D'or et de colère de Karin Tanabe
Un roman qui nous entraîne de Paris à Hanoï puis à Saigon, dans la communauté des étudiants indochinois à Paris des années 20 puis dans le Hanoi des années 30 où riches expatriés et riches vietnamiens partagent alcools et opium dans de luxueuses maisons au personnel annamite pléthorique.
Victor et Jessie Lesage, membres de la famille Michelin, arrivent à Hanoï pour superviser la gestion des plantations d'hévéa, indispensable pour la production du caoutchouc, et donc des pneus !
Jessie est américaine et est issue d'une famille de fermiers pauvres de Virginie. Elle a caché son passé trop douloureux à Victor.
Marcelle de Fabry a fréquenté à Paris les étudiants indochinois - aux sentiments communistes - à Paris. Lorsque l'un d'eux est tué par la police dès son retour à Hanoi, l'engagement politique de Marcelle se renforce. Persuadée que la famille Michelin qui ne voulait pas d'une mésalliance est à l'origine de l'assassinat de son amie, Marcelle voue à cette famille une haine farouche qui aura Jessie pour cible.
Tout autant roman d'amour entre Marcelle et Khôi qu'entre Jessie et Victor, ce roman est aussi le roman d'une vengeance sur fond de colonisation de l'Indochine et de la montée lente mais bien ancrée du communisme dans les populations asservies par les planteurs européens.
Une vision de l'Indochine que je connaissais peu et qui complète bien les autres romans que j'ai lus sur ce sujet.
Une écriture vive qui donne du plaisir de lecture.
Un premier roman qui en appelle d'autres :)
Je remercie NetGalley et les éditions Belfond qui m'ont offert cet ouvrage
#Doretdecolère #NetGalleyFrance
1793 de Niklas Natt och Dag
Un roman historique suédois qui traînait depuis deux ans dans ma liseuse ...
Une envie de lecture différente ...
Et dès ses premières pages , ce roman m'a happée, avec ses personnages peu ordinaires : Cecil Winge, un homme de loi atteint de tuberculose, Jean Michael Cardell, un vétéran manchot, de la guerre russo-suédoise, plus ou moins employé dans la police locale.
Cardell repêche un cadavre sans bras ni jambes. L'enquête est confiée à Cecil Winge, qui demande à Cardell de l'assister ...
Et nous voilà plongés dans un Stockholm en pleine mutation, à l'image du pays, le royaume de Suède est, en effet en plein bouleversement un an après l'assassinat du roi Gustav III dont l'héritier n'a que 13 ans.
Niklas Natt och dag nous offre une description de la vie quotidienne : entre tavernes où le mauvais vin remplace le bon au fur et à mesure qu'augmente la pauvreté des clients, arnaqueurs de tous poils qui détroussent, violences policières, exécutions publiques par un bourreau bourré !
Il évoque longuement la condition des femmes qui dès qu'elles ne sont pas mariées sont assimilées rapidement à des prostituées et envoyées à la Fabrique, la Filature qui les exploite.
1793 est un roman passionnant, par la vivacité de son écriture, le sens des descriptions, la qualité du rendu des personnages. Davantage roman historique que policier, mais ce fil rouge de l'enquête resserre le déroulement de la vie des personnages qui peu à peu s'ajoutent aux deux principaux.
Un roman qui m'a tant plu .... que je viens de glisser 1794 dans ma liseuse !
A suivre, donc !
Le chercheur fantôme de Robin Cousin
La Fondation pour l'Etude des Systèmes Complexes et Dynamiques accueille 24 chercheurs dans un ensemble de 6 bâtiments portant les lettres de A à F.
Quatre chercheurs par bâtiments dont tous les désirs sont exaucés par le service Logistique que ce soit en matériel de laboratoire ou en nécessités de la vie courante.
Un intervalle de trois mois sépare l'arrivée de chaque chercheur, chercheurs qui se croisent à peine, dans l'escalier, par hasard, et qui sont présent pour sept années, durée optimale d'atteinte de la fin de leur cycle de recherche.
Trois résidents du bâtiment F partent à la recherche du quatrième résident de leur bâtiment, jamais croisé, et dont les recherches portent sur la résolution du problème P= NP, problème de la théorie de complexité algorithmique. la preuve de cette égalité révolutionnerait les mathématiques modernes, et bouleverserait la recherche scientifique.
Une BD au graphisme relativement simple, sombre, des motifs un peu rond qui tranchent avec le sentiment d'oppression que j'ai ressentie, entre la fin annoncée des recherches, voire des chercheurs, les machines-micro robots qui deviennent autonomes et prédatrices, et, tout autour, la forêt inquiétante où rodent des ombres ...
Bref il m'a tardé d'en voir la fin !
Je ne suis pas un serial killer de Dan Wells
John Wayne est un jeune lycéen de Clayton, petite ville du Dakota du Nord, bordée de forêts et d'un lac, glacé en hiver.
Sa mère et sa tante gèrent un funérarium où il a, non sans mal, obtenu l'autorisation de les aider.
Il est fasciné par la mort, les cadavres, est notamment les serial killer, dont il a étudié le récit des méfaits.
