essais
Eloge du magasin contre l’amazonisation de Vincent CHABAULT
Reçu lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio, cet essai - contrairement à son titre - n'est pas une diatribe anti Amazon, mais une réflexion sur les magasins, leur objet, leur utilité.
Ils ne sont pas que lieux d'achat - ce pour quoi les commerces en ligne leur suppléent facilement - ce sont des lieux de rencontre, d'échange, de papotages. Ils maintiennent vivants des cœurs de ville - mais pas que - les centres commerciaux, paradis du shopping ont eux aussi su créer du lien !
L'auteur évoque ainsi des centres commerciaux, fréquentés par des retraités qui s'y retrouvent, à jour fixe pour papoter, discuter, cancaner ...
Un magasin c'est un lieu où on peut trouver de l'information sur le produit que l'on cherche, où on peut être conseillé, où on peut traîner son ennui, croiser des gens, ...
L'auteur évoque les marchés, lieux de brassages et de rencontres en tous genres.
Il montre que l'acte d'achat peut revêtir de multiples aspects : achat simple en ligne par celui qui sait ce qu'il veut et où l'obtenir au meilleur prix /délai, celui qui met en relation un vendeur et un acheteur physique - en direct ou via des vide-greniers ou ce lieu d'échange incontournable qu'est Le bon coin.
Mais pou relier tous ceux-là, il est de nouveaux lieux inédit dans la chaine de la consommation : les points relais où vont se récupérer les colis. Lieux fréquentés ainsi par des gens qui ne seraient jamais entrés dans le bureau de tabac / marchand de presse/ pressing de village.
Un beau panorama des échanges actuels ...
Notre-Dame de Ken Follett
Très ému par l'incendie de Notre-Dame, Ken Follett a accepté aussitôt d'écrire un hommage à cette cathédrale, dont les bénéfices iraient au fonds de sa reconstruction.
Il y évoque comment Notre Dame l'a influencé lors de ses recherches pour Les piliers de la Terre, la place que cette cathédrale occupe dans l'imaginaire aujourd'hui, et coment on en est arrivé là.
Des bâtisseurs du Moyen Age à Victor Hugo puis à Viollet le Duc, il mentionne tous ceux qui se sont battus pour qu'elle existe, qu'elle soit rénovée, et, via le cinéma hollywoodien et Disney, comment elle est devenue un symbole international.
Vite écrit mais empli d'émotion, ce court essai rend un hommage vibrant à tous ceux qui ont construit l'image qu'elle a aujourd'hui, et pourquoi il faut qu'elle renaisse de ses cendres.
Histoire d'un ogre d'Erik Orsenna
Sitôt lue la quatrième de couverture de ce nouvel opus d'Erik Orsenna, sitôt glissé dans ma liseuse. J'avais apprécié sa bio de Pasteur, et je me régalais d'avance à la lecture de celle de Vincent Bolloré !
Mais si la première partie fut conforme à les attentes, avec en prime des détails croustillants - les confidences d'une vieille dame - auxquels je ne m'attendait pas _ la suite fut pour le moins soporifique et éloignée du sujet !
On comprend que l'auteur n'aime pas l'ogre, ni sa voracité ni son appétit insatiable pour ce qu'il ne possède pas, mais surtout il ne supporte pas que cet ogre après l'audiovisuel s'en prenne à l'édition.
Pour montrer toute la vilenie du personnage, l'auteur devient voyeur !
Et là ... je n'ai pas compris l'usage de cet artifice alors que l'essai était bien engagé !
Trop de rancœur tue le propos
Ce fut le cas ici et bien dommage ...
Le talent est une fiction de Samah KARAKI
Est ce que le talent est inné ? acquis ? le résultat d'un ensemble d'éléments favorables ?
Telles sont les questions induites par le titre de cet essai qui m'avait fortement tenté quand je l'ai vu en Une des suggestions de NetGalley au mois de décembre.
Je m'y suis plongée aussitôt reçu.
Pour le lacher dès les premières pages ...
Car l'auteur s'étale, délaie, pour démontrer qu'il n'y a pas d'origine génétique du talent (on n'avait pas besoin d'elle pour le savoir), mais que quand même, peut être on peut s'interroger à ce sujet quand on voit qu'il y a des familles talentueuses : les Mozart, les Huxley, les coureurs kenyans ...
