rentree litteraire
Célèbre de Maud Ventura
J'avais adoré 'Mon mari', le premier roman de Maud Ventura, j'attendais donc le second avec impatience.
Et qu'en dire ...
Je l'ai trouvé long par moments, très long dans la lente description de l'évolution des comportements de l'héroïne quand sa célébrité lui monte à la tête.
J'ai trouvé la fin abrupte ... mais pas autant que dans le roman précédent
Sinon ..
Depuis son plus jeune âge, Cléo, fille de parents universitaires, veut être célèbre. Elle ne rêve pas d'être célèbre : Elle VEUT l'être et mets donc tous les éléments de son côté pour le devenir
Des études de musique _ elle a une belle voix - Sciences Po, elle a des facilités d'apprentissage puis le départ à New York (son père est américain, sa mère française) où l'aura de la parisienne l'aidera à faire son trou dans une colocation atypique avec une ultra riche et une actrice en devenir !
Cléo se punit, dès qu'elle fait une erreur; ses cuisses, son ventre et ses plantes de pied en portent les stigmates.
Cléo ne supporte pas la médiocrité, ceux qui ne font pas d'effort, n'essaient pas de s'améliore.
Cléo gagne beaucoup d'argent ; Cléo n'aime pas assumer seule les dépenses qui devraient être partagées.
Cléo est une peste ? Cléo en fait-elle trop ?
Bref, difficile d'avoir de l'empathie pour cette femme robot à l'ambition démesurée qui veut toujours plus, mieux, ... jusqu'où ?
J'attendais davantage de l'auteur après son premier roman, je reste un peu sur ma faim ... mais j'attends son prochain roman :)
A l’ombre de Winnicott de Ludovic MANCHETTE & Christian NIEMEC
1934 : Archibald et Lucille Montgomery viennent d'emménager dans le Sussex, dans un immense manoir.
Archie est archéologue et part souvent en mission en Irak.
Lucille reste seule avec les domestiques et , son fils aveugle.
Après une nouvelle défection d'une préceptrice, elle recrute une française, Viviane Lombard.
Viviane n'a pas sa langue dans sa poche et va adopter avec George une attitude très franche et va surtout le considérer comme un enfant 'normal', lui parler comme à un adulte et va l'ouvrir au monde.
Après avoir passé des années confiné par sa trop protectrice mère, l'enfant est ravi.
Mais ce que personne n'ose avouer c'est que le manoir est hanté, les cadres des ancêtres se balancent sur les murs, des meubles se déplacent, des bouffées d'air froid, des traces sur les fauteuils, les lits se dessinent mais surtout, Tobias, l'ami imaginaire de George, semble le pousser à des actions dangereuses.
Il faudra attendre la presque fin de ce roman pour qu'une spirite vienne enfin apporter la résolution de tous ces mystères ...
Un roman très bien mené, aux personnages très attachants, à l'ambiance gothique, qui fait juste un peu peur,
Un roman dont j'ai apprécié que le dernier chapitre nous donne des nouvelles du reste de la vie de ses protagonistes.
Deux auteurs qui montrent ici une autre facette de leur talent que celle déjà déployée dans Alabama 1963.
Je remercie NetGalley et les Editions Cherche Midi qui m'ont envoyé cet ouvrage suite à ma sollicitation.
#AlombredeWinnicottrentréelittéraire2024 #NetGalleyFrance
La petite bonne de Bérénice PICHAT
La petite bonne court de maison bourgeoise en maison bourgeoise, lestée de son panier contenant les produits ménagers qu'elle utilise pour rendre leurs maisons brillantes de propreté après s'être levée à l'aube pour récurer leurs sols crottés par les souliers des invités de la veille, rallumer les feux, préparer leurs petits déjeuner ... puis elle court à la maison suivante et son ouvrage se répète.
Et puis elle sert dans cette maison étrange où Madame se dévoue auprès de son mari, gueule cassée de la guerre. Monsieur qui se terre dans le salon aux rideaux tirés.
Lorsque Madame accepte de partir un weekend à la campagne, chez une amie d'enfance, la bonne doit rester auprès du mari.
Dans ce huis clos, chacun d'eux va se révéler à l'autre.
Un style original où vers et prose se succèdent pour donner voix aux différents personnages, une présentation qui permet de savoir instantanément qui s'exprime.
