temoignage
De notre monde emporté de Christian Astolfi lu par Guillaume Orsat
Chronique d'une désindustrialisation, celle des Chantiers de La Seyne-sur-Mer, puis du scandale de l'amiante, cet ouvrage donne la parole à Narval, employé des Chantiers de la fin des années 70 aux années 80.
Chronique sociale et politique d'une époque aux lendemains qui chantent avec comme point culminant la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1981 puis aux lendemains qui déchantent avec l'arrêt de mort des Chantiers navals donnés par les gouvernements de la rigueur ...
Chronique d'un lent désenchantement quand après la fin des luttes pour le maintien en activité, les ouvriers découvrent que l'amiante les grignote peu à peu, amiante interdite dans tous les pays occidentaux mais pas en France jusqu'en 1997.
Lue par Guillaume Orsat, à la voix grave et puissante (un peu sinistre par moment)
Premier livre audio que je lis /écoute depuis bien longtemps, je pense renouveler prochainement l'expérience
Je remercie NetGalley et Multisonor qui m'ont offert cet ouvrage.
#Denotremondeemporté #NetGalleyFrance
Tornade de Simon Fichet
Ce n'est pas forcément le sujet, ni le lieu qu'il aurait choisi ...
C'est donc à contrecœur que Simon Fichet part en reportage avec un de ses collègues pour suivre deux aventuriers chassant les cyclones dans la si bien nommée Tornade Alley qui s'étire au milieu des Grandes Plaines américaines entre Oklahoma et Texas.
Des milliers de kilomètres, des nuits dans des hôtels miteux voire dans la voiture pour ne pas se laisser distancer par LE nuage porteur de la tornade mythique, des paysages désertiques, des stations service isolées, seul point de ravitaillement pour les humains et leurs montures mécaniques devenues point de rendez-vous des chasseurs de tornades, des cauchemars, des peurs paniques, des orages dantesques, des grêlos gros comme des balles de base ball, des flash-floods qui menacent de les emporter, des ponts de fer précaires, des hot-dogs de plus en plus indigestes ...
Simon Fichet nous entraîne avec lui dans ce qui sera le pire reportage de sa vie dont il tire ce témoignage qui m'a tenue en haleine.
Bien écrit, palpitant, on découvre la quête insensée de deux jeunes français enthousiastes et désespérés, aux poussées d'angoisse jugulées par les décharges d'adrénaline, aux milliers de kilomètres avalés à toute heure du jour et de la nuit, et aux jours qui s'écoulent, 12 petits jours qui défilent sans la moindre tornade à se mettre sur les pellicules ...
J'ai apprécié y retrouver l'atmosphère irréelle d'un arrêt à Fort Stockton, sorte d'oasis au milieu du Texas, où, lors de notre halte, il n'y avait non plus rien à se mettre sous la dent hormis les sachets de chips et sodas des distributeurs automatiques, les restaurants ayant été dévalisés par les 'early-birds' !
Je remercie Babelio et les Editions Marchialy qui m'ont offert cet ouvrage dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée.
L’affaire Hibagon – Sur les traces du yeti japonais – un récit d’aventures de Grégory BEAUSSART
A l'invitation de ma médiathèque, je me suis inscrite cette année en tant que juré pour le prix Terres d'Ailleurs, après une pause de deux ans.
Ce premier ouvrage de la sélection est un peu un OVNI littéraire.
Dès les premières pages, je m'attendais au récit d'un ethnologue, parti sur les traces (réelles) de l'Hibagon, un animal dont les descriptions laissaient penser à un gorille de grande taille (ses empreintes mesuraient 40 cm sur 20), se déplaçant tantôt à 4 pattes, tantôt sur ses deux jambes, et, craintif, fuyaient dès qu'un humain tentait de l'approcher.
Aperçu au début des années 70 sur les pentes des monts Hiba, il est tombé ensuite dans l'oubli, mais les récits des observateurs subsistaient dans des journaux ou récits de scientifiques spécialistes de cryptozoologie.
Mais très vite, le texte devient le récit des états d'âme de l'auteur - une pincée de transfuge de classe saupoudré de l'étonnement de voir que finalement les Japonais ne sont pas conformes aux idées reçues.
Ni propres, ni respectueux, ni épris de traditions, ni religieux ... tout cet imaginaire dont l'auteur s'était nourri avant de partir a vite disparu et on l'en sent déçu.
Dans une écriture itérative dont je n'ai pas vraiment compris l'utilité (sinon augmenter le nombre de pages), on retrouve ensuite quelques pages sur l'hibagon, avant d'être confronté au ressenti de l'auteur lors du séisme qui a entrainé le tsunami dévastant Fukushima !
