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La mélodie de Jim CRACE

2 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans anglais ou irlandais, #Rentrée littéraire

Alfred Busi, chanteur renommé, veuf depuis peu, est agressé une nuit dans sa cuisine par un mystérieux inconnu, mais peut-être une bête - venu se restaurer dans son garde-manger après avoir renversé les poubelles de la cour.

S’ensuit une interrogation en compagnie de sa belle-sœur, Terina, qu’il a appelée au secours et qui est venue soigner ses contusions. Elle penche pour l’intrusion d’un des habitant de l’in-fameux Jardin des Indigents, cet ancien parc de la Pauvreté, où se pressent aujourd’hui des taudis peuplés de ‘néanderthaliens’.

Alors qu’il se prépare pour un concert en ville, Sobriquet, un journaliste de la feuille de chou locale l’interroge, puis à défaut d’avoir pu obtenir suffisamment de détails, complète son article d’une interview de Joseph, le fils de Terina, neveu d’Alfred, un homme d’affaires local.

S’ensuivent des digressions sur l’enfance d’Alfred, et la narration d’une terrifiante balade dans les bois, sur l’amitié naissante entre Alfred et sa jeune voisine, sur l’évolution urbaine de façon plus générale.

Je ne dévoilerai pas davantage de ce roman qui m’a laissé tout à la fois un sentiment d’ennui et une impression d’inachevé. Comme si des bribes d’histoires avaient été initiées sans qu’un réel fil conducteur ne les relie. Des scènes dont on ne sait si elles ont une réalité ou s’il s’agit de souvenirs de rêves, des tentatives, des erreurs, des remords (le cœur d’Alfred a balancé entre Terina et sa sœur Alicia), le passé, le présent qui se répondent et qui se fondent, entre autres exemples.

A mi-roman, j’ai commis l’erreur de lire la quatrième de couverture, ce que je ne fais presque jamais pourtant … Elle décrit partiellement le roman … mais je n’ai absolument pas trouvé dans le roman le sentiment de compassion qui y est décrit. Où trouve-t-on les migrants dans le livre, sans faire preuve d’un effort d’imagination pour assimiler les indigents à des migrants ? Alors que ces derniers pourraient aussi bien être des  travailleurs pauvres, des habitants de la ville. En outre, je me suis demandé qui était le dernier personnage qui est parachuté dans la dernière partie du roman.

Je me suis ennuyée – comme très rarement - à la lecture de ce roman. Je me suis accrochée, en espérant jusqu’au bout qu’une scène, voire une simple phrase me donne tort … mais non ! L’ennui fut total : aucun personnage ne m’a donné envie de m’identifier, la ville de bord de mer où se situe l’histoire n’avait que peu d’attraits et l’histoire racontée traînait inutilement en longueurs.  

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions Rivages de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 

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Ma dévotion, de Julia KERNINON

2 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans français, #Rentrée littéraire

Helen et Frank se croisent après 23 ans de silence. Helen décide alors de lui écrire tout ce qu'elle ne lui a jamais dit au cours de leurs 45 années de vie (presque toujours) commune. Un drame les a séparés, jusqu’à cette rencontre fortuite, dans les rues de Londres, qui sera le déclencheur de cette histoire où Helen énonce factuellement sa version de leurs vies.

En 1950, le père d’Helen était ambassadeur de Grande-Bretagne à Rome. Helen le décrit en ces termes : « Mon père était un mauvais père, mais un bon orateur, un homme dur, mais éloquent » en ajoutant « J’étais la fille unique de cet homme-là, mais moi, je n’ai jamais su dire ». Ce « dire » en italique est, pour moi, l’un des mots les plus importants de ce roman. Celui qui explique le pourquoi de ce livre, pourquoi Helen a pris la plume pour écrire à Frank tout ce qu’elle n’a jamais pu prononcer devant lui, tout ce qu’elle n’a jamais pu lui dire.

A l’automne 1950, la famille de Frank rejoint Rome où le père est attaché d’ambassade, sous les ordres du père d’Helen. Les deux hommes se détestent. La première phrase que Frank dira à Helen : « Toi aussi, tu détestes ta famille ? », scellera pour toujours leur amitié. Révélation pour Helen, qui, à cette époque-là, haïssait tout autant sa famille qu’elle adorait les livres.

Ils vivront ensemble leur jeunesse, Franck deviendra LE peintre moderne que tous les galeristes et collectionneurs s’arrachent, aura des amantes, quittera, brièvement ou pas, la maison d’Helen, où il retournera pour peindre car il n’y a que là qu’il trouve suffisamment de sérénité … Et puis un jour, Helen se mariera et partira à Boston avec son mari architecte… Avant de rejoindre Franck avec son petit garçon en Normandie.

Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est l’écriture toute en douceur, le récit sans acrimonie ni regrets, d’une femme qui a passé sa vie à se dévouer à un homme, à un artiste, en refusant de reconnaître l’amour qu’elle lui porte, mais en ayant réussi à ne pas renoncer à l’écriture, à son propre travail de création. C’est également un roman sur la peinture ou plutôt sur un peintre. Sur ce qu’il faut de concentration, de force, d’ambition, d’oubli des autres et des contingences de la vie, pour créer une œuvre, la porter devant un public, la vendre – et en vivre.

S’il fallait trouver un bémol à cette histoire, ce serait les derniers chapitres : Tout ce qui concerne Zaza, cette jeune femme qui s’engouffre dans la vie du peintre vieillissant et qui déclenchera chez Helen sa seule crise de jalousie. Ce qui me manque, c’est la version de Frank, pour avoir en miroir sa vision de cette vie.