Un roman qui nous narre le récit de trois vies gâchées : la pauvreté des origines de l'une et les maux qui l'accompagnent, la carrière brisée d'un pianiste dans les horreurs des tranchées, et la jeune femme qui n'a pas voulu renoncer à son conjoint.
Les horreurs de la guerre et de ses conséquences .
Un roman touchant.
Je remercie NetGalley et les Editions Les Avrils qui m'ont transmis cet ouvrage suite à ma sollicitation
#LaPetiteBonne #NetGalleyFrance
Rose-nuit d'OScar Coop-Phane
Nana vit en Ethiopie ; elle a fait des études supérieures, mais trop timide, pas assez ambitieuse, elle a choisi de revenir au village natal sans toutefois souhaiter reprendre le bar de sa mère.
Jan vit à Amsterdam. Il a fait de bonnes études, s'est déluré en Erasmus puis en Australie ; pétri d'habitudes, il achète les mêmes produits chaque semaine, descend ses trois bières chaque soir, et regarde la vie de ses anciens condisciples et de son ex-copine sur les réseaux sociaux, depuis sa très profonde solitude.
Ali est à Paris, ; il a quitté le Bengladesh pour gagner de quoi faire vivre sa famille à qui iil envoie des mandats dès qu'il peut. Mais est-ce une vie que de vivre loin d'eux ? Meur souvenir ne s'efface-t-il pas peu à peu ?
Le lien entre eux : les roses.
Celles qui poussent dans le champ où Nana se fait détruire la santé par les insecticides et les engrais qui ont détruit les anciens champs nourriciers.
Celles que Jan achète en gros et dispatche à travers l'Europe.
Celles qu'Ali tente de vendre aux terrasses des cafés
Trois solitudes.
Trois vies brisées.
La mondialisation inutile à l'œuvre !
Une écriture sèche, qui s'attache au réel, aux faits pour un texte quasi documentaire qui donne à voir les chemins de ces fleurs qui n'en ont que le nom et l'apect, sans odeur, au bilan carbone si négatif qui inondent les supermarchés pour les plus belles d'entre elles et qui font vivre - à peine- les émigrés qui les vendent ...
Un auteur que je découvre et qui m'a donné envie de découvrir d'autres aspects de son œuvre.
A suivre, donc !
L'épaisseur d'un cheveu de Claire Berest
"Quand Etienne Lechevallier s'indigna à part lui que le serveur du Petit Brazil le reluquât encore une fois d'un drôle d'air, nous étions lundi dernier aux alentours de dix-sept heures trente ; Etienne avait comblé sa matinée de corrections sur le manuscrit d'un auteur dont il poussait au paroxysme la joie mauvaise de détester le travail, il avait avalé vers treize heures une omelette, debout dans sa cuisine, accompagnée d'un morceau de roquefort, et à l'heure du café il était parti pédalant en direction du Petit Brazil l'humeur joviale, car une seconde journée débutait pour lui, dévolue à son projet personnel qu'il jouissait encore de tenir en toute clandestinité, habillant l'escapade d'un charme secret.
Il était alors impossible d'imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Etienne tuerait sa femme."
En deux phrases, les deux premières phrases de ce roman, tout est dit.
Une longue phrase, à la syntaxe et à la ponctuation ciselée, respectant les règles grammaticales de concordance des temps, offrant la délicatesse d'un subjonctif, d'heures en lettres, de traits d'union joliment déposés, virevoltant au gré des activités d'Etienne, à la journée bien découpée entre pensum et projet secret..
Une deuxième phrase, courte, factuelle, brutale.
Le première page de ce roman, avec ces deux phrases porte en elle toute l'incompréhension qu'a Etienne du monde qui l'entoure, tellement qu'il est bardé de certitudes, de règles, tant dans sa vie professionnelle (il corrige des manuscrits, mais ne peut s'empêcher de les réécrire s'il les trouve trop mauvais) que personnelle (il vit dans l'appartement où il a grandi et toujours vécu, et dont il a hérité au décès de sa mère ; il prend ses vacances toujours au même endroit.
Et forcément il est invivable ....
Et quand sa femme ne voudra plus suivre ses règles, voire le quitter, il explosera ...
Un roman dur, où la rigidité de cet homme empire de chapitre en chapitre, sans qu'il ait la moindre conscience de son état et donc ne puisse y remédier.
Il a raison, les autres ont tort.
Il n'entend ni n'écoute personne. Tous s'éloignent de lui pour se protéger et le laissent seul dans ses délires.