Bref, en deux mots le talent c'est outre un environnement favorable (une famille musicienne, des bibliothèques familiales bien garnies, l'accès sans réserves à la connaissance, un environnement pauvre en oxygène) couplé à de la volonté, de l'obstination, de la concentration, des encouragements, de la curiosité, de la réussite ...
Bref, celui qui veut ne peut pas forcément (bien que celui qui ne veut pas ne peut pas !) mais avec un coup de pouce il pourra !
Un essai ennuyeux au possible - heureusement composé à 25 % de notes et de référence - ce qui fait que je l'ai terminé au moment où j'étais prête à laisser tomber sa lecture !
Dommage, le sujet m'avait attirée !
Je remercie cependant NetGalley et les Editions Jean Claude LAttès qui m'ont fait parvenir cet ouvrage
#Letalentestunefiction #NetGalleyFrance
Le temps des féminismes de Michèle Perrot
Dans cet ouvrage, Michèle PErrot, ptionnière française des études historiques sur les femmes et actrice des luttes féminismes des années 70, raconte, et se raconte.
Historienne de formation, fille d'un homme éclairé qui lui a permis de grandir sans entrave, d'étudier comme un garçon, elle évoque dans ce livre toutes les ramifications et l'histoire du monde au féminin : des premières luttes - ou revendications - pour l'égalité du XVIIIème siècle occidental, à l'accession (ok toujours partielle) après plusieurs siècles, de l'histoire du patriarcat et des mouvements féministes.
Elle montre comment les cause actuelles (#metoo entre autres) n'auraient pas pu voir le jour sans les combats et les avancées des années 70 sur la "libération" ou plutôt la recherche de l'égalité.
Elle met également en lumière l'importance de la prise en compte des différences culturelles pour éviter de traiter de façon indifférenciée, sur tous les continents, certains signes (voile, burqa).
Un ouvrage qui se lit d'une traite et qui éclaire tant le chemin parcouru que celui qui reste encore à parcourir.
Un must !
Je remercie vivement NetGalley et les Editions Grasset qui m'ont transmis cet ouvrage
#Letempsdesféminismes #NetGalleyFrance
Ethnomythologiques : Petits objets du quotidien de Tobie Nathan
Dans ses chroniques mensuelles de Philosophie Magazaine, Tobie Nathan décortique nos manies, nos tendances et les objets doudous qui nous accompagnent.
Elles ont été regroupées dans cet ouvrage où on découvre les origines mythologiques, les appréciations antiques de certaines de nos habitudes
Comme le kebab, qui lui évoque ces remarques d'Hérodote, en voyage en Egypte, qui ne comprenait absolument pas cette habitude des autochtones à manger dehors, alors que pour les Grecs, cela relevait de l'intime et du dedans des habitations !
Ou les sandales d'été : guéguerre entre tongs et Birkenstock ! Les premières apparaissant déjà sur des bas-reliefs égyptiens ou épousant le pied des statues des déesses grecques ...
Bref, un petit livre érudit qui remet en mémoire mythes anciens et trouvailles contemporaines.
Passionnant !
Je remercie NetGalley et les Editions stock qui m'ont fait parvenir cet ouvrage
#Ethnomythologiques #NetGalleyFrance
Choisissez tout de Nathalie Loiseau
En s'appuyant sur son parcours personnel, Nathalie Loiseau veut démontrer que rien n'est impossible aux filles à condition d'oser ...
Mais aussi d'avoir les bons conseils au bon moment, d'être une bonne élève, d'avoir du culot, et un bon entourage : à savoir des parents qui n'interdisent rien et un grand frère qui donne l'exemple et l'entraîne dans sa bande de copains !
Même si son cas est atypique : très bonne élève, assez pénible pour qu'on accepte qu'elle saute des classes, insolente mais trop bonne élève pour être virée des collège et lycée, parisienne et donc ayant accès à 'tout' ...
Entrée sur concours au Quai d'Orsay, elle y affrontera la misogynie ambiante, poussée par des mentors hors normes, elle n'attendra pas que son travail soit reconnu pour postuler - comme les hommes- là où elle a la compétence de faire mais pas la maîtrise des activités ...