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions La Brune au Rouergue de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire

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Ce que l'homme a cru voir de Gautier Battistella

2 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans français, #Rentrée littéraire

Tout avait pourtant bien commencé …

Dès les premières pages ce roman me plaisait beaucoup !

Un style rapide, des phrases courtes donnent une sensation de rapidité, une écriture quasi cinématographique ...

La généalogie du héros donnée dans le premier chapitre donnait envie : un grand père polonais, Gregor Reijik, qui échappait miraculeusement à des rafles, traversait l’Europe entière se jouant de massacres, se faisant même passer pour mort avant de se retrouver à Marseille puis à Carmaux, à travailler dans les mines de charbon. Là, il rencontra Angelina, jeune italienne fille de mineurs, l’épousa et partit finalement s’installer à Verfeil en banlieue toulousaine où naquit en 1951 leur fils Marius.

Le second chapitre permettait de découvrir le héros du roman : Simon, fils de Marius, petit-fils de Gregor. Simon qui a depuis longtemps quitté Verfeil sans jamais y revenir, est restaurateur de réputation numérique, métier dont on ne saura pas grand-chose mais qui permettra d’introduire le chapitre sur la mère de Simon, en fin d’ouvrage…

Simon s’est marié avec Laura, rencontrée à l’occasion d’un chaton perdu, il semble heureux mais est cependant un grand très amateur de pilules de toutes sortes qu’il fait passer avec des lampées d’alcool, aides chimiques pour se détendre, pour supporter les petits cailloux de la vie …

Un vendredi soir, Sarah, une inconnue l’appelle. Au beau milieu du week-end normand chez des amis de Laura, il décide de répondre à la demande de Sarah et prend un – enfin plusieurs trains - pour le sud-ouest où il ira affronter ce passé qu’il fuit depuis 20 ans.

Un peintre à la recherche d’un sujet devient son compagnon de voyage, alors qu’il continue de gober ses assortiments de comprimés …

Mon plaisir de lecture a commencé à se gâter quand j’ai senti arriver les causes de l’addiction de Simon, son refus de revenir, ce drame qui marqua son adolescence … En fin de récit, les retrouvailles avec le peintre du train, et l’explication du titre de ce roman. 

 

Ce que j’ai apprécié dans ce roman, ce sont des tournures de style elliptiques et efficaces, telles que :

-       « … crevettes et coquillages côtoyaient leur fin imminente ; un énorme bol de mayonnaise » p 38

-       « Les morts à Verfeil ont la belle vue. Les âmes s’y offrent même le luxe de bronzer » p 84

-       « … gamins ébouriffés, riant à pleine gorge, de nos dents poinçonnées de bagues. » p 144

-       « C’est que nous sommes gascons, ici, une cabane se fait appeler résidence secondaire »p 151

-       Notre différence d’âge nous séparait plus sûrement que les cloisons de nos chambres. J’avais grandi sans lui. Il ne s’intéressa jamais à moi » p 166

-       « Le deuil, ce sont des boîtes de conserve dans le cagibi et du pain de mie congelé. » p 168

-       « Rien n’est définitif. Pas même l’amour que les parents sont censés porter à leurs enfants. » p 171

-       « Tu sais ce qui m’attriste le plus ? De ne pas savoir quel homme mon fils serait devenu. » p 211

-       « L’été est épais, les températures insoutenables. Même le vent paraît à bout de souffle. » p220

 

Ce qui m’a le plus gênée dans ce roman, ce sont les imprécisions géographiques. J’ai la chance d’habiter la région toulousaine et de connaître le village de Verfeil …

Lorsqu’un auteur choisit de localiser son roman dans une région précise, en insistant sur ses caractéristiques géographiques …elles doivent non seulement être précises, mais exactes !

Verfeil n’est pas en Gascogne, mais dans le Lauragais : la quatrième de couverture donne Simon gascon et son attachement à la Gascogne est mentionné en p 151. La Gascogne se situe à l’ouest de la Garonne – le fleuve sert de frontière naturelle à cette province (cf., entre autres, l’article de Wikipedia à ce sujet), et Verfeil est à l’est de Toulouse, à l’est de la Garonne donc !

Une autre aberration concerne le vent d’Autan. Ce vent typique du sud-ouest est provoqué par l’afflux de masses d’air méditerranéennes qui s’engouffrent dans le goulet d’étranglement entre Pyrénées et Massif Central. L’Autan souffle indifféremment en toutes saisons et peut dépasser 100 km/h aux alentours de la ville de Castres puis perd de sa vigueur au fur où à mesure qu’il s’en éloigne. Il peut rendre fou ! Or en page 140, Marius dit à Simon « L’autan est en retard cette année ». Cela est impossible. Plus loin l’auteur précise que « l’autan, le vent qui rend fou, petit frère du sirocco, nait dans l’Atlas algérien ». Là, seule la première partie de la phrase est exacte ! Il existe bien un vent qui nous apporte le sable rouge du Sahara, mais ce n’est pas le vent d’Autan !

 

Bref ce roman m’a déçue. J’ai trouvé que le niveau des 100 premières pages n’a pas tenu la distance, malgré le style mais il y a trop d’imprécisions et de maladresses narratives qui se sont placées entre l’histoire et moi pour que j’aie pu l’apprécier vraiment.  

 

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions Grasset de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2018

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