Et l'irréparable arrive.
Ce roman m'a secouée. Remuée. Perturbée.
Mais je suis contente de l'avoir lu, car d'un thème (un peu trop) rabattu ces temps ci, Claire Berest produit une pièce unique.
En garde d'Amélie Cordonnier
Trois ans après les faits, et comme elle l'avait promis à son matri Alexandre et à ses enfants, Amélie Cordonnier a converti en roman l'atroce semestre qu'ils ont vécu.
Ils vivaient tranquillement dans le quinzième arrondissement parisien, où ils avaient acheté un chouette appartement dans un immeuble qui avait pour seuls défauts un manque d'insonorisation et des voisins allergiques au bruit.
Sans doute à la suite de l'achat malheureux d'un punching-ball sur lequel les deux enfants s'étaient bien défoulés, des voisins bien (?) intentionnés ont écrit à la protection de l'enfance dénonçant une suspicion de maltraitance ....
La machine administrative fut rapidement en branle : entretien de la famille, tous ensemble, puis les enfants seuls ...
Et quelques semaines plus tard, un assistant social s'invitait chez eux à toute heure, aidait le fils à faire ses devoirs de maths, jouait avec la petite, renvoyait la baby-sitter puisqu'il était là pour les surveiller, vidait leurs placards de tous les produits trop gras, trop sucrés ou au nutriscore trop mauvais ... et une fois obtenue leur clé, venait même ses contrôles en l'absence de tous ...
Jusqu'au jour où il s'est installé, un matelas gonflable et son gonfleur à la main , sa brosse à dents au milieu des leurs, pour une durée indéterminée ...
l'histoire se finit bien, il est parti, la plainte a été classé, mais à la moindre incartade, les enfants pourraient être placés ...
Un roman qui fait froid dans le dos ...
Qui n'a jamais crié sur un enfant ? menacé de priver de sport ou de cours de musique si les devoirs n'étaient pas terminé ? Qui a du Nu*ella dans ses placards, des glaces dans le congélateur et des sodas au frigo ? Apparemment ces actions sont répréhensibles !
L'histoire se termine bien mais ce roman est digne d'un thriller.
Je ne connaissais pas l'auteur, mais je vais m'empresser de découvrir ses autres opus !
Un simple dîner de Cécile Tlili
Fin août à Paris, un soir de canicule, Etienne a invité à dîner un couple d'amis, Johar et Rémi.
Diane sa compagne a passé la journée à tout préparer, dans une appréhension grandissante. Elle n'est que kinésithérapeute, Etienne est avocat, Johar, cadre supérieur et Rémi professeur de lycée. Diane, d'une timidité maladive, excelle dans sa profession, mais se sent totalement inadaptée au près d'Etienne et de ses amis.
Johar vient de se voir proposer un poste de Direction Générale et réfléchit encore. Arrivée très haut - discrimination positive oblige - elle doute des ressorts cachés de son PDG ...
Etienne doit remporter un nouveau contrat pour maintenir son poste dans son cabinet d'avocats, d'où ce dîner pour inciter Johar à les choisir
Rémi vient de craquer pour une jeune collègue dont il est tombé fou amoureux. Choisira-t-il l'amour ou la sécurité ?
Un simple dîner, une simple soirée, où les masques vont peu à peu se déliter ...
Un roman, un huis clos, respectant les règles de la tragédie classique, une tension grandissante, un premier roman qui, j'espère, sera suivi de nombreux autres !
Bref, j'ai beaucoup apprécié ce roman ... lu, à Paris, un soir de canicule de septembre !
Je remercie vivement NetGalley et les Editions Calmann-Lévy qui m'ont fait parvenir cet ouvrage.
#Unsimpledîner #NetGalleyFrance
Western de Maria Pourchet
J'avais bien apprécié l'année dernière 'Feu' de Maria Pourchet.
Je me suis donc précipitée sur 'Western', son nouvel opus, qui m'a moins enchantée.
Aurore vit à Paris. Mère d'un petit garçon dont elle a divorcé du père, elle court de réunions professionnelles en convocations par la Directrice de l'école, en rendez-vous décevants avec son collègue et amant. Au décès de sa mère, elle part s'installer dans sa maison, au fin fond du Lot, d'où elle peut exercer sa nouvelle fonction de coordinatrice de salariés en télétravail. Son fils se réjouit de ce changement de vie ...