Bref, quand elle était petite, elle voulait tout ... et elle a réussi combinant sa carrière et ses quatre enfants, une vie à l'étranger qui lui a permis de comparer les modes de vie africains, états-uniens et européens et de pouvoir dire que la vie des femmes n'est nulle part un long fleuve tranquille.
Loin de s'en contenter, il faut oser, aller de l'avant, réfléchir après et faire de son mieux, ... au pire... on recommence plus tard !
Et j'allais oublier (mais, ça c'est de moi ; chouiner ne sert à rien !)
Successions : L'argent, le sang et les larmes de Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider
Les successions : Balzac en a fait la matière de son œuvre !
Comment les pères (ou les mères bien que plus rarement) composent ils avec leurs enfants lorsqu'il s'agit de transmettre leur entreprise, juste créée ou héritée ?
Tel est le sujet de ce passionnant document, fruit d'une enquête de deux journalistes qui ont interviewé de grands patrons, leurs enfants à la tête de filiales ou de l'entreprise dans sa totalité.
Elles évoquent les nombreuses variantes : choix d'un seul héritier parmi la progéniture (au diable les tensions ; et toujours des mâles), formation au long cours (Decaux), entreprise familiale unie depuis des décennie (les Mulliez vs les Peugeot) ...
Elle montre comment les ressentiments familiaux impactent la gestion de l'héritage (Lagardère, Bettancourt)
Bref un concentré d'histoire et d'économie en un recueil qui se lit comme un roman !
Je l'ai lu d'une traite, sans m'ennuyer une seconde !
Une belle prouesse !
Les napolitains de Marcelle Padovani
Pour écrire cet essai sur les habitants de Naples, Marcelle Padovani s'est installée dans un appartement en plein cœur de la ville et a rencontré ceux qi font la ville, qui la font évoluer de l'intérieur par des projets culturels qui accompagnent les jeunes, les émigrés, les vrais locaux à se réapproprier la ville.
Elle nous montre comment la Camorra a comblé les manques d'un état central défaillant (et comment l'Unité Italienne a abandonné bien plus prospère que le nord à la fin du XIXème siècle)
Elle a côtoyé les acteurs sociaux qui font tout leur possible pour faire renaître des quartiers mettant l'accent sur des projets culturels ...
Elle a rencontré des politiques, des artisans, le roi des pizzaiolos (qui propose des Margherita à 4 € !!) , tous amoureux de cette ville qu'elle défend et promeut
Un récit bien trop court qui aurait pu être accompagné d'idées de balades hors des snetiers battus ...
Un ouvrage qui donne envie d'y retourner pour déguster pizze et sfoglatelle ...
Rater est un art de Guillaume Erner
Je connaissais Guillaume Erner comme journaliste sur France Culture alors, quand j'ai vu que NetGalley proposait cet essai, je l'ai sollicité aussitôt.
Je m'y suis plongée dès sa réception et je me suis régalée à la lecture de cet essai qui pointe du doigt tant de ratages, d'entreprises qui ne pouvaient que rater, et les plantages de ceux qui se croyaient intouchables !
On y retrouve pêle-mêle les catastrophes majeures :
- De l'incendie de notre Dame qui cumule croyances erronées (le chêne ne brûle pas), installation électrique hasardeuse (l'automatisation de la sonnerie des cloches) et du personnel inexpérimenté à la surveillance des écrans de sécurité, non user-friendly ...
- De la dégringolade de Kodak, de Nokia, ces entreprises leader qui n'ont pas vu le vent tourner à l'instar des loueurs de DVD qui n'avaient pas imaginé que le petit loueur Netflix les écraserait tous !
- Des aéroports qui mettent tant de temps à sortir de terre qu'ils en sont obsolètes à la mise en service (où sont les prises pour appareils électroniques dans le nouvel aéroport berlinois)
Bref, Guillaume Erner dresse la liste de ces instants où la réunion des plus grandes intelligences peut générer les plus grandes bêtises, erreurs parfois majeures et dangereuses, et surtout où il ne faut jamais oublier que le mieux est systématiquement l'ennemi du bien.
#Raterestunart #NetGalleyFrance