Il rêve d'assister à ce moment unique où la vie cède la place à la mort.
Alors quand des cadavres déchiquetés commencent à se multiplier dans sa ville, il décide de partir à la chasse de celui dont il est au départ le seul à pressentir qu'il s'agit d'un meurtrier en série.
Alors que tous les adultes qui l'entourent s'inquiètent de sa fascination pour la mort, John se lancera dans la traque du serial killer ...
Un roman très 'cinématographique', où on compatit de la solitude de cet ado atypique, le métier familial le met forcément à l'écart tout comme son intérêt pour les tueurs, ado qui souffre en silence de l'absence et de la défaillance de son père ...
Un ton parfois humoristique, notamment pour la description des festivités de Halloween, des personnages attachants et bien campés et un serial killer très très inquiétant.
Un roman que j'ai lu d'une traite.
Un roman emprunté par hasard, au détour des étagères de ma médiathèque, une belle découverte et un premier roman réussi !
Je viens de découvrir qu'il s'agissait du premier opus d'une série qui en compte 7 ... je vais donc me mettre en chasse de la suite !
Ce que la mort nous laisse de Jordi Ledesma
Catalogne, années 90.
Dans cet été torride, la petite ville balnéaire est accablée par la chaleurs.
Les estivants étrangers, majoritairement suisses et allemands, passent du blanc au rouge et s'encanaillent la nuit. Ils habitent dans ces grands immeubles qui ont bétonné le front de mer à la sueur des maçons locaux et qui enrichissent des déjà riches des grandes villes ou de la mini bourgeoisie locale.
Les jeunes andalouses se laissent bercer par les paroles doucereuses et dangereuses des jeunes gens du cru qui trompent leur ennui dans les petits trafics.
La guardia civil laisse faire, prenant sa dîme au passage sur les revenus illicites. Son chef Le crocodile étale sa puissance, son conformisme renforcé par la multiplication des règles horaires et comportementales qui régissent ses vies professionnelle et privée
Dans le cœur du village, tout le monde s'épie, ragote, imagine des liaisons imaginaires ou bien réelles entre les trop jolies épouses et leurs si vieux ou si vilains maris.
En périphérie, les gros durs dealent, arnaquent et sèment sèment la terreur autour des discothèques, tandis que sur les parkings meurent les rêves et les fantasmes.
La chaleur exacerbe les tensions et les jalousies jusqu'au point de rupture.
Un village proche de la mer que seuls les pêcheurs fréquentent.
Un village dont il semble que nul ne pourra s'échapper ...
J'ai découvert ce roman par hasard et j'ai tout de suite été happée par la capacité de l'auteur à restituer la touffeur estivale, l'ennui suintant de ces bandes de jeunes du village, les manœuvres de séduction inter classes sociales, les déceptions.
Un roman de sueur, d'inquiétude, de goût amer de l'adolescence qui se traîne dans l'attente d'une vision claire de l'avenir.
Un auteur dont je vais essayer de trouver d'autres productions.
Pasakukoo de Roy Braverman
Quand j'ai lu en diagonale le résumé de ce roman proposé par NetGalley, j'ai retenu 'Rhode Island - l'été indien - 2 écrivains rivaux' ... et je me suis dit que j'allais aimer. L'auteur : Roy Braverman au nom bien de là-bas allait certainement m'aider à cocher une case supplémentaire du challenge 'USA - 50 états : un livre, un auteur'. J'ai sollicité ce roman et je l'ai reçu avec joie, m'y plongeant aussitôt de sa lecture qui comprenait effectivement les ingrédients annoncés.
Sauf que le style me rappelait terriblement celui de Joel Dicker, au point où je me demandais si ce n'était pas lui qui écrivait sous pseudonyme ! Raté ... mais c'était bien un pseudo, celui de Ian Manook qui m'avait régalée, avec sa trilogie mongole, il y a quelques années.
Bref, dès les premières pages, j'étais happée par ce récit mêlant joyeusement deux écrivains rivaux et amis depuis le début de leurs carrières, tueur à gages et sa Bonnie, flics honnêtes et sheriff ripou, milliardaires bien tordus, patronne de Diner au cœur tendre ...
Un roman qui coche toutes les cases des bons romans d'été : des personnages attachants et bien campés : un écrivain bourru et joli-cœur, un auteur de best-sellers qui organise des fêtes mémorables, un écrivain en herbe, des avocats féroces, deux maisons qui se font face séparées par un lac où se croisent (ou pas) pêcheurs à la ligne, nageuses émérites et skiffs volant sur l'onde ...
Je remercie chaudement NetGalley et les éditions Hugo Poche pour m'avoir fait parvenir cet ouvrage en amont de sa publication :)
#Pasakukoo #NetGalleyFrance
Une voisine encombrante de Shari Lapena
Aylesford, charmante ville typique des banlieues américaines, à 2 heures de train de New York a des quartiers résidentiels identique à celui de Wisteria Lane, où résidaient les Desperate housewives de la série télé !
