de ne pas avoir des nouvelles régulières de son enfant chéri. Il devient acteur, fréquente les surréalistes, écrit
Ami de Balthus, Breton, il intègre la compagnie de Charles Dillon, tourne avec Abel Gance, mais ses démons sa paranoïa,et son addiction aux drogues dures le conduisent à faire de fréquents séjours en hôpitaux psychiatriques, ou plutôt des asiles d'aliénés d'alors ...
Après le décès de son mari, d'Euphrasie part s'installer à Paris, cherche son fils partout, et essaie de l'éloigner de ces femmes qui l'embêtent !
Lorsqu'il est interné en Normandie puis a Ville Évrard, d'Euphrasie fera tout son possible pour adoucir la vie de son petit, se privant même de nourriture pendant la guerre pour continuer de lui confectionner des paniers.
Mère courage où mère possessive.
Sur ses neuf enfants trois seulement ont survécu, mais Euphraise ne voit qu'Antonin.
Un roman aux chapitres très courts comme des entrées de journal intime.
Un roman centré sur la relation mère-fils, mère qui ne parle que très peu de l'oeuvre du fils pourtant reconnue bien avant sa mort
Eiffel de Nicolas d'Estienne d'Orves
Dans ce roman Nicolas d'Estienne d'Orves nous raconte un pan de la vie de Gustave Eiffel et notamment la genèse et la construction de la tout qui porte son nom.
jusque là, je ne connaissais pas grand chose de la vie de ce célèbre ingénieur - constructeur - architecte - industriel : outre la Tour, quelques oeuvres majeures comme le viaduc du Granit, la structure interne de la statue de la Liberté.
Dans cette biographie romancée, on découvre le jeune Eiffel soucieux de la sécurité de ses ouvriers lors de la construction d'une passerelle bordelaise où il expérimente déjà certaines des innovations qu'il reproduira lors de la construction, côté Seine de sa tour.
Sur fond d'une histoire d'amour impossible, on le verra plaider sa cause auprès de ministres et de banquiers pour remporter le contrat de la construction de la tour, qui devra être érigée en moins de 3 ans.
Un roman qui se lit d'une traite, une biographie servie par une plume vive et alerte qui nous entraîne sur un des chantiers emblématiques du Second Empire, décriée par le Paris des arts et ses riverains, mais devenu symbole national !
L'ange et la bête de Bruno Le Maire
Ce récit commence Le 15 mars 2019, ce soir où Bruno Le Maire allait fêter ses 50 ans et où Notre Dame s'est embrasée.
Depuis mai 2017, a la tête du Ministère des Finances, il nous raconte les discussions entre ministres européens et du G8 pour aboutir à des compromis acceptables, des applications différées de décisions nationales pour éviter des représailles douloureuses ...
Il évoque la coopération mise en place des le début de la crise du COVID.
Un récit qui explique comment l'Etat accompagné - ou pas - les entreprises dans leurs projets de fusion
Il partage sa vision de l'ingérence de l'état dans l'économie, illustrant ses propos de citations adaptées.
Une plume vive précise que j'avais découvert avec Jours de pouvoir, et qui m'a plu tout autant.
Les femmes de Louis XV de Cécile Berly
Pour l'un de mes challenges de lectures, je me devais de lire une biographie de reine ou de favorite.
Avec cet essai de Cécile Berly, j'ai fait mes deux, puisqu'elle nous offre dans cet ouvrage une biographie de toutes les femmes qui ont séduit ou accompagné Louis XV tout au long se sa vie.
La première, son épouse, Marie Leszczynska, jeune princesse polonaise fille du roi de Pologne et de Lorraine, qui lui donnera huit enfants, dont sept filles qui forment toutes ensemble un des sept volets de cette biographie. Marie-Antoinette, épouse de son petit-fils, sera elle, la septième et dernière des 'femmes' de Louis XV décrites dans cet ouvrage.
Hors de la famille, le roi libertin a multiplié les conquêtes, parfois glissées dans son mit par des courtisans qui en espéraient des faveurs, ou des favorites qui espéraient le garder en lui fournissant des chairs fraiches !
Se succèderont tour à tour, parmi les plus connues, les sœurs de Nesles, la Pompadour et la du Barry.
J'ai trouvé cet ouvrage très lisible pour une biographie historique, même avec l'insertion d'extraits de journaux intimes ou de lettres des protagonistes ou de courtisans. Je l'ai malheureusement trouvé trip court car il survole le règne de Louis XV, n'évoquant que ces amours auprès de celles qui ont duré assez longtemps dans son lit, sans évoquer suffisamment les évolutions majeures du règne de ce roi ... Mais cela n'était pas le propos du livre.
J'ai quand même passé un bon moment de lecture.