Bref, un ouvrage un peu fourre-tout, qui aurait gagné à faire l'objet de passages bien distincts et à devenir chronique d'un séjour japonais, avec, d'une part, la quête autour de l'hibagon, et, d'autre part, le ressenti face aux particularités japonaises, la confrontation idées reçues /réalité .
Dommage !
Journal : Janvier Juin 2020 d'Agnès Buzyn
Agnès Buzyn était Ministre de la Santé et des Solidarités lorsqu'arrivèrent de Chine les premiers échos d'une nouvelle infection respiratoire. On avait déjà connu le SRAS, la grippe H1N1.
La réforme des retraites allait être votée par le Parlement, les élections municipales approchaient et Benjamin Griveault était le candidat de la majorité contre la maire socialiste de Paris.
Au fil des jours et des semaines, les informations de Wuhan devenaient plus inquiétantes, mais la maladie semblait contenue au vu des informations officielles. Benjamin Griveault se faisait rattraper par une sex-tape.
La loi sur les retraites était votée. Le Président demandait à Agnès Buzyn de prendre le relai de Benjamin Griveault comme tête de liste. Wuhan était confinée. Les fêtes du nouvel an allaient commencer en Asie Un premier cas de cette maladie chinoise apparaissait à Paris : un touriste chinois. La ministre et un proche conseiller continuaient la veille, recensaient masques et équipements de protection.
Elle ne put dire non au Président, quitta le gouvernement, perdit les élections mais continua sa veille malgré ses détracteurs ...
Un témoignage poignant de celle qui a eu raison avant les autres, de celle dont on n'entend plus parler ...
Un document qui nous replonge dans les premiers jours de 2020, quand on ne savait pas encore ce qui allait arriver, puis quand tout changea, où on découvrit où était Wuhan, où les experts sans expertises de tous poils étalaient leurs certitudes, et où les courbes des cas, des morts, des entrées en réanimation faisaient la Une de tous les journaux en ligne.
Un document très bien écrit, qui remet la chronologie en place, et qui montre, s'il en était besoin, que c'est souvent celui qui fait le plus de bruit qui est le mieux entendu quelle que soit la vérité de ce qu'il proclame.
L'homme aux mille visages de Sonia Kronlund
Comment qualifier cet homme ?
Serial lover?
Serial compagnon ?
Pas vraiment car ses liaisons amoureuses étaient plurielles ET simultanées !
Ce livre témoignage de Sonia Kronlund évoque la vie et les relations d’Alexandre alias Ricardo, alias … tantôt cadre chez Peugeot, chirurgien, médecin hospitalier ou militaire, tant de fonctions qui pouvaient expliquer ses absences, ses départs a l'improviste …
Une origine tantôt brésilienne, tantôt argentine, une mère aux soucis de santé, un neveu pré ado (en fait don fils… ) après le témoignage d'une française Marianne, qui avait si bien mordu à l'hameçon du charmeur, l'Aauteur a remonté la piste de cet homme aux mille visages au Brésil, en France et en Pologne !
Édifiant !
Lui n'a tué personne, a la différence de jean Claude Morand, mais il a brisé bien des cœurs !
Une enquête, une traque écrite comme un polar, qui se lit d'une traite !
Une auteur - et une affaire - que je découvre !
Nu avec Picasso (Ma nuit au musée) d'Enki Bilal
Beaucoup plus onirique que les autres livres de cette série Ma nuit au Musée que j'ai déjà lus (Leila Slimani à Venise, JAkuta Alikavazovic au Louvre) cette plongée d'Enki Bilal au Musée Picasso le voit déambuler nu dans les couloirs, se trouvant aux prises avec muses et inspirateurs du peintre.
On y croise ainsi Goya, dans des relents d'huile rance, à qui Bilal décrit Hitler comme le Napoléon du siècle, Dora Maar.
Les différents personnages de Guernica viennent aussi le hanter, décrivant leurs souffrances, et des bribes de leurs vies ...
Une visite entre hallucination et perception de l'oeuvre où tous les sens sont mis à profit au cours des rencontres avec la dame à la cruche, le minotaure et Picasso lui même.
D'autres livres de cette collection m'attendent ...
JE digère celui_là avant d'en lire un autre !
Mange et tais-toi de Serge Hercberg
Lors de notre dernier séjour parisien nous avons assisté, au Collège de France, à la leçon inaugurale de Mathilde Touvier et à son premier cours sur Prévention nutritionnelle des maladies chroniques : de la recherche à l’action de santé publique, et plus particulièrement sur l'établissement des preuves scientifiques en matière de lien nutrition – santé.
Elle est l'une des chercheuses qui a participé à la définition du 'Nutri-score' sous la houlette de Serge Hercberg, dont elle a cité l'essai qui en retrace toutes les difficultés : mange et tais-toi.