On y retrouve les mêmes épouses au foyer, mères d'ados ou de jeunes adultes qui ont quitté le nid ; leurs maris sont absents a minima toute la journée, mais parfois toute la semaine.
Elle s'occupent entre papotages, courses, ménage et club de lecture prétexte au partage de repas et de verres d'alcool mais surtout, ces mères de famille doivent gérer, seules, leurs ados.
Mais ... tout n'y est pas si rose !
Pour se pimenter la vie, Rayleigh, un des ados a pris l'habitude de s'introduire dans les maisons voisines, non pour voler, mais pour explorer les ordinateurs des voisins et s'entraîner à son job de rêve : hacker !
Et une des voisines disparaît ! Son mari l'aurait-il trucidée ! Quels sont les secrets de ce couple un peu trop beau ?
En distillant peu à peu des informations anodines, captées par les policiers qui mènent l'enquête après que la découverte du corps d'Amanda.
Un suspense croissant, de nombreuses fausses pistes, des personnages globalement attachants et un dénouement que je n'ai pas vu venir !
Un roman que j'ai lu d'une traite !
Un auteur que je découvre et dont je vais rechercher les précédents opus dans les rayons de ma médiathèque !
Je remercie NetGalley et les Editions Presses de la Cité de m'avoir fait parvenir cet ouvrage
#Unevoisineencombrante #NetGalleyFrance
Marie-Claire de Marguerite Audoux
Il y a quelques semaines, j'ai écouté un podcast de l'excellente émission de France Culture, Entendez-vous l'éco, consacré à la Belle Epoque, et, en son deuxième volet, à la condition des femmes ouvrières, en s'appuyant sur l'œuvre de Marguerite Audoux.
Les extraits de ses romans illustrant l'émission m'avaient bien plu, j'ai cherché et rapidement trouvé une version électronique de ses œuvres complètes, et je me suis plongée aussitôt dans Marie-Claire, premier volet de son autobiographie romancée (peut-on parler d'autofiction pour un roman de 1910 ?).
A la mort de ses parents, Marie Claire est envoyée dans un orphelinat, seule sa sœur pouvant être recueillie par une cousine. Elle se lie d'amitié avec Sœur Marie-Aimée, qui a pour Marie-Claire des sentiments presque maternels.
Mais l'enfant doit quitter le couvent et est placée comme bergère dans une famille de fermiers de Sologne. Un quotidien rude, travailleur, où tous sont logés à la même enseigne.
Dans une langue simple, un style très clair et précis, Marguerite Audoux raconte en phrase simples le quotidien de la campagne où, en hiver, des loups viennent encore emporter des moutons ! Où les convenances doivent être respectées, et où il est hors de question d'imaginer des relations inter-classes sociales.
La fin du roman nous la voit embarquer dans un train pour Paris où elle deviendra ouvrière.
A suivre donc, très bientôt !
A noter que ce roman a été préfacé par Octave Mirbeau et a reçu le Prix Femina en 1910 !
Il a, par ailleurs, inspiré le titre du magazine éponyme.
Dernier tacle d'Emmanuel Petit
Un challenge de lecture qui comportait un item demandant un roman dans le milieu du sport m'a remis en mémoire ce livre, niché depuis fort longtemps dans l'une de mes liseuses.
Un roman qui m'a étonnamment surprise par son écriture vive, son style très rapide avec une alternance de ton et de vocabulaire selon les personnages.
Un roman choral donc, en trois voix éclairant peu à peu l'histoire des protagonistes.
Une femme flic, commissaire de police au 36 en charge d'un dossier épineux impliquant la FIFA, dépêchée en urgence à Marseille où L'entraîneur de l'OM vient d'être retrouvé mort, émasculé sur l'un des terrains d'entraînement d la Commanderie.
Jo, un jeune des quartiers, dont on suit l'évolution de son petit club jusqu'à l'élite.
L'ancien joueur, tombé dans l'alcool après un drame personnel ...
Malgré quelques scènes devinées d'avance, je me suis laissée emporter par l'histoire et j'ai bien apprécié ce roman qui dévoile certains dessous des grands clubs :)
Une gentille découverte !
Des gaffes et des dégâts - Gaston T6 - de Franquin
Où Gaston continue à semer la pagaïe dans les locaux de Spirou en exploitant sa boîte de 'Petit Chimiste', et fait s'endormir tout le personnel, crée des lotions corrosives alors que supposées adoucissantes ...
Où, lors d'une visite chez le médecin du travail qui cherche les causes de l'allergie virulente dont souffre Gaston, on découvre que la cause de cette allergie est le mot 'Effort' proféré par Fantasio puis le médecin !
Où Gaston emmenant Mademoiselle Jeanne dans sa belle auto, trouve dans un arbre le meilleur point de vue pour admirer le déroulement d'une course automobile, avant d'emprunter les rails du métro pour rentrer dans un brouillard épais.
Où les vibrations du gaffophone, cette harpe primitive, sèment la désolation où qu'il soit utilisé !
Bref, un nouvel album où Gaston déploie toute son énergie, sa créativité, sa poésie et sa rêverie !
Hilarant !
A suivre !