Alexis Zaigner est un acteur de théâtre reconnu, par ses pairs et du public. On l'attend pour une répétition d ans une nouvelle version - décalée ou déconstruite, au choix - de Dom Juan de Molière ....
Chloé vient de rater pour la seconde fois son entrée au Conservatoire et vit une passion destructrice avec Alexis.
Et voilà comment on se retrouve avec un roman bien dans l'air du temps avec un "me-too" théâtreux et parisien, un retour à la campagne post-covid, des retrouvailles entre esseulés.
Je n'en dirait pas davantage sur les ressorts du récit, les rebondissements et autres réflexions, pour n'en rien dévoiler ...
Un roman qui se lit vite et qui ne me laissera pas un souvenir aussi puissant que Feu !
Dommage !
Je remercie NetGalley et les Editions Stock qui m'ont fait parvenir cet ouvrage
#Western #NetGalleyFrance
La révolte des filles perdues de Dorothée Janin
Après la maison de correction pour garçon évoquée dans 'L'enragé' de Sorj Chalandon, je me suis plongée dans 'La révolte des filles perdues'
Mais autant le premier m'a plu autant j'ai trouvé celui-ci déroutant.
Alors que le roman / documentaire commence par la narration de cette révolte des filles de Fresnes de mai 1947, l'auteur s'empêtre ensuite à y intégrer la recherche de ses origines par le fils d'un grand avocat.
Cet élément de fiction ne fait qu'embrouiller l'histoire tout comme les atermoiements de la narratrice sur ses origines, l'absence des pères, décédés avant la naissance de leurs enfants, perpétuée au fil de sa généalogie, ou les réflexions sur sa judéité.
Sont passionnants et instructifs les chapitres évoquant la recension de la révolte des filles de Fresnes par les journaux de l'époque, ainsi que ceux reprenant des extraits de lettres et journaux intimes des détenues conservés dans les archives pénitentiaires.
Mais je me suis ennuyée, voire endormie sur les chapitres fictionnels qui deviennent de plus en plus prégnants au fur et à mesure de l'avancée de l'ouvrage.
Quel dommage !
Je remercie cependant NetGalley et les Editions Stock qui m'ont fait parvenir cet ouvrage
#Larévoltedesfillesperdues #NetGalleyFrance
L'enragé de Sorj Chalandon
Au grand désespoir de ma fille qui est une grande amatrice de cet auteur, je n'avais pas encore lu de roman de Sorj Chalandon.
Quand NetGalley et Gallimard ont proposé son dernier opus le mois dernier, je l'ai sollicité.
Et je me suis laissée rapidement emporter par son écriture fluide qui raconte dans une première partie la vie dans cette maison de correction / redressement de Belle-Ile où, furent enfermés des garçons coupables de menus larcins, de vagabondage et autres délits mineurs, qui, s'ils avaient été majeurs, les auraient peut-être envoyés au bagne.
Main d'œuvre gratuite pour les agriculteurs de l'île, corvéables à merci, mal nourris, enfermés au moindre regard ou mot de travers, soumis au bon vouloir des matons, pour la plupart ex-soldats de la Grande Guerre, rien n'était vraiment fait pour leur donner un vrai métier et permettre leur réinsertion.
Un soir de 1934, une révolte y éclata. 56 gamins s'échappèrent dont 55 furent rapidement rattrapés, une prime de 20 francs par évadé étant promise, les habitants de l'île et les estivants partirent tous en chasse ...
Mais Jules Bonneau, dit La Teigne, resta introuvable ! Emprisonné pour avoir volé trois œufs, il s'était fait une place à la corderie et, cette nuit-là, il rêva de s'échapper en bateau. Ne leur avait on pas appris à naviguer sur un bateau posé dans la cour de leur prison !
Recueilli par le marin pêcheur dont il voulait prendre la barque, Jules deviendra pêcheur, grandira caché à la vue de tous.
Son histoire est passionnante.
Je me suis régalée à la lecture de ce récit qui emporte grâce à la vivacité de l'écriture au sens du rythme de l'auteur qui outre les aventures de Jules nous livre une plongée dans les remous politiques des années 30 françaises.
Bref, je me suis régalée et je vais m'empresser de lire d'autres ouvrages de cet auteur !
Je remercie vivement NetGalley et les Editions Gallimard qui m'ont offert cet ouvrage.
#LEnragé #NetGalleyFrance