Essai que je me suis donc procuré au plus vite !
L'auteur y montre notamment la puissance des lobbys, la faiblesse de politiques en regard des intérêts économiques de leur circonscription, et comment les intérêts des distributeurs recoupent ceux des grands de l'agro-alimentaire ... et des chaînes de télévision grandes bénéficiaires de la manne publicitaires !
Depuis cette lecture, et encore plus qu'avant, je traque la présence des carrés de couleurs sur mes achats alimentaires ... qui ne sont pas toujours présents (alors que j'étais persuadée que cela avait été rendu obligatoire, mais non !)
Bref un essai passionnant - surtout dans sa première partie.
Le 31 mai, Serge Hercberg sera l'orateur du séminaire qui suivra le cours de Mathilde Touvier.
Nous y avons prévu d'y assister.
Les nuits que l'on choisit d'Elise Costa
J'ai découvert Elise Costa il y a quelques années avec les podcasts "Fenêtre sur cour" d'Arte Radio, puis ses articles de fond sur Slate.
Alors quand j'ai vu cet ouvrage parmi les propositions de NetGalley, je n'ai pas hésité une minute.
Et je me suis régalée avec ce document qui rappelle certaines des affaires célèbres de ces dernières années, comme celle de la joggeuse de Bouloc, mais aussi le cheminement d'Elise Costa, la façon dont elle est devenue chroniqueuse judiciaire.
Un ouvrage sur l'écriture, sur les palais de justice, sur la confrérie des chroniqueurs au long cours, à distinguer des journalistes qui passent, cueillent le verdict et s'en repartent.
Un ouvrage que je recommande vivement à tous ceux qui aiment les émissions judiciaires d'Au bout de l'Enquête à Faites entrer l'accusé, et plus largement aux amateurs de romans policiers, car on voit, là, que la réalité peut dépasser la fiction !
Je remercie vivement NetGalley et les Editions Marchialy qui m'ont fait parvenir cet ouvrage.
#LesNuitsquelonchoisit #NetGalleyFrance
Le monde d'avant de Marc Lambron
Dans cet ouvrage, Marc Lambron nous emmène sur les terres de son enfance, et m^me plus avant, dans les pas de son grand-père, orphelin très jeune, apprenti maçon, et, devenu, à son retour du service militaire, ouvrier aux forges d'Imphy, dans la Nièvre,
Une vie rude, un mariage heureux, deux filles, la guerre, la Résistance, le retour à l'usine et la retraite ...
La joie de voir ses filles faire des études, et le pincement au cœur de les voir s'installer en ville.
Des tranches de vie de la France d'avant, d'une vie qui ressemble à tant d'autres, quand cela semblait plus facile, mais dont la rudesse transparaît entre les lignes.
Un rapide portrait de la France du XXème siècle, entre ruralité, monde ouvrier et exode vers les villes. Un éloge de l'école publique, ascenseur social. Un bel hommage à un grand-père trop peu connu.
J'aime bien l'écriture de MArc Lambron qui dans ce petit ouvrage que j'ai trouvé bien trop court, réussit la prouesse de nous faire traverser en accéléré tous les changements du XXème siècle.
Je remercie NetGalley et les Editions grasset qui m'on fait parvenir cet ouvrage.
#Lemondedavant #NetGalleyFrance
Mémoire de fille d'Annie Ernaux
Dans ce témoignage, Annie Ernaux revient sur les traces de la jeune fille de 18 ans qu'elle était en 1958, quand elle est partie comme monitrice dans une colonie de l'Orne.
Un peu nunuche, avec des rêves plein la tête, cette toute jeune fille, qui quittait le cocon familial pour la première fois, s'est emballée pour le beau gosse qu'était le chef des monos ... et a passé avec lui sa première nuit avec un homme, qui, selon les critères actuels s'apparente davantage à un viol qu'à une relation consentie.
S'appuyant sur sa mémoire, des traces photographiques et un retour sur les lieux de cet été, elle retrace les nuits passées avec cet homme, les gaffes commises lors des réunions de monos, et les années à Rouen qui ont suivi, et, elles aussi, marqué à jamais sa vie.
Moment absent jusque là de son œuvre, texte manquant qu'Annie Ernaux inscrivait régulièrement dans ses projets de livres, elle nous livre un témoignage, des mémoires et non une autobiographie romancée.
Un texte abrupt, râpeux comme certains souvenirs de cet âge ...
Un texte qui donne à voir les relations garçons-filles de la fin des années 60 et montre, s'il en était besoin, le chemin parcouru.
Un ouvrage qui laissera une trace en moi ...