Le juge et son fantôme de Philippe Duclos
Ah, Philippe Duclos.
Le juge Roban d'Engrenages.
Mais qui est qui ?
Alors que Philippe Duclos vient de lire le scénario de troisième saison d'Engrenages, il nous plonge au cœur de son métier d'acteur.
Quand le rôle pénètre l'acteur et semble le hanter, quand, lors de ses réveils nocturnes, l'acteur voit le juge dans sa chambre, pensif ...
Dans cet ouvrage, Philippe Duclos donne à voir le travail de l'acteur, qui pour devenir son rôle, doit paiocher dans son vécu mais surtout intérioriser le vécu de son personnage.
Dans cette saison d'Engrenages, le juge Roban doit affronter non seulement la maladie et le décès de sa mère (qui lui a toujours préféré son flambeur de frère) mais aussi une ancienne maîtresse, et pou rfinir ce fameux frère ! Autant de scènes qui risqueront de mettre en péril son inflexibilité mais qui laissent transparaître sa fragilité.
Philippe Duclos nous dévoile ses réactions à la lecture des épisodes du scénario, ses déambulations dans Paris qui le conduisent parfois sur des lieux de tournage, et comment de lecteur des scènes il en devient l'acteur.
Un ouvrage passionnant, que j'ai savouré chapitre après chapitre, refusant de le lire trop rapidement pour rester plus longtemps en compagnie de l'écrivain.
Un très bel ouvrage sur le métier d'acteur.
Merci à Babelio et aux Editons Equateurs pour m'avoir fait parvenir cet ouvrage lors de l'opération Masse critique du mois de juin
Une farouche liberté de Gisèle Halimi, avec Annick Cogean
J'ai lu , il y a bien longtemps, 'Le lait de l'oranger", autobiographie partielle puisque datant de 1988 de la célébre avocatE féministe Gisèle Halimi.
Longtemps avant, je m'étais plongée dans "La Cause des Femmes", sans doute le premier opus féministe dans lequel je m'étais plongée dans mes années d'adolescence !
Dans 'Une farouche liberté', guidée par la journaliste Annick Cogean, Gisèle Halimi revient sur son parcours.
De la petite fille qui n'aurait pas dû réussir à l'école (c'est sur son frère - malheureusement cancre - que reposaient tous les espoirs de la famille) qui s'est battue pour obtenir des bourses pour le lycée, a pris des petits jobs pour financer ses études parisiennes de droit et de philosophie, est de venue avocatE alors qu'on voulait lui imposer le masculin.
Une avocate qui s'est battue toute sa vie contre l'injustice, pour l'égalité des droits, pour les femmes ...
Un ouvrage qui en peu de pages reprend les grandes dates de la vie de cette femme qui aura marqué la fin du XXème siècle !
Une grande dame.
Un livre à mettre dans toutes les mains !
Deux sœurs de Dominique Bona
Autant j'avais été passionnée par la biographie de Berthe Morisot, puis par celle de Camille et Paul Claudel, autant j'ai été déçue par celle de ces deux sœurs, Yvonne et Christine Lerolle, qui ont épousé des frères Rouart !
On connait ces jeunes filles par le tableau de Renoir qui les a immortalisées au piano, l'une en robe rouge, l'autre en robe blanche.
Elles ont grandi au milieu d'artistes : écrivains comme Mallarmé, musiciens comme Debussy, ou peintres surtout comme Degas, Manet, Berthe Morisot, dont la fille, Julie Manet épousera un autre frère Rouart.
Mais cette biographie foisonnante n'est pas centrée sur ces deux jeunes filles, mais plutôt sur le monde qui gravite autour d'elles, la scène artistique mais aussi politique, les relations d'Eugène, le mari d'Yvonne, avec André Gide avec qui il partage des amitiés particulières, les interactions entre littérature, musique, religion et peinture ...
Un ouvrage où l'auteur semble avoir eu à cœur de glisser tous les personnages célèbres ayant gravité autour des familles Lerolle et Rouart. On y croise même François Mauriac, et son premier amour qui ne voulut finalement pas de lui, et dont il se vengea en écrivant la Pharisienne.
Un ouvrage où tant de monde se croise, que j'en ai parfois perdu de vue Yvonne et Christine qui auraient bien mérité de s'y voir consacrer la place principale.
Leur monde qui évolue, la fracture causée par l'affaire Dreyfus puis par la montée du nationalisme, la guerre mondiale où tant vont perdre la vie entrainent Yvonne et Christine dans une spirale descendante...
L'ouvrage s'achève par l'histoire de la collection Walter - Guillaume dont le joyau était ce fameux tableau des deux sœurs qui orne aujourd'hui les murs de l'Orangerie des Tuileries où j'ai eu la chance de le voir il y a quelques années.